• Les primaires du début du mois de septembre, ouvertes, simultanées et obligatoires, vaste sondage national des intentions de vote, tel qu’on les conçoit dans l’imaginaire collectif argentin, ont déclenché une crise au sein de la coalition péroniste au pouvoir, très divisée. Si les résultats des primaires se répètent, cette coalition perdra alors 6 sièges au Sénat et devra négocier avec l’opposition pour atteindre le quorum et tenir des séances
  • Les sondages récents ont montré que le parti au pouvoir avait perdu 8 points par rapport à la principale opposition, une alliance de centre droit, Juntos Por el Cambio (Ensemble pour le changement). Cela pourrait entraîner une perte de majorité au Sénat et donc une plus grande difficulté à gouverner1 à moins de deux ans des élections présidentielles   
  • La vaccination progresse (58,1 % de la population est complètement vaccinée) et la stratégie de fermeture complète des frontières pour retarder l’arrivée du variant Delta semble avoir été un succès.  
  • Les péronistes au pouvoir depuis 2019 font néanmoins face à une contestation sociale, notamment à La Matanza, un quartier de Buenos Aires concentrant les classes populaires et comptant près d’un million d’habitants, qui a jusqu’ici toujours été fidèle aux péronistes. Mais l’inflation et l’absence de rattrapage des salaires érode la base péroniste dans ce quartier essentiel au pouvoir en place.  
  • L’inflation a en effet dépassé la barre des 50 % alors que l’État est aux prises avec le FMI sur le remboursement de sa dette, de 44 milliards de dollars, et avec les investisseurs, l’État étant accusé d’effrayer les investisseurs étrangers du fait de son interventionnisme2. Cecilia Nicolini, conseillère du président argentin, revenait dans nos colonnes sur la nécessité de construire une économie pouvant faire face à des crises économiques récurrentes.
  • La priorité pour l’Argentine est de relancer la consommation privée, du fait de son poids macroéconomique important (elle représente environ 70 % du PIB du pays). Plusieurs mesures de relance sont prévues : l’augmentation des retraites et du salaire minimum ; le rétablissement du Revenu familial d’urgence mis en place pendant la pandémie ou encore l’augmentation du minimum non imposable de l’impôt sur le revenu. 
  • Notre entretien d’avril 2021 avec l’ancien Président colombien, Ernesto Samper, et l’ancien ministre des Affaires étrangères équatorien, Guillaume Long, a été l’occasion de se questionner sur l’avenir de la gauche progressiste en Amérique latine. Ernesto Samper mettait l’accent sur la dimension positive du processus progressiste dans la région avec « l’élection d’Andres Manuel López Obrador au Mexique, d’Alberto Fernández en Argentine, la récupération de la démocratie en Bolivie, l’appel à une nouvelle constitution au Chili, et l’élection de Biden. »
Sources
  1. Financial Times, Argentina’s Peronists face uphill battle in midterm elections, Lucinda Elliott, 14 novembre 2021
  2. Reuters, Analysis : Argentina’s Fernandez faces political acid test in midterm vote, Horacio Soria et Juan Bustamante, 12 novembre 2021