• En juin 2020, Stoltenberg a proposé aux États membres de l’OTAN une stratégie pour l’année 2030, fondée sur une alliance militaire mais aussi politique, qui construise des partenariats avec des États en dehors de l’Alliance. Un an plus tard, en juin 2021, les membres de l’OTAN réunis à Bruxelles ont adopté l’agenda OTAN 2030.
  • L’agenda se propose de renforcer les consultations et la coordination politiques entre États membres, en tant qu’unique instance rassemblant quotidiennement l’Europe et l’Amérique du Nord. Il rappelle l’importance de défendre l’ordre international fondé sur des règles, en collaborant avec des partenaires partageant les mêmes valeurs, et en contradiction directe avec des États comme la Russie et la Chine. Bien sûr, l’aspect militaire de l’OTAN est réaffirmé et l’objectif de 2 % du PIB consacré aux armées en 2024 consolidé.
  • L’agenda propose de « préserver notre avance technologique », notamment à travers le futur accélérateur civilo-militaire d’innovation de défense pour l’Atlantique Nord (DIANA). Il s’agit aussi d’investir dans les domaines comme le contre-terrorisme, mais aussi de favoriser la transition écologique des équipements militaires.
  • Enfin, l’agenda accorde une part importante à l’amélioration de la résilience et à l’élaboration du prochain concept stratégique de l’OTAN, c’est-à-dire le document qui présente « le contexte de sécurité global dans lequel l’Organisation évolue, rappelle l’objectif immuable de l’OTAN, définit ses tâches fondamentales et donne les orientations stratégiques pour son adaptation politique et militaire ».
  • Cet agenda a évidemment souffert de nombreuses critiques. En France, des hauts-gradés de l’armée ont critiqué les atteintes à la souveraineté des États que l’agenda OTAN 2030 pourrait amener, dans la mesure où il surestimerait les menaces de la Russie (qui a fermé le bureau de représentation de l’OTAN à Moscou) et de la Chine et chinoise afin d’embarquer tous les Européens derrière une stratégie essentiellement américaine. Le Sénat français a également fait part de craintes selon lesquelles les objectifs de la Boussole stratégique européenne risquent d’être alignés sur l’agenda OTAN 2030, les deux documents ayant des calendriers et des horizons temporels assez similaires comme nous vous le disions plus haut.
  • Le président Emmanuel Macron, dans son entretien au Grand Continent, nous confiait sa vision de l’Europe et affirmait ainsi que celle-ci « a énormément d’impensés. Sur le plan géostratégique, nous avions oublié de penser car nous pensions par le truchement de l’OTAN nos relations géopolitiques, soyons clairs. »