• L’inflation annuelle de janvier 2022 (comparaison entre les prix de janvier 2022 par rapport à ceux de janvier 2021), a atteint 48,7 % en Turquie, son niveau le plus haut depuis 2002.
  • Cette inflation s’explique par une baisse systématique du taux d’intérêt de la banque centrale au cours de l’année écoulée – qui s’est traduite par une dépréciation massive de la livre turque – et par une hausse des prix de l’énergie. En 2021, la livre turque a chuté de 45 % par rapport au dollar. Alors que début janvier 2022 un dollar s’échangeait contre 13,38 livres turques, en janvier 2021, un dollar correspondait à 7,60 livres turques1. De surcroît, les chiffres de l’inflation sont décriés par l’opposition, qui considère que le phénomène est sous-estimé de moitié par l’Office national des statistiques turque (Tüik). Selon un groupe d’économistes indépendants, l’inflation annuelle avoisinerait plutôt les 115 %2. Dans une réunion privée résumée par Bloomberg, le ministre des Finances, Nureddin Nebati, a assuré que les taux d’intérêt ne devront pas être revus à la hausse au cours de l’année. Selon lui, le taux d’inflation devrait se stabiliser aux alentours de 40 % dans les mois à venir3
  • À l’approche de l’élection présidentielle de 2023, l’inflation pourrait mettre en difficulté le président turc, qui a déjà perdu les élections municipales de 2019 à Istanbul au profit du parti d’opposition, Parti républicain du peuple (CHP). L’augmentation des prix des produits d’alimentation a un impact conséquent sur le budget des ménages. Selon les statistiques officielles, les prix de la viande bovine ont augmenté de 86 % sur un an et le prix du pain de 54 %. La fondatrice de l’ONG « Réseau de la grande pauvreté », Hacer Foggo estime que 160.000 enfants ont abandonné l’école en 2021, faute de moyens financiers. 
  • Pour lutter contre cette inflation, Erdoğan continue de prôner une politique de taux d’intérêt bas. Le président turc a limogé son ancien ministre des Finances, Lütfi Elvan, au mois de décembre 2021, qui avait critiqué la politique poursuivie par le gouvernement. Il s’agissait du troisième ministre des Finances turc limogé depuis 2019. 
  • En parallèle, la Turquie reste très active sur la scène internationale. Ankara compte accroître son influence, à travers la vente des drônes turc Bayraktar TB2 en Afrique, dans les Balkans, en Asie Centrale et en Europe de l’Est.
  • La Turquie tente actuellement de normaliser ses relations diplomatiques avec l’Arménie, alors que celles-ci ont été rompues en 1993. Ankara ayant soutenu l’Azerbaïdjan contre l’Arménie dans la guerre au Haut-Karabakh à l’automne 2020, les relations entre les deux pays se sont de nouveau détériorées et Erevan avait alors suspendu ses vols commerciaux avec Ankara4. Enfin, Ankara s’est aussi posée en médiateur du conflit entre la Russie et l’Ukraine, lors de la visite d’Erdoğan à Kiev la semaine dernière.