- Alors que les canaux diplomatiques se multiplient pour trouver une solution à la crise ukrainienne – Antony Blinken doit s’entretenir avec son homologue russe Sergueï Lavrov par téléphone et Mark Rutte, Boris Johnson et Mateusz Morawiecki se rendent en Ukraine – cette visite ne tombe pas à point nommé pour l’Union, tant sur le plan symbolique que stratégique, les États-membres peinant à définir une voie européenne pour sortir de la crise.
- Faisant écho aux déclarations du Secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, qui s’est entretenu au téléphone hier avec le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán déclarait avant son départ : « Nous sommes intéressés par la paix. Bien entendu, la Hongrie est membre de l’OTAN. Puisque je vais à Moscou, je consulterai à la fois l’OTAN et l’Union, ainsi que les principaux responsables politiques qui assurent la présidence du Conseil ».
- Au pouvoir depuis 2010, Orbán a développé une relation spéciale avec la Russie de Vladimir Poutine. Même si la Hongrie a approuvé les sanctions européennes après l’annexion de la Crimée en mars 2014, Orbán avait déclaré à l’époque que « l’Occident se tirait une balle dans le pied ». La Hongrie a été le premier pays européen à approuver le vaccin russe Sputnik V. Contrairement aux autres pays de la région, le ministre des affaires étrangères hongrois, Peter Szijjarto, a refusé la semaine dernière d’augmenter la présence des troupes de l’OTAN en Hongrie 1.
- Des relations complexes avec Kiev. Les relations entre l’Ukraine et la Hongrie se sont dégradées depuis quelques années. Très dépendante du gaz russe, la Hongrie avait signé fin 2021 un accord d’approvisionnement avec le producteur russe Gazprom passant par le gazoduc Turkstream. Ce contournement des gazoducs ukrainiens avait déjà provoqué la colère de Kiev. La question de la minorité hongroise (150 000 personnes) vivant au sud-ouest de l’Ukraine est également un sujet de tension récurrent entre les deux États. Depuis une loi de 2017, la langue ukrainienne est obligatoire dans les écoles ukrainiennes, ce qui restreint l’usage d’autres langues comme le hongrois ou le russe. La Hongrie avait alors mis fin aux discussions par son droit de veto sur une possible adhésion de l’Ukraine à l’OTAN 2.
- À l’Est, pas de position commune. Les relations avec la Russie font partie des points de divergence majeurs entre les pays du Groupe de Visegrád, qui rassemble la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie : la position polonaise, guidée par une méfiance face aux menaces sécuritaires russes, reste inconciliable avec celle de la Hongrie. Néanmoins, dans un rassemblement à Madrid réunissant des partis conservateurs et d’extrême-droite européens, Orban a répété que les tensions russo-ukrainiennes étaient « une question importante ». Il a signé une déclaration commune dans laquelle un paragraphe stipulait que « les actions militaires de la Russie à la frontière orientale de l’Europe nous ont conduits au bord de la guerre ».
- Le premier ministre ukrainien a quant à lui déclaré mardi 1er février que la Grande-Bretagne, la Pologne et l’Ukraine préparent le lancement d’un pacte trilatéral visant à renforcer la sécurité régionale.