Lillian Faderman, Woman. The American History of an Idea, Yale University Press

«  Que signifie être une « femme » en Amérique ? Lillian Faderman retrace l’évolution de cette signification, depuis les idées puritaines jusqu’à la révolution sexuelle des années 1960 et ses revirements, en passant par l’impact d’événements récents tels que #metoo, la nomination d’Amy Coney Barrett à la Cour suprême, l’élection de Kamala Harris à la vice-présidence et le mouvement transgenre.

Cette vaste histoire sur quatre siècles retrace les conflits, les reculs, les défaites et les victoires durement gagnées dans les secteurs privé et public et met en lumière les batailles souvent négligées des femmes asservies et des femmes amérindiennes. Notant que toute tentative de cimenter une définition particulière de la « femme » s’est heurtée à une résistance, Lillian Faderman montre que les contestations réussies du statu quo sont souvent de courte durée. Comme elle le souligne, l’idée de la féminité en Amérique continue d’être contestée.  »

Parution le 15 mars

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Georges Didi-Huberman, Le témoin jusqu’au bout. Une lecture de Victor Klemperer, Minuit

«  Être témoin  : être sensible. En quel sens faut-il l’entendre  ? Dans un procès, on ne demande au témoin que d’être précis, puisque ce sont des faits qu’il s’agit de rendre compte. Mais celui qui décide de témoigner contre vents et marées, sans que personne ne lui ait rien demandé, se tient dans une position différente  : il porte aussi en lui l’exigence d’un partage de la sensibilité. Il considère implicitement que ses émotions constituent en elles-mêmes des faits d’histoire, voire des gestes politiques.


C’est ce que montre une lecture du Journal de Victor Klemperer tenu clandestinement entre 1933 et 1945 depuis la ville de Dresde où il aura subi, comme Juif, tout l’enchaînement de l’oppression nazie. Témoignage extraordinaire par sa précision, en particulier dans l’analyse qu’y mena Klemperer — qui était philologue — du fonctionnement totalitaire de la langue. Mais aussi par sa sensibilité. Par son ouverture littéraire à la complexité des affects, avec la position éthique — celle du partage — que cette sensibilité supposait.


Entre la langue totalitaire, qui ne se prive jamais d’en appeler aux émotions sans partage, et l’écriture de ce Journal, ce sont donc deux positions que l’on voit ici s’affronter autour des faits d’affects. Combat politique lisible dans chaque repli, dans chaque inflexion de ce chef-d’œuvre d’écriture et de témoignage.  »

Parution le 3 mars.

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Stéphanie Roza, Lumières de la gauche, Éditions de la Sorbonne

«  Le récent divorce d’une partie de la gauche avec le legs rationaliste, universaliste et progressiste des Lumières peut donner le sentiment que l’émancipation au sens moderne n’a qu’un lointain rapport avec ce qu’elle signifiait au XVIIIe siècle, voire qu’elle lui est franchement opposée. Le présent ouvrage entend revenir sur un lien historique parfois remis en question de nos jours  : les cas de Babeuf, de Mary Wollstonecraft et de Toussaint Louverture rappellent que les principes fondateurs de toute perspective de transformation sociale trouvent leur source dans la Révolution française. Les grands débats de la gauche des XIXe et XXe siècles, de la Révolution russe aux luttes d’indépendance des peuples colonisés, de Marx à Sartre et de Kropotkine à C. L. R. James, confirment le lien identitaire des plus grandes figures de la gauche avec le message libérateur du siècle des Lumières.  »

Parution le 24 mars.

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Carola Dietze et Claudia Verhoeven (dir.), The Oxford Handbook of the History of Terrorism, Oxford University Press

«  Les essais rassemblés dans cet ouvrage constituent la première analyse systématique de la relation entre le terrorisme et la modernité à l’échelle mondiale, de la Révolution française à nos jours. Les historiens et les théoriciens politiques affirment depuis longtemps l’existence d’un tel lien, mais ce lien de causalité a rarement fait l’objet d’une enquête rigoureuse, et l’absence d’examen d’un aspect aussi crucial du terrorisme a contribué à la diffusion d’affirmations infondées sur sa nature et ses origines. Le terrorisme est souvent présenté comme une barbarie éternelle se cachant en dehors de la civilisation, alors qu’il s’agit en fait d’une forme historiquement spécifique de violence politique générée par la culture occidentale moderne, qui a ensuite été transportée dans le monde entier, où elle a été transformée en fonction des conditions locales.

Ce manuel offre des études de cas documentées qui soutiennent une lecture du terrorisme comme un phénomène explicitement moderne. Il fournit également des analyses soutenues des défis liés à l’application des théories et des pratiques de la modernité et du terrorisme aux régions non occidentales du monde.  »

Parution le 23 mars.

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Amit Prakash, Empire on the Seine. The Policing of North Africans in Paris, 1925-1975, Oxford University Press

«  Pourquoi les relations entre les minorités et la police sont-elles si tendues en France ? Détruisant le mythe selon lequel cette tension est une perturbation soudaine et récente de sa tradition républicaine universaliste provoquée par la présence d’immigrants nord-africains, Amit Prakash situe les origines des conflits contemporains de race et d’empire dans l’histoire de la France. Dans Empire on the Seine, il soutient que la métropole et la colonie ont co-développé de manière dynamique un régime policier au cours des XIXe et XXe siècles pour gérer la différence coloniale et raciale. Avec l’émergence d’une communauté nord-africaine importante et durablement installée à Paris après la Première Guerre mondiale, ce maintien de l’ordre est devenu une pratique étatique clé pour imaginer et administrer la population immigrée. Prakash montre que, malgré la réticence actuelle de l’État français à utiliser la race comme une catégorie officielle, la pensée raciale et les cibles raciales ont animé les services de police, les services sociaux et les plans d’urbanisme des années 1920 aux années 1970.  »

Parution le 15 mars.

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Ophélie Rillon, Le genre de la lutte. Une autre histoire du Mali contemporain (1956-1991), ENS Éditions

«  De la décolonisation en 1960 à la révolution de mars 1991, quatre décennies de luttes sociales et politiques ont façonné l’histoire non consensuelle du Mali. Ce livre raconte une histoire mixte, celle des combats multiples menés par les femmes et les hommes de ce pays qui, en dépit de la répression, se sont révoltés, insurgés et mobilisés contre l’ordre établi. Le récit proposé ici se situe aux antipodes des représentations jusqu’ici véhiculées sur ce pays africain confronté à une crise profonde depuis 2012. Situé à la croisée de l’histoire du genre et de la sociologie des mouvements sociaux, cet ouvrage propose une analyse inédite des dynamiques sexuées qui imprègnent les formes de l’action collective et de la manière dont l’engagement contribue à modifier les rapports de genre dans le Mali contemporain. Il intéressera à la fois les lecteurs et lectrices de l’histoire de l’Afrique, des contestations et du genre des luttes.  »

Parution le 3 mars

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Michael Borgolte, Die Welten des Mittelalters. Globalgeschichte eines Jahrtausends, C.H. Beck

«  Le monde globalisé d’aujourd’hui, avec ses crises, exige une redéfinition du Moyen Âge au-delà des cadres eurocentriques étrois. Michael Borgolte montre que l’Europe a certes toujours fait partie du plus grand « monde » de trois continents – l’Europe, l’Asie et l’Afrique – mais qu’elle n’a pu se libérer de sa position marginale et devenir une puissance créatrice autonome qu’au terme d’un processus historique de longue durée. Contrairement au notre, le monde médiéval n’était pas encore interconnecté. Il était marqué par de nombreux univers répartis sur le globe à la manière d’îles, de l’Amérique à la Chine, en mer du Nord et dans le Pacifique, avec des densités différentes en Europe et en Afrique. Mais ces îles n’étaient pas toutes isolées. De nombreux liens économiques, culturels et religieux d’une intensité et d’une ampleur encore inconnues dans l’Antiquité se sont créés. Michael Borgolte déploie dans son livre un panorama de ces mondes du Moyen-Âge et les relie entre eux pour en faire une histoire globale.  »

Parution le 17 mars

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Giuseppe Barone, Città in guerra. Sicilia 1820-1821, Laterza

«  Il y a deux cents ans, à l’apogée de la Restauration, l’Europe et l’Amérique latine ont été simultanément secouées par une série d’événements révolutionnaires. Les expériences libérales et constitutionnelles ont traversé les « midis de l’Europe », de Cadix à Lisbonne, de Naples et Turin à la Grèce, suivant un cheminement d’hommes et d’idées longeant de la Méditerranée. En Italie, c’est en Sicile que l’impact a été le plus fort. Ici, les révoltes qui ont éclaté comme une traînée de poudre ont pris les caractéristiques d’une véritable « guerre civile ». Les bourgeois des villes, les notables des campagnes et le « peuple » ont pris parti pour ou contre l’option indépendantiste. Les insurrections et les affrontements armés se sont propagés en fonction de la décision des groupes dirigeants de consolider ou de renverser le leadership politique. Anticipant à bien des égards la « grande révolution » de 1848, le Conseil de Palerme organise une armée sur le modèle espagnol de la « guérilla », tandis que dans de nombreux endroits, des « gardes civiques » sont recrutés pour défendre la propriété et l’ordre social.  »

Parution le 17 mars.

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Felipe Fernández-Armesto et Manuel Lucena Giraldo, Un imperio de ingenieros, Taurus

«  Il existe une figure ambiguë, à mi-chemin entre le militaire et le civil, qui n’a pas été pleinement prise en compte jusqu’à récemment : l’ingénieur. Ce livre est une exploration de son rôle central dans la formation de l’empire espagnol. C’est aussi une célébration de la curiosité humaine, de l’ingéniosité et de l’étonnante capacité d’adaptation des professionnels qui ne se sont pas limités à transférer les postulats européens, mais se sont imprégnés et ont admiré les nouveaux espaces trouvés outre-mer.

La formation d’un empire nécessite une restructuration du paysage à des fins administratives ainsi que la liaison de communautés disparates en une seule entité politique au moyen d’infrastructures. Dans l’empire espagnol, qui prend pour modèle l’empire romain, les ingénieurs dirigent les principaux travaux publics pour accroître l’efficacité économique et l’intégration sociale et culturelle, oeuvrent à faciliter les communications et améliorer la santé et participent à la défense.  » 

Parution le 24 mars

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Elie Barnavi, Confession d’un bon à rien, Grasset

«  Le jeune Elie nait à Bucarest en 1946.  C’est là qu’il apprend le français. Son père ne songe qu’à fuir la Roumanie communiste et à gagner Israël. Un jour il disparait, enlevé par la Securitate et emprisonné trois mois à cause de ses demandes répétées de visa. En 1961 leur parvient enfin un «  certificat de voyage  », Israël « achetant  » à l’époque des Juifs à l’État roumain («   notre meilleur produit d’exportation avec le pétrole  » dixit Ceaucescu). Au sein de la «  drôle de famille  » qui accueille les arrivants en Terre promise, l’oncle Avi exercera une profonde influence sur l’adolescent, d’où le choix d’un nouveau patronyme  : Barnavi.
Après un séjour d’un an dans un kibboutz au nord du Neguev, les retrouvailles avec ses parents sont douloureuses  : son père sera plus tard placé dans un Ehpad, et sa mère internée pour démence. Elie travaille pour payer ses études au collège français Saint-Joseph de Jaffa. Incorporé dans Tsahal, parachutiste volontaire, bientôt officier, il participe à   la Guerre des Six Jours puis comme réserviste à la première guerre du Liban et à l’opération « Paix en Galilée ».


À Jérusalem puis à Tel Aviv, des études de sciences politiques et d’histoire le font se passionner pour la séquence historique qui va de la fin du Moyen Age à la Révolution française.
La France devient sa « seconde patrie intellectuelle et affective ». Il part faire sa thèse de Doctorat à La Sorbonne et c’est à Paris que se font les rencontres essentielles pour la suite de sa carrière intellectuelle : Roland Mousnier, Pierre Chaunu, Pierre Nora, Jacques Revel, François Furet, Jacques Le Goff…


La politique va prendre une grande importance, parallèlement à son activité d’historien : enseignant en Allemagne, à Montréal, à l’ENS d’Ulm, à Limoges, à Reims, il retournera vivre à Tel Aviv avec sa nouvelle épouse Kirsten rencontrée à Francfort. Membre du comité central du parti travailliste, il décline le poste de chef de cabinet de Shimon Peres pour apporter son appui à Shlomo Ben-Ami. L’assassinat de Rabin met fin au processus de paix auquel il avait œuvré sans relâche.


Ambassadeur d’Israël en France de 2000 à 2002, il décrit ici l’envers des coulisses tout en brossant mille portraits de ses interlocuteurs à Paris (Lanzmann, Sarkozy, Chirac, Villepin, Jospin, Régis Debray, Edwy Plenel, Jean Daniel, DSK…).


Débarqué de son ambassade par Shimon Peres, il prend une année sabbatique pour proposer la création d’un musée de l’Europe à Bruxelles et consacrera de longues années à cette passion européenne tout en reprenant son enseignement d’histoire à l’université de Tel Aviv et la direction scientifique de la Maison de l’histoire européenne à Bruxelles.  »

Parution le 16 mars.

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Crédits
Toutes les citations sont des extraits des quatrièmes de couverture rédigées par les éditeurs.