• Le centre de recherche du William & Mary College, qui s’intéresse au développement international, a dévoilé qu’une dette de 385 milliards d’euros avait été dissimulée aux pays emprunteurs ainsi qu’aux institutions internationales par les autorités chinoises dans le cadre du projet des Nouvelles routes de la soie (BRI)1
  • L’étude publiée par le laboratoire AidData porte sur 13 427 projets se déroulant dans 165 pays et dont le coût s’élève à 843 milliards de dollars. Le projet BRI, qui a été présenté en 2013, prévoit un investissement de 8 000 milliards de dollars. Entre 2013 et 2017, la Chine aurait investi près de 85,4 milliards de dollars par an contre 37 milliards pour les États-Unis. 
  • AidData révèle les méthodes utilisées par la Chine pour continuer à octroyer des prêts aux pays dont la dette est déjà trop importante. Les banques chinoises auraient ainsi développé des mécanismes de prêt à des acteurs non-étatiques, et AidData affirme que 70 % des prêts effectués par la Chine et ses banques à l’étranger étaient dirigés vers des acteurs non étatiques, qu’il s’agisse d’entreprises et de banques publiques ou d’institutions privées.2
  • Par ailleurs, AidData effectue des comparaisons entre d’une part les projets de la période pré-2013 et les projets des Nouvelles routes de la soie (BRI) et d’autre part entre les projets chinois dans le cadre de la BRI et hors de ce cadre. 35 % des projets d’infrastructures de la BRI ont ainsi rencontré des problèmes de mise en place liés notamment à des scandales de corruption ou à des manifestations publiques contre 21 % pour les projets hors BRI. 
  • Les chercheurs du laboratoire du College of William & Mary révèlent également que les prêts octroyés par la Chine aux pays pauvres ou en voie de développement le sont selon des conditions moins avantageuses que les prêts des institutions multilatérales ou des pays de l’OCDE. Ainsi, un prêt typique effectué par la Chine se fait, selon les chercheurs, avec un taux d’intérêt de 4,2 % et une période de remboursement de moins de dix ans quand les prêts de pays comme l’Allemagne ou la France se font à un taux moyen d’1,1 % sur une période de 28 ans.  
  • Ces révélations interviennent après la publication en France du rapport de l’IRSEM sur la « stratégie d’influence chinoise » dans son rapport de septembre 20213, une stratégie ayant notamment pour but de déstabiliser les pays concurrents. Selon ce rapport, l’Armée populaire de libération, un des acteurs principaux de la stratégie chinoise, mènerait ainsi trois guerres : la guerre de l’opinion publique, la guerre psychologique et la guerre par le droit. 
  • La Chine va faire face à certains défis internationaux dans les prochaines années. Les États-Unis ont en effet annoncé le lancement d’un nouveau projet d’investissement national post-Covid19, le Build Back Better program, qui s’élève plusieurs milliers de milliards de dollars et qui aura notamment pour but d’investir dans les infrastructures vieillissantes du pays et dans la lutte contre le réchauffement climatique. De même, Ursula von der Leyen a annoncé dans son discours sur l’état de l’Union le projet Global Gateway ayant pour but de concurrencer la BRI.
Sources
  1. https://docs.aiddata.org/ad4/pdfs/Banking_on_the_Belt_and_Road__Insights_from_a_new_global_dataset_of_13427_Chinese_development_projects.pdf
  2. AidData’s new dataset of 13,427 Chinese development projects worth $843 billion reveals major increase in ‘hidden debt’ and Belt and Road Initiative implementation problems
  3. Vie de l’IRSEM – RAPPORT