• Hier, après un long discours dans lequel le président russe a remis en cause la légitimité historique de l’Ukraine, Vladimir Poutine a signé un décret reconnaissant l’indépendance de la république de Donetsk (DNR) et de Lougansk (LNR). Dans la foulée, le président russe a ordonné l’entrée des troupes russes « de maintien de la paix » dans les deux républiques séparatistes en territoire ukrianien. 
  • Cette décision est intervenue huit ans après le début du conflit en Ukraine entre le gouvernement et les républiques séparatistes pro-russes, qui a fait 14 000 morts jusqu’à ce jour. En février 2015, la France, l’Allemagne, l’Ukraine et la Russie avaient signé les accords de Minsk II pour instaurer un cessez-le-feu entre les belligérants. Mais ces accords n’ont jamais pu être appliqués totalement, la Russie et l’Ukraine n’ayant pas la même interprétation sur le calendrier de mise en place d’une autonomie des régions de Donetsk et Lougansk au sein de l’Ukraine. La décision du président russe enterre donc définitivement les accords de Minsk
  • Une question reste en suspens sur la portée de la décision de Vladimir Poutine. La reconnaissance des deux républiques séparatistes de Donetsk et de Lougansk portera-t-elle sur les frontières administratives de ces régions ou sur les territoires contrôlés par les rebelles pro-russes ? Dans le premier cas, la Russie pourrait reprendre pour les républiques séparatistes 2/3 des régions administratives de Donetsk et Lougansk sous contrôle ukrainien, ce qui pourrait provoquer une nouvelle escalade militaire avec Kiev. Pour l’instant, le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov, a déclaré que la reconnaissance des républiques de Donetsk et de Lougansk portait sur le territoire administratif entier revendiqué par les séparatistes. 
  • Josep Borrell, le haut-représentant pour la politique étrangère européenne, a annoncé une réunion d’urgence des ministres des affaires étrangères à Paris pour étudier les sanctions à mettre en place contre la Russie. L’unanimité devrait être acquise entre les partenaires européens, comme en 2014, après l’annexion de la Crimée. La Hongrie, souvent accusée de complaisance envers Moscou, a affirmé qu’elle soutiendrait les sanctions européennes par la voix de son ministre des affaires étrangères, Péter Szijjártó.
  • Les sanctions devraient rester ciblées, Josep Borrell ayant considéré que l’invasion de l’Ukraine n’était pas « totale »1. Les Vingt-Sept conserveraient ensuite la possibilité d’accentuer ces sanctions en cas d’avancées militaires russes vers Kiev. Aujourd’hui, le paquet de sanctions devrait comporter des mesures visant à sanctionner les individus et les banques liés à cette décision illégale, à réduire fortement le commerce entre les républiques séparatistes et l’Union, et enfin à réduire l’accès des russes aux marchés européens de capitaux et de services2. De son côté, le gouvernement allemand a décidé dans la matinée de suspendre la procédure de certification de Nord Stream 23.