• Pour sa deuxième série de visites officielles à l’étranger (après s’être rendue au Mexique et au Guatemala en juin dernier), la vice-présidente américaine entame une visite de plusieurs jours à Singapour, avant de se rendre au Vietnam. Les objectifs de cette visite ont été clairement définis en amont : renforcer les coopérations existantes entre les États-Unis et les pays de la région, et lutter contre l’influence de la Chine1.
  • La cité-État de 5 millions d’habitants au Sud de la Malaisie occupe une place importante dans la stratégie américaine en Indopacifique. Premier port de la région, partenaire commercial important, Singapour dispose également d’une base navale (Changi) utilisée par les marines américaine et britannique.
  • Celle-ci occupe une place importante dans la relation entre les deux pays qui défendent tous deux le principe de libre navigation dans la région. Les revendications territoriales de Pékin en mer de Chine méridionale conduisent à une présence militaire accrue de la marine chinoise en Indopacifique, qui entrave la libre circulation de navires marchands (la part des exportations dans le PIB de Singapour rend le pays vulnérable aux instabilités commerciales).
  • Dans cette perspective, les États-Unis considèrent que seule une forte présence militaire américaine dans la région peut assurer le respect du droit international et de la liberté de navigation. Toutefois, l’équilibre est dangereux. Singapour — comme un nombre important de pays dans la région — ne souhaite pas s’opposer frontalement à la Chine et partage une vue bien moins systémique de l’affrontement entre les deux grandes puissances2
  • Ainsi, pour son premier jour de visite à Singapour, Kamala Harris n’a pas mentionné une seule fois la Chine, mais a « réaffirmé l’engagement des États-Unis à travailler avec leurs alliés et partenaires de la région indo-pacifique pour faire respecter l’ordre international fondé sur des normes et la liberté de navigation »3.
  • Plusieurs accords bilatéraux ont été renouvelés ou créés, garantissant la rotation d’avions et de navires de combat américains basés à Singapour, établissant une coopération dans le domaine de la cybersécurité, de la lutte contre le Covid-19 et contre le changement climatique, à travers la promotion de smart cities et de normes de constructions écologiques dans les pays de l’ASEAN.
  • L’actualité brûlante en Afghanistan rend la visite encore plus sensible qu’elle ne l’était initialement, alors que le chaos laissé par les États-Unis après le retrait de leurs troupes du pays interroge sur la relation qu’ils entretiennent avec leurs alliés4. De mardi à jeudi, Kamal Harris se rendra au Vietnam : elle sera la première vice-présidente américaine à s’y rendre dans le cadre d’une visite officielle.
Sources
  1. Nandita Bose, « Harris to push back on China’s South China Sea claims during Asia trip », Reuters, 4 août 2021.
  2. Bonnie S. Glaser et Gregory Poling, « China’s Power Grab in the South China Sea. How to Build a Coalition to Confront Beijing », Foreign Affairs, 20 août 2021.
  3. Nandita Bose, « Kamala Harris says U.S. focus on Afghan evacuations, pledges open South China Sea », Reuters, 23 août 2021.
  4. Alberto Nardelli, « Biden Assured Allies in June U.S. Would Ensure Kabul’s Stability », Bloomberg, 20 août 2021.