• L’objectif de ce sommet pour la Commission « géopolitique » d’Ursula von der Leyen est de rapprocher et de renforcer les relations entre Europe et l’Afrique. La présidente de la Commission avait d’ailleurs choisi de se rendre à Addis Abeba, en Éthiopie, siège de l’Union africaine pour son premier déplacement hors Union. Les sujets abordés resteront principalement économiques et commerciaux, même si d’autres sujets comme les migrations et la question sanitaire sont aussi à l’ordre du jour. La Commission réitérera son objectif d’atteindre, avec les dons bilatéraux, un montant total de 450 millions de doses de vaccins livrées aux pays africains d’ici mi-2022. Sur ces 450 millions de doses, seules 148 millions ont été livrées. Le taux de vaccination totale sur le continent africain est seulement de 11 %, loin de l’objectif de 70 % fixé pour la fin de cette année.
  • Au Sénégal la semaine dernière, Ursula von der Leyen a annoncé le chiffre de 150 milliards d’investissements européens en Afrique dans les six prochaines années. Ces promesses d’investissement s’inscrivent dans le cadre de l’initiative « Global Gateway » qui devrait mobiliser jusqu’à 300 milliards d’euros d’investissements entre 2021 et 2027, et répondre aux Routes de la soie chinoises, ou encore à la stratégie d’influence russe sur le continent africain. Ce chiffre correspond à l’addition d’un financement européen déjà affecté de 36,8 milliards d’euros en subventions et surtout de fonds nationaux combinés, y compris ceux des agences de développement. Enfin, il faut ajouter 53 milliards d’euros de garanties de prêts visant à attirer les investissements privés.
  • L’Union n’est en effet pas la seule à organiser ce type de sommet avec l’Afrique. Pékin organise depuis quelques années des sommets Chine-Afrique, le dernier datant de novembre 2021. Les relations sino-africaines se sont fortement développées ces vingt dernières années à travers les investissements chinois en Afrique. Les échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique ont été multipliés par vingt entre 2002 et 2020, passant de 10 milliards à 200 milliards de dollars. La Russie a aussi organisé en 2019 à Sotchi un sommet Russie-Afrique, symbolisant le retour diplomatique de Moscou sur le continent africain. La Russie accroît son influence dans le domaine militaire notamment à travers le déploiement de la société de sécurité privée Wagner dans plusieurs pays africains. Pour rappel, l’Union a décidé de sanctionner cette société et huit personnes qui lui sont liées en décembre 2021 pour cause de violation des droits humains et opérations clandestines menées pour Moscou1. De son côté, le Kremlin nie tout lien direct avec cette société. 
  • Pour l’intellectuel camerounais Achille Mbembe, l’Europe devrait avant tout se focaliser sur la question de l’avenir de la démocratie en Afrique, qui est selon lui « la nouvelle question géopolitique » alors que depuis dix-huit mois, six coups d’État militaires ont eu lieu en Afrique.
  • La France, qui préside le Conseil de l’Union européenne depuis janvier, a un rôle particulier à jouer lors de ce sommet, alors qu’Emmanuel Macron doit annoncer le retrait des forces française de l’opération Barkhane au Mali déployée depuis 2013 pour combattre les indépendantistes touaregs, puis les djihadistes au Sahel2. La force européenne Takuba qui accompagnait le dispositif militaire français devrait se retirer aussi.