• Début janvier, le prix du gaz naturel liquéfié a doublé. Ce carburant, un des plus utilisés par les Kazakhs en raison de son faible prix, est primordial pour le Kazakhstan, de nombreux produits alimentaires ayant par exemple leur prix indexé sur cette ressource1. La hausse des prix a été causée par une réforme de libéralisation du marché des carburants consistant à lever le plafond imposé par l’État kazakh sur cette ressource, réforme qui est entrée en vigueur début janvier2.
  • Le pays, qui n’est peuplé que par 19 millions d’habitants alors que sa superficie équivaut presque à celle de l’Europe de l’Ouest, est riche en ressources minérales, notamment en chrome, en pétrole et en uranium3 mais est marqué par des inégalités de répartition de la rente liée à l’exportation des ressources entre le Sud et le Nord, avec une population au Sud bien plus pauvre que celle du Nord4
  • En 2019, le président en place depuis la chute de l’URSS, Noursoultan Nazarbaïev, avait décidé de céder sa place à un nouveau dirigeant, M. Kassym-Jomart Tokaïev, laissant apercevoir une potentielle démocratisation du pays. Mais l’ancien président a gardé un rôle majeur dans le pays grâce à au conseil de sécurité, au parti présidentiel Nour Otan, et au « bureau du premier président » créé de toutes pièces, qui lui permet de superviser l’action du président en place5
  • Les manifestants appellent au départ véritable de l’ancien président et manifestent contre le pouvoir politique en place, la corruption et les très fortes inégalités. L’hôtel de ville d’Almaty, la plus grande ville du pays, a été incendié, des policiers ont été attaqués – 13 d’entre eux auraient été tués, 353 blessés et de nombreux véhicules incendiés, de même que les bureaux de la branche régionale du parti Nour Otan. La libéralisation politique, avec notamment l’élection des dirigeants régionaux, ainsi que la préservation des prix font partie des principales demandes des manifestants, qui sont par ailleurs vivement réprimés, des dizaines d’entre eux ayant été abattus par les forces de l’ordre tandis que des centaines d’autres ont été blessés6.
  • Le président kazakh a fait appel aux États de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), au premier rang desquels la Russie et d’anciennes républiques socialistes soviétiques dont le Belarus et l’Ouzbékistan7. Selon l’AFP, la Russie et d’autres pays alliés ont annoncé l’envoi du premier contingent de forces de « maintien de la paix » au Kazakhstan, comprenant des troupes russes, biélorusses, arméniennes, tadjikes et kirghizes afin de “protéger les installations étatiques et militaires » et « d’aider les forces de l’ordre kazakhes à stabiliser la situation et rétablir l’état de droit ».