• Si la question de savoir si la lutte contre le réchauffement climatique est compatible avec le développement économique oppose les experts, la dernière étude de la Nature sustainability analyse l’impact climatique de l’éradication de l’extrême pauvreté. La Banque mondiale définit les personnes extrêmement pauvres comme celles qui vivent avec moins de 1,90 dollar par jour. Si aujourd’hui moins de 10 % de la population mondiale entre dans cette catégorie, toujours selon la Banque mondiale, la pandémie a fait basculer plus de 97 millions de personnes dans l’extrême pauvreté. 
  • En 2015, les Objectifs du développement durable remplaçait les Objectifs du Millénaire pour le développement en gardant l’objectif d’éradiquer la pauvreté sous toutes ses formes, dont notamment l’extrême pauvreté à l’horizon 2030. La même année, plus de 190 États signaient l’accord de Paris visant à limiter le réchauffement climatique bien en dessous de 2 degrés, de préférence à 1,5 degré Celsius par rapport au niveau préindustriel. Or, les émissions de CO2 sont très disparates entre les pays développés et les pays en voie de développement. Pour rappel, en 2014, les émissions de CO2 au niveau mondial représentaient 3,4 tonnes par habitant, alors qu’on estime que pour limiter le réchauffement climatique il faudrait atteindre entre 1,6 et 2,8 tonnes d’émissions de CO2 par habitant. Plus de la moitié de la population mondiale, notamment dans les pays en voie de développement, a une empreinte carbone égale ou inférieure à ce seuil. 
  • Selon l’étude, l’empreinte carbone moyenne des 1 % d’émetteurs les plus importants est plus de 75 fois supérieure à celle des 50 % les moins importants.
  • On remarque également de grandes différences à l’intérieur même des pays et des régions entre les classes sociales. Les 10 % les plus riches du Luxembourg émettent jusqu’à 76,9 tonnes par habitant et les 10 % les plus riches des États-Unis émettent près de 55 tonnes de CO2 par habitant. Par contraste, des pays comme l’Ethiopie, l’Afghanistan ou l’Ouganda émettent moins d’une tonne d’émission de CO2 par habitant. Il en résulte qu’au niveau mondial, les 50 % les moins émetteurs de CO2 ne consomment que 0,6 tonnes de CO2 par habitant. 
  • 650 millions de personnes vivaient en dessous du seuil d’extrême pauvreté de 1,90$ par jour en 2018. S’ils représentaient plus d’un septième de la population mondiale, ils contribuaient à moins de 2 % des émissions mondiales de carbone. Il faut rappeler également que l’Afrique subsaharienne est la région la plus concernée avec 40 % de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté extrême. Dans les scénarios étudiés dans l’étude, éradiquer l’extrême pauvreté entraînerait une augmentation mondiale des émissions de CO2 de moins de 1 %.