• Le gouvernement socialiste d’Antonio Costa est à la tête du régime semi-présidentiel portugais depuis 2015 mais n’est pas majoritaire au Parlement et le Parti Socialiste a besoin du soutien des trois autres partis avec lesquels il a signé des accords bilatéraux : le PCP, les Verts, et le Bloc des Gauches, pour pouvoir gouverner dans le cadre de cette union de la gauche surnommée par certains “geringonça”1.
  • L’alliance de ces quatre partis est inédite en quarante ans de vie politique2, alors que la coalition de droite au pouvoir depuis 2011 était majoritaire dans les sondages et que la potentielle alliance de gauche faisait face à des dissensus notables, notamment sur les questions européennes, le PS étant pro-européen et pro-euro face à un PCP et un Bloc des Gauches bien plus sceptiques voire hostiles. 
  • Cette alliance a fini de se désagréger depuis 2019, avec le début du second mandat d’Antonio Costa. La loi de Finances 2021 avait déjà fait face à des oppositions – le Bloc des Gauches avait voté contre tandis que communistes et Verts s’étaient abstenus – du fait des déceptions causées à l’extrême gauche par la politique du gouvernement socialiste. Les alliés du Parti Socialiste demandent alors plus que les hausses des retraites et du budget du service de santé prévues, et notamment des mesures pour réformer le Code du travail.
  • Du refus du gouvernement d’augmenter le salaire des enseignants au message chaleureux du Président Costa à Emmanuel Macron, la coalition a connu une série de crises depuis 20193, malgré la qualité de son bilan économique, le taux de chômage étant passé de 17 % lors de la crise du début des années 2010 à 6 % en 2019. Le taux de chômage était, en avril 2021, de 6,5 %.  
  • Le Président, Antonio Costa, menace le Parlement d’une dissolution si le projet de loi n’était pas voté du fait de l’opposition de ses alliés de gauche. Les élections législatives, qui n’étaient prévues qu’en 2023, pourraient donc être avancées. Une décision risquée alors que Lisbonne a été gagnée, le 26 septembre dernier, par le centre-droit, mettant à sa tête l’ancien commissaire européen Carlos Moedas, même si le PS a été majoritaire dans les élections municipales du pays. 
Sources
  1. Que l’on peut traduire par “bidule” ou “truc”.
  2. Le Monde Diplomatique, « Geringonça », l’alliance inattendue, Marie-Line Darcy et Gwenaëlle Lenoir, octobre 2017
  3. Le Monde, La coalition de gauche au pouvoir au Portugal résiste aux scandales, Marie Charrel, 24 mai 2019