• Le nucléaire et le gaz devraient finalement être considérés comme des énergies vertes « de transition ». Berlin, le principal promoteur de l’inclusion du gaz naturel dans le texte final, a obtenu des aménagements sur les critères de durabilité par rapport à la première version présentée début janvier. Les objectifs de transition énergétique pour 2026 et 2030 initialement prévus pour autoriser les subventions publiques au secteur du gaz ne figurent plus dans le texte 1.
  • Pour le nucléaire, les conditions d’éligibilité pour entrer dans la catégorie « énergies vertes » restent les mêmes. Les prolongements d’anciens réacteurs pourront être subventionnés jusqu’en 2040, tandis que la construction de réacteurs de nouvelle génération pourra recevoir des fonds publics jusqu’à 2045. 
  • Le gaz naturel et le nucléaire représentent respectivement 23 % et 13 % du mix énergétique global de l’Union, mais les mix énergétiques des États membres varient beaucoup. La France est très dépendante du nucléaire tandis que l’Allemagne – qui a décidé de sortir progressivement du nucléaire en 2011 – compte sur le gaz naturel pour effectuer sa transition énergétique. Des États comme l’Autriche et le Luxembourg n’utilisent absolument pas le nucléaire dans leur mix énergétique et d’autres comme l’Estonie et la Suède n’utilisent quasiment pas de gaz naturel. 
  • La taxonomie doit encore être approuvée par le Parlement européen par un vote à la majorité simple (353 voix sur 705). Certains députés ont déjà annoncé leur intention de tout faire pour bloquer ce texte, qu’ils considèrent comme nocif pour l’environnement. Les ministres de l’Énergie de l’Autriche et du Luxembourg avaient annoncé au mois de janvier qu’ils poursuivraient en justice la Commission si le nucléaire et le gaz restaient dans le document final, au motif qu’il ne respectait pas le principe de ne pas nuire de manière significative aux objectifs environnementaux.
  • Si le gaz naturel émet deux fois moins de CO2 que le charbon, son principal composant, le méthane, est un gaz à effet de serre beaucoup plus nocif que le carbone. La question de la construction des nouvelles infrastructures est également cruciale : si les bénéfices du remplacement du charbon par le gaz en utilisant les infrastructures existantes sont clairs, la construction des nouvelles infrastructures pourraient créer des tendances à long terme et influencer considérablement les choix futurs. L’énergie nucléaire est aujourd’hui la deuxième source d’électricité à faibles émissions de carbone, avec 452 réacteurs en exploitation qui ont fourni 2700 TWh d’électricité en 2018, soit 10 % de l’approvisionnement mondial en électricité2, mais le traitement des déchets et la sécurité des centrales restent des préoccupations majeures.
  • Selon l’Agence internationale de l’énergie 3 (AIE), pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, les investissements annuels dans les énergies propres à l’échelle mondiale devraient tripler d’ici 2030 pour atteindre près de 4 000 milliards de dollars. Près de 90 % de la production mondiale d’électricité en 2050 devrait être produite à partir de sources renouvelables (contre 28 % aujourd’hui), le solaire photovoltaïque et l’éolien représentant ensemble près de 70 %.

Alors que l’Europe tente de se positionner en leader mondial de la lutte contre le changement climatique et que l’Union et les États-membres sont les principaux fournisseurs d’aides au développement et les principaux contributeurs aux financements publics dédiés à la lutte contre le changement climatique dans les pays en développement (21,9 milliards d’euros en 2019)4, la taxonomie pourrait jouer un rôle majeur au niveau mondial pour orienter les investissements.

Sources
  1. Taxonomie : Berlin va obtenir des concessions sur le gaz | Les Echos
  2. IEA, Nuclear Power in a Clean Energy System, May 2019
  3. Net Zero by 2050 – Analysis – IEA
  4. Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, Le financement, un enjeu essentiel dans la lutte contre le changement climatique.