Claude Gauvard, Jeanne d’Arc. Héroïne diffamée et martyre, Gallimard

Elle a fait la France de son vivant et plus encore pendant les siècles qui suivirent son martyre. Son irruption dans la guerre de Cent Ans change le cours de l’Histoire. Guidée par des voix qui lui intiment de bouter les Anglais hors du royaume, Jeanne devient la Pucelle, chef de guerre et héros politique. Elle communique sa hardiesse à ses compagnons d’armes et à Charles VII, qu’elle fait sacrer à Reims.

Mais sa renommée, jusqu’au-delà des frontières, ne se résume pas à sa vaillance. Elle est également édifiée par tous ceux qu’effraie la figure d’une femme prophétesse et guerrière : Jeanne d’Arc terrorise les Anglais et sans doute ses juges. Ils font d’elle une « putain ribaude » et une sorcière, la capturent, l’emprisonnent, la soumettent à un procès inique qui la condamne au feu.

C’est la construction d’un personnage maléfique que ce livre donne à lire, en interrogeant les sources à frais nouveaux. Le procès de condamnation, véritable tribunal d’inquisition, fabrique des chefs d’accusation pour déshonorer la Pucelle : son alliance avec le diable, ses échanges avec les démons, le signe mystérieux qu’elle aurait présenté à Charles VII pour le persuader d’asseoir son pouvoir légitime…

Pourtant, son courage et son supplice n’ont pas suffi à lui attirer la reconnaissance du roi. Pour lui, Jeanne d’Arc a en partie échoué dans ses prophéties comme dans la guerre. Reste le peuple, dont on explore ici les croyances et les peurs ; car c’est le peuple qui restitue finalement à Jeanne d’Arc son honneur, avant que la légende ne s’en empare. »

Parution le 10 février.

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Benjamin Lemoine, La démocratie disciplinée par la dette, La Découverte

«  La dette est devenue un outil de gouvernement de la démocratie. Si la crise sanitaire a ouvert une brèche dans les politiques qui lui sont liées, celle-ci risque vite de se refermer. Il est donc indispensable de s’armer pour bien argumenter face à ceux qui ne rêvent que de revenir à l’austérité.


Les institutions publiques de la dette et de la monnaie (Trésor et Banque centrale) opèrent aujourd’hui comme une usine à garantie de l’industrie financière privée. Mais émettre une dette qui puisse satisfaire l’appétit des investisseurs mondiaux n’est pas sans risque pour la démocratie et s’accompagne de contreparties sociales, économiques et politiques qui sont négociées, à l’ombre de la vie politique, sur les scènes marchandes d’attestation du crédit.
Le débat public se limite à une pédagogie rudimentaire : il faut payer la facture de la pandémie et, pour rembourser la dette, consentir à des sacrifices : travailler plus, augmenter les impôts sur la consommation (et non sur la fortune), renoncer à des services publics et des droits sociaux.


Pour les pouvoirs publics, il faut « cantonner » le potentiel subversif de cette crise sans précédent. Réduite à un événement exceptionnel et exogène au capitalisme financier, la pandémie serait une parenthèse circonscrite qu’il conviendrait de refermer au plus vite sans tirer aucune leçon structurelle, avant de « retourner à la normale » d’un marché qui sert de garde-fou aux États sociaux et discipline les peuples dépensiers.  »

Parution le 3 février

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Lucia Ceci, La fede armata. Cattolici e violenza politica nel Novecento, Il Mulino

«  Tout au long du XXe siècle, dans différentes parties du monde, de l’Irlande du Nord au Pays basque, des Philippines à la Colombie, du Mexique au Rwanda, les catholiques ont légitimé l’exercice de la violence en tant que forme organisée de lutte à des fins politiques. Les représentations symboliques, la mystique du sacrifice et les sources théologiques de la tradition chrétienne ont fourni aux individus et aux groupes des répertoires et des motivations pour justifier le recours à la violence insurrectionnelle, dans la conviction que le choix armé était non seulement légitime, mais obligatoire pour défendre des institutions et des valeurs considérées comme inaliénables ou promouvoir des transformations radicales de la vie publique. Analysant une pluralité de cas à l’échelle mondiale – des Cristeros mexicains aux prêtres guérilleros, du soulèvement hongrois de 1956 aux luttes contre l’avortement, Lucia Ceci étudie le rapport culturel du catholicisme avec l’exercice de la violence à une époque caractérisée par des mutualités et des hybridations entre registres religieux et perspectives politiques.  »

Paru le 27 janvier

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Matthew P. Fitzpatrick, The Kaiser and the Colonies. Monarchy in the Age of Empire, Oxford University Press

«  Nombreux sont ceux qui considèrent que l’empereur Guillaume II a personnellement dirigé l’Allemagne, dominé sa politique et chorégraphié son ambitieuse ascension vers la puissance mondiale. Mais dans quelle mesure cette image est-elle exacte ?

Comme le montre The Kaiser and the Colonies, Guillaume II était un monarque constitutionnel comme beaucoup d’autres têtes couronnées d’Europe. Loin d’être l’expression de son pouvoir personnel, l’empire mondial de l’Allemagne et sa Weltpolitik trouvent leur origine dans les changements politiques et économiques subis par la nation, alors que le commerce et l’industrie allemands s’efforcent de se mondialiser aux côtés des autres nations européennes. Les nombreux monarques du monde entier avec lesquels l’Empire allemand est entré en contact sont plus importants pour les processus impériaux de du pays qu’un empereur qui règne mais ne gouverne pas. En Afrique, en Asie et dans le Pacifique, des rois, des sultans et d’autres chefs suprêmes ont à la fois résisté aux ambitions de l’Allemagne et s’en sont accommodés, alors qu’ils traçaient leur propre voie dans l’ère de l’impérialisme européen. Le résultat a été une répression souvent violente, mais aussi des négociations diplomatiques complexes, des tentatives de manipulation et même une coopération mutuelle.

The Kaiser and the Colonies examine le rôle étonnamment discret joué par Guillaume II dans l’Empire allemand et le compare aux réponses vivantes, variées et novatrices des monarques du monde entier à cet impérialisme. »

Parution le 17 février

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José María Faraldo Jarillo, Contra Hitler y Stalin. La resistencia en Europa (1936-1956), Alianza

«  La Résistance en Europe a commencé au moment même où l’Allemagne nazie d’une part et l’Union soviétique de l’autre ont envahi la Pologne. En réaction, des mouvements internes et externes ont immédiatement pris forme. Les invasions successives des pays d’Europe occidentale par le nazisme, de la Grèce et des Balkans par le fascisme italien, et des États baltes, de la Bessarabie et de la Carélie par les Soviétiques ont conduit à l’émergence de groupes similaires contre ces occupations et les systèmes dictatoriaux qu’elles ont imposés. 

Il s’agissait parfois de petits groupes, parfois de formations de taille considérable et ils combattaient tant par les armes que par la propagande et la contre-propagande. Ils étaient ce qu’on a appelé « l’armée des ombres », glorifiée au fil des ans par le cinéma et la littérature. La Seconde Guerre mondiale ne s’est terminée qu’à la fin des années 1950, lorsque les derniers guérilleros en Grèce, en Roumanie, en Lituanie, en Ukraine, dans les forêts polonaises et aussi en Espagne ont été abandonnés ou exterminés. Ces groupes de partisans avaient succédé à la clandestinité antinazie ou antisoviétique, et parfois aux deux. Même la résurgence du maquis espagnol à partir de 1944 était plus étroitement liée aux expériences partisanes en France et en Union soviétique qu’à la guerre civile, raison pour laquelle elle est incluse dans le livre. 

Contre Hitler et Staline tente d’expliquer le phénomène de la résistance en analysant comment et pourquoi les gens ont refusé d’accepter un pouvoir politique imposé et étranger. Le livre étudie les modalités de sa mise en œuvre, les différentes stratégies et sources idéologiques qui l’ont inspirée, le contexte de guerre et d’après-guerre dans lequel elle s’est déroulée, ainsi que son dénominateur commun, qui nous permet d’expliquer pourquoi la résistance a pris ces formes précises à ce moment précis. »

Paru le 27 janvier

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Esther da Costa Meyer, Dividing Paris. Urban Renewal and Social Inequality, 1852–1870, Princeton University Press

«  Au milieu du XIXe siècle, Napoléon III et son préfet Georges-Eugène Haussmann ont adapté Paris aux exigences du capitalisme industriel en dotant la vieille ville d’élégants boulevards, d’un meilleur approvisionnement en eau, d’égouts modernes et de jardins publics. Esther da Costa Meyer propose une réévaluation de ce projet ambitieux qui a entraîné une destruction massive du centre historique, le déplacement de milliers de résidents pauvres et la polarisation du tissu urbain. En s’appuyant sur des journaux, des mémoires et d’autres documents d’archives, elle explore la façon dont des personnes de différentes couches sociales – femmes et hommes – ont vécu les réformes urbaines mises en œuvre par le Second Empire. Alors que des centaines d’immeubles ont été détruits pour faire place à des immeubles d’habitation haut de gamme, des milliers de résidents appauvris ont été contraints de s’installer à la périphérie, qui ne disposait pas des services dont bénéficiaient les quartiers plus riches de la ville. Remettant en question l’idée que Paris était la capitale de la modernité, elle montre que la ville était la plaque tournante d’un empire colonial tentaculaire s’étendant des Caraïbes à l’Asie et expose la violence sous-jacente qui l’a enrichie aux dépens des territoires d’outre-mer. »

Parution le 15 février

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Pierre Charbonnier, Culture écologique, Presses de Sciences-Po

«  Il faut se rendre à l’évidence  : il se passe quelque chose de nouveau sous le soleil. Les majestueux processus physiques et chimiques qui organisent le système Terre, la trajectoire évolutive du vivant, la composition des sols, des eaux, tout cela porte désormais la marque des activités humaines. Les préoccupations écologiques viennent ouvrir des brèches dans les conceptions dominantes du progrès, du développement, de la richesse et, plus largement, dans l’idée même que l’on se fait de la coexistence sociale.

Culture écologique se fixe pour objectif de porter à la connaissance du plus grand nombre les débats qui organisent aujourd’hui la question écologique. Ces débats convoquent les sciences de la Terre, l’anthropologie, la sociologie, l’histoire, la géographie et l’économie, ainsi que la philosophie. Leur contenu met en question l’organisation des savoirs, les normes politiques et l’encadrement technique de la nature.  »

Parution le 17 février

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Aliénor Ballangé, La démocratie communautaire. Généalogie critique de l’Union européenne, Publications de la Sorbonne

«  Refusant de rabattre l’histoire plurielle et controversée de l’Union européenne au seul constat de son « déficit démocratique » actuel, ce livre examine les discours des théoriciens et des praticiens de la construction européenne afin de préciser le rapport de l’Europe politique à son ou ses peuples. Jusqu’aux premières élections des députés européens au suffrage universel en 1979, l’intégration européenne ne repose sur aucun « peuple constituant ». Pourtant, l’idée d’une démocratie spécifiquement européenne affleure déjà dans les trois courants idéologiques qui s’affrontent dès l’entre-deux-guerres autour de leur définition du « bon gouvernement » de l’Europe. Les personnalistes français défendent une vision « communautaire » de la démocratie, tandis que les fédéralistes italiens en appellent à l’émergence d’une démocratie « populaire ». À ces deux généalogies s’ajoute le courant ordolibéral, qui soutient une démocratie « de marché » constituée par et pour des « citoyens-consommateurs ». Or, si ce courant idéologique semble aujourd’hui hégémonique, Aliénor Ballangé défend dans ce livre l’idée que la démocratie européenne contemporaine résulte à la fois d’une dialectique complexe entre idéologies personnaliste, fédéraliste et ordolibérale, et d’une intense circulation de ses acteurs au sein de ces différents réseaux.  »

Parution le 10 février.

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Anouchka Vasak, 1797. Pour une histoire météore, Anamosa

« 1797 est ce moment où l’« orage » révolutionnaire laisse place à un ciel de traîne. Année entre deux eaux, à la couleur intermédiaire : on bascule du crépuscule de l’ancien monde à l’aurore d’un monde nouveau. Dans l’après-coup de la période appelée Révolution française, la métaphore météorologique ne se réfère pas seulement au temps qu’il fait, ni à la science qui en prévoit les variations. La science des météores, telle que l’envisage Anouchka Vasak, est une invitation à penser l’histoire en mille gouttelettes. Première apparition de l’enfant sauvage de l’Aveyron, mise en question des classifications en psychiatrie comme en biologie, nouvelles images mobiles, de plein air, exploration des monstres, nouveau regard sur les « grands hommes » des Lumières alors que des femmes s’enracinent sur la scène publique et politique, pulvérisation de la représentation du paysage et de la subjectivité… Autant de stations dans les marges de la grande histoire pour observer les passages insensibles, glissements, rémanences ou résistances de l’histoire culturelle française et européenne, au croisement de la science, de l’esthétique et de la littérature. Sans remettre en question la formidable rupture que représente la tempête révolutionnaire, il s’agit d’interroger le concept de révolution et la notion d’événement historique. Comme les masses d’air ou les nuages se déplacent de proche en proche.  »

Parution le 3 février

Alessandro Bonvini, Risorgimento atlantico. I patrioti italiani e la lotta internazionale per le libertà, Laterza

«  Le Risorgimento est une épopée d’aventures et d’idéaux sans frontières. Cela commence avec l’âge des révolutions, lorsque dans les Caraïbes, des agitateurs ont conspirent contre l’empire des Bourbons et s’enrôlent sous les bannières des libertadores sud-américains. Cela se poursuit sous la Restauration, lorsque les libéraux et les mazziniens défendent les gouvernements constitutionnels ibériques et complotent pour renverser la Sainte-Alliance, rêvant d’une fraternité universelle de républiques unies. Cela continue après l’unification, lorsque les garibaldiens et les radicaux répondent à l’appel aux armes d’Abraham Lincoln, aident les Français et se battent pour l’indépendance de Cuba. Pendant plus d’un siècle, d’obscurs carbonari et des subversifs charismatiques, des journalistes de renom et des généraux de carrière, des penseurs célèbres et des étudiants en chemise rouge se sont battus pour la cause du peuple. Sans jamais abandonner leurs espoirs de renaissance de l’Italie, ils sont restés fidèles à une vision universaliste qui mêlait rêves de revanche politique, projets de réforme utopiques et attentes de rédemption nationale. Un voyage à la découverte de trois générations de patriotes universels. Une lecture «  dépoussiérée  » du Risorgimento. Une histoire qui est l’histoire globale de l’Italie.  »

Parution le 17 février

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Michael Kempe, Die beste aller möglichen Welten. Gottfried Wilhelm Leibniz in seiner Zeit, Fischer

«  Michael Kempe raconte sept jours dans la vie débordante de Leibniz, jours au cours desquels sa vie et son oeuvre prirent un nouveau tournant. En 1675, nous le retrouvons à Paris, où il travaille le matin, assis dans son lit, entouré d’une montagne de notes – c’est ce jour-là qu’il couche pour la première fois sur le papier le signe intégral « ∫ », un grand moment de mathématiques – et d’une querelle qui durera toute sa vie avec Isaac Newton et ses partisans. En 1696, à Hanovre, il bavarde à la cour avec la princesse électrice Sophie sur la consolation dans la philosophie. Mais sa plus grande réalisation est sans doute l’esquisse d’une machine qui calcule avec les chiffres 0 et 1 – la base du code numérique et donc de l’ordinateur. Mais même en tant que philosophe, Leibniz a encore beaucoup à nous dire aujourd’hui. Dieu a peut-être créé le meilleur des mondes possibles, comme il le suggère dans sa fameuse « théodicée », mais l’homme doit continuer à l’améliorer par ses actions. La science n’a pas seulement besoin de l’alliance avec le pouvoir, mais aussi de la liberté de penser. Derrière sa perruque et sa redingote, Leibniz se présente ainsi comme un individu moderne. Avec son optimisme sans limite, il nous invite à ne jamais perdre espoir, mais à chercher des solutions. Un voyage passionnant, amusant et vivant dans la tête de l’un des plus grands penseurs allemands.  »

Parution le 23 février

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Luis E. Íñigo Fernández, Historia de los perdedores. De los neandertales a las víctimas de la globalización, Espasa

« On dit que l’histoire est toujours écrite par les vainqueurs et, ce faisant, laisse de côté les perdants, les ignore ou les traite de manière à susciter le mépris et même la haine à leur égard. Le passé doit être raconté tel qu’il a été, ou du moins tel que l’historien, à la lumière de ses sources, le croit, sans hypothèque d’idées ou d’intérêts, avec honnêteté et rigueur intellectuelle. Et pour ce faire, il faut donner la parole à ceux qui en ont été privés et au moins écouter leur version des faits afin de construire un récit équilibré de notre histoire. L’histoire des perdants ne parle pas de guerres ou de batailles, elle parle de personnes, de peuples et de nations. À travers ses pages défilent hérétiques et étrangers, fous et parias, sorcières et mendiants ; mais aussi rois déshérités, rêveurs au mauvais moment, rebelles sans cause, amoureux de l’interdit, voyageurs sans chemin… Elle vise surtout à raconter l’histoire d’une autre manière, différente de la traditionnelle. Comme l’a écrit Nietzsche : « Nous avons besoin de l’histoire, mais nous en avons besoin d’une manière différente de celle dont a besoin l’oisif choyé des jardins de la connaissance ».  »

Parution le 7 février

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Juan Sebastián Carbonell, Le futur du travail, Amsterdam

« Le travail est un inépuisable objet de fantasmes. On annonce sa disparition prochaine sous l’effet d’un « grand remplacement technologique », on prophétise la fin imminente du salariat, on rêve d’une existence définitivement débarrassée de cette servitude. Fait significatif, les futurologues consacrés et les apologistes du monde tel qu’il va n’ont absolument pas le monopole de ce discours, tout aussi bien tenu par les plus féroces critiques du capitalisme. À chaque révolution technologique ses mirages. Car il y a loin, très loin, de ces anticipations à la réalité. Le travail humain conserve en effet une place centrale dans nos sociétés. Simplement, ses frontières et le périmètre des populations qu’il concerne se déplacent : ce n’est donc pas à une précarisation généralisée que l’on assiste, mais à l’émergence d’un nouveau prolétariat du numérique et de la logistique, dans des économies

bouleversées par l’essor des géants de la Big tech. Dans cet essai incisif, Juan Sebastián Carbonell montre que le discours sur la « crise du travail » fait obstacle à la compréhension de ses enjeux politiques. Et que sa mise en avant empêche, parfois à dessein, la nécessaire ouverture d’un débat sur les voies de son émancipation.  »

Parution le 18 février 

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Margarita Fajardo, The World That Latin America Created. The United Nations Economic Commission for Latin America in the Development Era, Harvard University Press

« Après la destruction de l’ordre ancien par la Seconde Guerre mondiale, un groupe d’économistes et de responsables politiques de toute l’Amérique latine a imaginé une nouvelle économie mondiale et lancé un mouvement intellectuel qui allait finir par conquérir le monde. Ils étaient convaincus que les systèmes commerciaux et financiers qui liaient les nations du monde entravaient les perspectives économiques de l’Amérique latine et d’autres régions du monde. Par le biais de la Commission économique des Nations unies pour l’Amérique latine, ou CEPAL, les cepalinos ont remis en question les orthodoxies de la théorie et de la politique de développement. Dans le même temps, ils ont exigé plus, et non moins, de commerce, plus, et non moins, d’aide, et ont proposé un programme de développement visant à transformer à la fois le monde développé et le monde en développement. Enfin, les cepalinos ont établi leur propre forme d’hégémonie, dépassant les États-Unis et le Fonds monétaire international en tant que responsables de l’agenda dans une région traditionnellement tenue sous l’orbite de Washington et de ses institutions. Ce faisant, les cepalinos ont remodelé la gouvernance régionale et internationale et établi un programme intellectuel qui résonne encore aujourd’hui. »

Parution le 8 février

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Vincent Lemire, Au pied du Mur. Vie et mort du quartier maghrébin de Jérusalem (1187-1967), Seuil

« Au lendemain de la guerre des Six Jours, dans la nuit du 10 au 11 juin 1967, les habitants du quartier maghrébin de Jérusalem sont évacués par l’armée israélienne et le quartier est rasé en quelques heures pour laisser place à la vaste esplanade qui s’étend aujourd’hui au pied du Mur des Lamentations. Cet événement a longtemps été passé sous silence. Pour la première fois, Vincent Lemire retrace les étapes de cette destruction programmée, le parcours de ses habitants déplacés, mais aussi l’histoire au long cours de ce quartier fondé par Saladin en 1187 pour accueillir les pèlerins musulmans marocains, algériens et tunisiens désireux de séjourner à Jérusalem.

Pour redonner vie à ce quartier disparu, l’auteur part en quête d’une documentation dispersée, depuis les archives des fondations pieuses musulmanes à Jérusalem jusqu’à celles de la Croix-Rouge à Genève, en passant par les archives ottomanes d’Istanbul et les archives israéliennes, jusqu’aux témoignages des habitants et aux fouilles archéologiques qui ont récemment fait remonter à la surface les objets domestiques ensevelis lors de la destruction. Quant aux archives diplomatiques françaises, elles révèlent que dans les années 1950 ce quartier était protégé par la France, qui se présentait alors avec fierté comme une « puissance musulmane » au Maghreb et au Proche-Orient. »

Paru le 28 janvier

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