• La ministre des Affaires étrangères australienne Marise Payne ainsi que le ministre de la Défense Peter Dutton vont rencontrer leurs homologues coréens aujourd’hui pour la cinquième fois depuis la création de ce format, dont la dernière échéance remonte à décembre 2019. Ce rendez-vous a vocation à évaluer les conditions de la coopération régionale entre les États, dans une zone où les alliances se multiplient pour contrer la puissance chinoise et promouvoir un « Indo-Pacifique libre et ouvert ». En juin dernier, Josep Borrell appelait dans le Grand Continent l’Union européenne à « intensifier son engagement stratégique dans l’Indo-Pacifique et sa coopération avec les acteurs de la région », délimitant pour la première fois les grandes lignes de sa doctrine en matière d’Indo-Pacifique.
  • Après s’être rendus en Indonésie jeudi dernier puis en Inde samedi, c’est au cours de la Corée du Sud de faire l’objet d’une visite dont les débouchées pourraient être significatives. En effet, il est attendu que les deux pays signent pour l’occasion un traité de coopération de défense concernant l’achat de véhicules militaires par l’Australie, dans le cadre du renouvellement d’un accord préexistant qui devrait être annoncé en octobre, à l’occasion des 60 ans de l’établissement de relations diplomatiques entre les deux pays1.
  • Comme bien souvent dans la région, même si les différents partis font l’effort de ne pas la mentionner lorsqu’ils évoquent des « menaces » ou des « tensions », la Chine n’est jamais très loin. Malgré son poids relatif en comparaison des géants économiques que sont l’Inde et le Japon dans la région, l’Australie s’est placée — particulièrement depuis quelques années — comme la promotrice du concept d’une « Asie non-chinoise ».
  • Membre des « Five Eyes » ainsi que du format « Quad » (Quadrilateral Security Dialogue), l’Australie entend également impliquer davantage les États-Unis dans la région, dont le récent retrait militaire d’Afghanistan a envoyé un message ambigu pour les alliés historiques clefs de Washington. Dans cette optique, les deux ministres australiens continueront ce « grand tour » à Washington pour la première réunion du format de ce type entre les deux pays2.
  • Le renforcement de la coopération dans les domaines économiques et militaires entre l’Australie et les principaux acteurs régionaux — à l’exception de la Chine — est un objectif dont les ambitions ont été consacrées dans le dernier document « Defence Strategic Update », publié l’an dernier3. Dans ce dernier, le gouvernement australien déplorait une « détérioration plus rapide qu’anticipée du paysage stratégique australien », appelant à un renforcement de la politique de coopération du pays en termes de défense.
  • S’il est difficile de réduire la relation et la coopération stratégique entre les deux pays à un commentaire global, un nombre significatif d’auteurs et de chercheurs s’accordent à la qualifier de « sous-développée »4. Cet état de fait s’explique par les différences de vision importantes qui règnent sur l’équilibre des puissances qui doit exister dans la région, concernant notamment le rôle et le poids que les États-Unis devraient y tenir5. Le diplomate et universitaire Kishore Mahbubani a tenté de donner quelques clés pour démêler cette « énigme » ici.
Sources
  1. Jon Grevatt, « South Korea, Australia prepare updated defence agreement », Janes, 17 août 2021.
  2. Ministère des Affaires étrangères australien, « Joint visit to Indonesia, India, the Republic of Korea, and the United States », 8 septembre 2021.
  3. Département de la Défense australien, « 2020 Defence Strategic Update », 2020.
  4. UWA Defence and Security Institute, « Black Swan Strategy Paper », septembre 2021.
  5. Peter Dean, « Small hints of a bigger opportunity in Australia- South Korea ties », The Interpreter, 13 septembre 2021.