• À partir du 1er novembre, le bureau de l’OTAN à Moscou sera fermé. C’est la réponse du Kremlin à la décision de l’Alliance atlantique de révoquer l’accréditation de huit responsables de missions russes, accusés d’avoir agi sous couverture et priés de quitter Bruxelles d’ici la fin du mois. Un processus de réduction progressive, qui a vu la suppression de 22 fonctionnaires au total entre 2015 et aujourd’hui. « À la suite de certaines mesures prises par l’OTAN”, a expliqué le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, il n’y a plus les conditions de base pour un travail commun. » Les relations entre les deux parties sont au plus bas. Le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov, s’est limité à commenter la rupture comme quelque chose de désormais inévitable, étant donné que la situation qui existait, en fait, n’a été que « formellement certifiée ». D’autre part, « il n’y avait pas de liens » et, par conséquent, « nous ne souffrirons pas ». 
  • Du côté de l’Alliance, il n’y avait rien de plus à faire que de prendre le coup et de noter la décision. La porte-parole de l’OTAN, Oana Lungescu, ne nie pas ses regrets, justifie la réaction occidentale comme un devoir face aux actions agressives de la Russie, mais ne tourne pas le dos à Moscou et reste ouverte à un futur dialogue. La possibilité d’un dialogue semble toutefois faire défaut depuis quelque temps, la Russie accusant l’OTAN de ne travailler que dans un sens provocateur, empêchant le Kremlin d’exercer son influence dans la région. Les questions de la Géorgie d’abord et de l’Ukraine ensuite constituent un exemple valable de l’agacement dont parle Moscou. Des situations similaires à celle adoptée par l’OTAN contre les huit diplomates se sont également produites dans le passé. Déjà en 2018, la tentative d’empoisonnement de l’ex-espion russe Sergueï Skripal et de sa fille – qui se trouvaient alors sur le territoire britannique – avait entraîné une réduction de dix fonctionnaires de la mission russe, passant de 30 à 20. 
  • Par conséquent, à partir de novembre, le seul moyen restant pour communiquer entre Moscou et l’Alliance sera de passer par l’ambassade de Russie dans la capitale belge, a déclaré le ministre Lavrov. La rupture a eu lieu sans aucune escalade militaire, ce qui indique que l’on s’attendait peut-être à une issue similaire. Depuis la dissolution de l’Union soviétique – et donc du Pacte de Varsovie – Moscou accuse l’Occident d’étendre son influence par le biais de l’OTAN dans des territoires qui étaient autrefois russes. Pour cette raison, elle a procédé à des alliances militaires individuelles qui déplaisaient aux dirigeants occidentaux, comme celle avec la Chine et d’autres États autrefois satellites de l’URSS. Le dernier épisode en date est la parade Zapad 2021 organisée avec le Belarus, qui a alarmé des pays comme la Pologne et le Secrétaire général lui-même, Jens Stoltenberg. 
  • Pourtant, immédiatement après les élections de 1993, qui ont vu une résurgence du nationalisme et du communisme, on a même cru que la Russie pourrait rejoindre l’Alliance atlantique. Le pays de Boris Eltsine avait besoin de soutien et une grande partie du débat interne a donc porté sur l’importance de l’adhésion à certains organismes internationaux. Paradoxalement, c’est donc Moscou qui était favorable à l’élargissement du Traité de l’Atlantique Nord, alors que l’Occident craignait que l’entrée de la Russie ne conduise à la fin de l’alliance. Une trentaine d’années plus tard, les rôles sont inversés.
  • Les difficultés de longue date sont toutefois liées à un récent durcissement des relations des États-Unis avec Moscou. La politique étrangère du président Joe Biden n’envisage en effet pas de rabais, puisqu’elle est fondée sur l’affirmation de l’intérêt américain qui considère la Chine et la Russie comme des menaces contemporaines à affronter. Les discussions se poursuivront sous d’autres formes et à d’autres occasions. Le premier rendez-vous est le G20, auquel le président Vladimir Poutine assistera mais uniquement par vidéoconférence. Pour les autres questions urgentes à soumettre à la Russie, les membres de l’OTAN peuvent faire appel à Bruxelles.