En novembre 2020, les élections étudiantes de nombreuses universités libanaises (LAU, AUB, USJ, RHU…) ont été marquées par la victoire de listes indépendantes, propulsées par les « Secular Clubs » (clubs laïcs). Ces listes indépendantes portent les revendications des mouvements du 17 octobre dont la principale est l’anti-sectarisme. En effet, les dynamiques sectaires et clientélistes du système politique libanais, responsables de la crise actuelle, se prolongent jusque dans le paysage universitaire. Les clubs laïcs, dont émanent ces listes indépendantes, existent pour certains depuis plus d’une dizaine d’années mais ont connu un véritable élan ces deux dernières années. À l’échelle universitaire, les étudiants sont le fer de lance des mouvements de contestation et ambitionnent d’ouvrir la voie à un renouveau démocratique au Liban. Au cœur de ce mouvement réside la laïcité, pour sortir du sectarisme et penser une identité citoyenne, libanaise qui primerait sur l’appartenance confessionnelle. Nous avons rencontré deux étudiants appartenant à ce mouvement.

Verena el Amil a étudié le droit à l’Université Saint Joseph (USJ). Elle est actuellement étudiante en master 2 de droit comparé à Paris I mais suit les cours en ligne depuis le Liban. Elle a initié le mouvement Taleb – volet électoral qui rassemble les clubs laïcs. Elle écrit des articles politiques, et est également membre du comité directeur du réseau Mada – réseau de jeunes et d’étudiants qui réunit les clubs laïcs des différentes universités du Liban.

Ramy Shayya est étudiant en dernière année d’architecture à l’université LAU (Lebanese American University). Il est vice-président du club laïc de LAU et fait partie du réseau Mada.

Pourriez-vous présenter le mouvement des « secular clubs » et notamment, comment et pourquoi les différents clubs laïcs ont été fondés ?

Verena : Le mouvement a commencé en 2008 à AUB (American University of Beyrouth) puis à l’USJ en 2011. Il a été actif par intermittence jusqu’en 2017, date à laquelle il a été véritablement ravivé à l’USJ via le mouvement Talib (liste électorale du club laïc) puis à l’AUB. Les deux clubs se sont développés après le soulèvement1. Depuis les élections étudiantes, une dizaine de clubs sont actifs à LAU, AUB, USJ… Avant d’être ravivés, il s’agissait parfois de clubs de débat plus que de clubs politiques2. Depuis 2017, les clubs sont davantage devenus politiques.

Ramy : À LAU, le club a été fondé cette année (scolaire – 2020/2021) en collaboration avec le réseau Mada qui rassemble plusieurs clubs laïcs. Les étudiants engagés en politique ont voulu former un club pour partager leurs opinions politiques et faire émerger de nouvelles idées, auparavant absentes de la vie universitaire ou de la vie de campus.

Pourquoi y a-t-il eu un renouveau en 2017 ?

Verena : Je ne parle pour ma part que du club de l’USJ. Après la crise de 2015, le mouvement « Beyrouth madinati » a été créé pour les élections municipales de 20163. Des candidats indépendants se sont présentés dans les premiers cantons. Les gens ont senti un nouvel espoir de changement. Je pense que cela a joué en notre faveur.

Il faut savoir qu’il n’y avait pas de troisième voie : il y avait la coalition du 8 mars (Hezbollah et Amal notamment) et la coalition du 14 mars (le Courant du futur, les Forces Libanaises et les Kataëb entre autres). Il n’y avait pas de troisième voie, aucun candidat indépendant.

En 2016, à l’USJ, nous avons essayé de créer une troisième voie avec la création de la liste safha bayda (« page blanche ») qui était apolitique. J’ai commencé avec eux puis je suis partie parce que je voulais quelque chose de plus politique et non pas indépendant par défaut.

En 2017, nous avons fondé le mouvement Talib qui est devenu la liste électorale du club laïc de l’USJ. Il y a eu ensuite des hauts et des bas, notamment après les élections législatives4 qui ont suscité une forte déception car sur 66 candidats, un ou deux seulement ont été élus. 

Mais après le soulèvement, c’est devenu plus important, il y avait plus d’espoir, d’autant plus après l’explosion et les dernières élections (étudiantes). Le mouvement a acquis une autre dimension parce que nous avons maintenu un discours politique clair et que nous avons continué à nous organiser.

Ramy : Nous, nous avons choisi de nous appuyer sur ce qui avait été fait dans d’autres clubs, d’autres clubs laïcs, et d’autres mouvements hors des universités. Dans mon université, il y avait cette règle, et il y a toujours cette règle, qui est de garder le campus apolitique : ne pas laisser entrer la politique dans le campus. Mais cela entérinait l’hégémonie des partis politiques traditionnels car même s’ils n’étaient pas officiellement présents dans un club, les listes pour les élections étudiantes représentaient en réalité toujours des partis sectaires. Même si rien, évidemment, n’est officiel. Et cela se manifeste également dans les clubs etc. C’est pourquoi aujourd’hui nous essayons de changer le paysage politique au sein du campus tout en travaillant aux problèmes hors campus bien sûr.

Dans mon université, il y avait cette règle, et il y a toujours cette règle, qui est de garder le campus apolitique : ne pas laisser entrer la politique dans le campus. Mais cela entérinait l’hégémonie des partis politiques traditionnels car même s’ils n’étaient pas officiellement présents dans un club, les listes pour les élections étudiantes représentaient en réalité toujours des partis sectaires. Même si rien, évidemment, n’est officiel.

Ramy Shayya

Pouvez-vous revenir sur les valeurs du club laïc : quelle est votre définition de la laïcité, qu’entendez-vous par anti-sectarisme / anti-confessionnalisme ?

Ramy : Il faut tout d’abord revenir sur ce qu’est le système politique libanais. Les partis confessionnels représentent la manière dont les gens se perçoivent. Les gens sont représentés au Parlement selon leur appartenance confessionnelle : il y a un nombre de sièges, un quota par parti confessionnel. Cette division et ces quotas se retrouvent également dans d’autres institutions. Les Libanais sont mobilisés en politique selon leur appartenance confessionnelle. Les gens ne se perçoivent pas comme appartenant à d’autres groupes. Ils ne voient pas un intérêt commun ou une identité commune dans l’appartenance à un même corps de métier comme être enseignant, ou encore à une même classe sociale ou à un niveau de revenu etc. La politique est institutionnalisée de manière à ce que les gens ne voient pas leur véritable intérêt. C’est pourquoi nous avons besoin de laïcité. Elle est si importante, afin de pouvoir politiser les gens selon leurs vrais problèmes, leurs intérêts véritables et non les intérêts de ces partis sectaires.

Verena : Oui, comme Ramy le disait, notre vision de la laïcité est fondée sur une opposition au sectarisme/confessionnalisme. Le discours politique sectaire nous divise selon notre confession dans le seul but de nous diriger. Je pense que notre vision de la laïcité est simplement la séparation entre l’État et la religion afin de protéger toutes les confessions, même les plus minoritaires. Pour protéger la diversité et les droits de tous les citoyens. Dans la Constitution et dans notre 9e article, il y a le principe d’égalité entre les citoyens. Nous voulons être traités à égalité et avoir une relation directe à l’État et non via les Églises ou la Mosquée. Mais cela ne signifie pas forcément une laïcité à la française.

Verena, tu parlais plus tôt du problème d’une indépendance « par défaut », comment faites-vous pour que votre lutte évite cet écueil ?

Verena : Ce système ouvre la porte à des partis politiques sectaires et leur donne la possibilité de gouverner. Nous pensons qu’il faut changer le système. Le problème n’est pas seulement le confessionnalisme mais également le clientélisme qu’il sous-tend. Dans la fonction publique, il y a des quotas selon la confession : s’il y a un concours pour être juge, ils ne vont pas simplement prendre les meilleurs mais prendre disons 5 maronites, 6 musulmans, 3 druzes… Le problème n’est donc pas simplement dans la division confessionnelle mais dans le fait que ceux qui sont choisis vont être choisis au sein de ces partis politiques parce qu’ils y appartiennent. Il faut une rupture radicale qui passe par un changement de système pour rétablir l’égalité, mettre fin à la corruption et créer une véritable citoyenneté.

Ce système ouvre la porte à des partis politiques sectaires et leur donne la possibilité de gouverner. Nous pensons qu’il faut changer le système. Le problème n’est pas seulement le confessionnalisme mais également le clientélisme qu’il sous-tend.

Verena el Amil

Ramy : En ce qui concerne le mouvement que nous soutenons au club laïc ainsi que pour le réseau Mada et de nombreuses autres forces de l’opposition, nous avons véritablement quelque chose de nouveau à offrir. Nous voulons un autre mode de représentation de la population, par exemple au Parlement et dans les institutions. Nous voulons redonner à l’État son véritable rôle, à savoir être au service du peuple. Aujourd’hui, les partis sectaires créent des réseaux clientélistes. Ils offrent certains services à certaines personnes : d’une certaine manière, ils les achètent. Ils achètent leurs voix en leur offrant certains biens, certains services et utilisent pour cela l’État qui ne remplit plus sa fonction, à savoir servir chacun et fournir ce à quoi chacun a droit (l’accès aux soins médicaux, par exemple).

Est-ce que vous remettez en cause directement la Constitution, les accords de Taef ?

Verena : Pour être honnête, selon moi, les accords de Taef n’ont jamais été véritablement appliqués. Mais même s’ils étaient véritablement appliqués, je pense tout de même que nous avons besoin d’un nouveau contrat social, parce que nous ne devrions pas oublier que les accords de Taef ont été conclus après la guerre civile, il y a trente ans. Dans ces accords, il était mentionné qu’il s’agissait d’une transition. Ce n’était pas la Constitution définitive.

Pensez-vous que ce sentiment d’appartenance sectaire est en train d’évoluer progressivement ?

Verena : Je pense que les étudiants ne se sentent plus autant appartenir qu’auparavant aux partis politiques traditionnels. Oui, je pense qu’il y a plus de gens et notamment de jeunes qui quittent les partis traditionnels et cherchent de nouvelles alternatives politiques. 

Vous employez souvent le terme « citoyenneté » ; cette question de la construction d’une citoyenneté m’évoque par exemple la problématique de l’absence de mémoire commune sur la guerre civile. Comment alors construire une citoyenneté ?

Verena : Oui en effet, nous ne sommes pas allés de l’avant après la guerre civile car nous n’avons pas de mémoire commune, nous n’avons pas d’histoire commune, nous n’avons pas réussi à en construire une. Selon moi, au moment du soulèvement, il y aurait pu avoir une réconciliation. Si l’on revient aux débuts du soulèvement, des personnes de toutes les religions avaient le même slogan « one heart beating » (« un seul cœur qui bat »). C’était comme si nous avions le sentiment d’avoir une identité commune, peut-être d’appartenir à un même pays comme des citoyens égaux. Mais une fois de plus, les partis sectaires ont voulu supprimer ce sentiment, ils ont voulu infiltrer nos mouvements avec des discours sectaires…

Ramy : C’est vrai que nous n’avons pas une mémoire commune, et que nous n’avons pas tourné entièrement la page de la guerre civile. C’est parce que nous n’avons pas fait cela que nous voulons sortir les gens de leurs appartenances confessionnelles, et les amener à se percevoir autrement que par ce prisme sectaire. Nous voulons faire en sorte que les gens ne s’identifient pas qu’à travers ce groupe dans lequel ils sont nés, mais qu’ils s’identifient aussi avec des personnes avec lesquelles ils ont partagé des expériences. Il ne s’agirait pas nécessairement exactement d’un sentiment nationaliste, mais simplement d’une expérience humaine de solidarité, se protéger et s’aider les uns les autres.

Nous voulons faire en sorte que les gens ne s’identifient pas qu’à travers ce groupe dans lequel ils sont nés, mais qu’ils s’identifient aussi avec des personnes avec lesquelles ils ont partagé des expériences.

Ramy Shayya

Est-ce que, selon vous, les idées du club laïc trouvent un écho uniquement chez les jeunes éduqués, ou même chez les jeunes en général, ou existe-t-il un soutien plus vaste dans le reste de la population ?

Verena : C’est un mouvement étudiant mais si nous nous intéressons à l’Histoire, des mouvements étudiants ont réussi à changer le cours de l’histoire de tout un pays ; pour le meilleur parfois, pensons à mai 68, et même au Liban aussi cela a existé. Je pense qu’aujourd’hui nous avons acquis un soutien plus général dans la société. Nous le faisons, et c’est notre devoir, de prendre des initiatives politiques, de manifester, d’être militants sur des sujets plus généraux qui ne concernent pas simplement les étudiants ou les jeunes mais la société tout entière. C’est le défi maintenant : changer les choses à l’échelle nationale.

Ramy : Nous essayons de créer des mouvements, des syndicats à l’échelle régionale dans une approche décentralisée. Nous essayons de toucher, d’atteindre différentes communautés. Les gens voient que certaines personnes pour lesquelles ils avaient de l’estime cherchent leur propre profit et non l’intérêt commun comme le gouverneur de la banque libanaise (Riad Salamé). 

Comment procéder pour créer ce sentiment de citoyenneté, d’appartenance à quelque chose de plus vaste que sa confession ? 

Verena : Notre manière de procéder part du bas vers le haut et consiste à s’organiser depuis le terrain, depuis l’échelon local, universitaire, municipal etc. et à travers les associations, les syndicats, les municipalités… 

Ramy : Dans les groupes ou mouvements que j’ai rencontrés, différentes manières de procéder sont privilégiées. Il existe cette approche « bottom-up », par les racines ; mais comme je le disais on essaye aussi de privilégier une approche par région, et non par confession. On passe également par une stratégie « entriste » en essayant de changer de l’intérieur, par la représentation, et de faire du lobby pour que certains services soient pris en charge par le gouvernement. On essaye d’informer en soulignant certaines actions de la classe politique, en montrant comment certaines lois servent les intérêts de ceux qui les votent. 

Verena : Ce que nous voulons, c’est être plus politique et permettre au discours d’atteindre un niveau plus politique.

Comment agissez-vous : quelle est votre méthode d’action sur le terrain ? et quels sont vos plans pour la suite ? 

Verena : Nous agissons surtout sur les campus, dans les universités. Il y a beaucoup de manifestations au sein des campus et on passe aussi sur les réseaux sociaux. 

Ramy : On agit en prenant part aux manifestations, ou en participant lors des élections législatives ou municipales et en mobilisant les divers clubs laïcs des universités comme celui de l’USJ. On se demande quel est le meilleur outil pour faire valoir nos actions. Les élections peuvent être l’un d’entre eux. On mène aussi des campagnes au sein des universités. À LAU et à l’AUB on essaye de mener une campagne pour défendre les droits des étudiants car les frais de scolarité ont augmenté et les étudiants ne peuvent pas suivre. On tente de les aider par la voie légale : une procédure judiciaire est en cours. On agit au niveau du Parlement et des lois qui sont passées, par exemple en participant à des coalitions, comme la coalition sur l’indépendance de la justice.

Comment avez-vous perçu l’intervention du Président français l’année dernière ? 

Verena : L’arrivée de Macron a donné aux Libanais l’impression qu’il était présent pour eux, contrairement à nos hommes politiques. Mais malheureusement, Macron a redonné de la légitimité et de la crédibilité aux hommes politiques au pouvoir en disant qu’ils étaient élus, que le Liban était une démocratie. Il a contribué à apaiser la colère des Libanais en les incitant à attendre. Il a fait croire aux Libanais qu’il avait la solution. Macron a discuté avec les hommes politiques des partis traditionnels et responsables de la situation car selon lui, ils ont été élus. Mais d’une part, ils ont été élus avant le mois d’août et une telle catastrophe devrait rebattre les cartes. Et d’autre part, la démocratie ne se résume pas à des élections. Élections qui sont en plus truquées. J’ai assisté à une fraude électorale : l’urne était déjà ouverte et ils l’ont prise pour recompter les voix, ils ont demandé aux gens indépendants de sortir pour recompter. La candidate de la société civile a perdu. Enfin, la démocratie ne repose pas uniquement sur les élections, surtout quand elles sont truquées, elle repose aussi sur la séparation des pouvoirs. Or, au Liban, le pouvoir judiciaire dépend du pouvoir politique, des hommes politiques. Après le 4 août la classe politique a perdu toute légitimité et Macron leur a redonné cette légitimité. C’est le pire qui soit arrivé après la tragédie du 4 août. Sans Macron, les Libanais ne se seraient pas calmés, mais ils ont eu confiance en lui.

L’arrivée de Macron a donné aux Libanais l’impression qu’il était présent pour eux, contrairement à nos hommes politiques. Mais malheureusement, Macron a redonné de la légitimité et de la crédibilité aux hommes politiques au pouvoir en disant qu’ils étaient élus, que le Liban était une démocratie. Il a contribué à apaiser la colère des Libanais en les incitant à attendre. Il a fait croire aux Libanais qu’il avait la solution.

Verena el Amil

Le ministre des Affaires étrangères a rencontré des membres de l’opposition hier. Pour vous, cette opposition est-elle indépendante ? Que pensez-vous de cette visite ? 

Verena : Tous les partis de l’opposition sont indépendants, sauf un qui appartient au système. Il a rencontré l’opposition et des groupes politiques émergents qui sont indépendants. Je connais un groupe qui a reçu l’invitation mais qui a refusé de participer à la rencontre. Moi, je ne suis pas contre : je pense que c’est important de montrer à la France et à travers elle à la communauté internationale qu’il y a d’autres opinions au Liban que celles diffusées par les médias et les partis traditionnels.

Ramy : Après le 4 août, il y avait beaucoup de colère, la visite de Macron a fait taire cette colère en disant aux gens : restez calme et attendez encore ! Ce qui aurait pu s’enflammer s’est éteint. D’autre part, si notre groupe a refusé cette rencontre, c’est parce qu’il y a encore de la méfiance quant à savoir si le gouvernement français a vraiment changé ses positions et arrêté de soutenir la classe politique et économique5. Si le gouvernement français a à cœur les intérêts des Libanais, il peut prendre des mesures comme geler les actifs financiers de la classe politique corrompue. L’autre problème, c’est que la solution ne doit pas venir de l’extérieur mais du peuple libanais. Il ne faut pas imposer une solution, celle-ci doit forcément venir de l’intérieur. 

Comment voyez-vous la situation actuelle ? 

Ramy : Il y a beaucoup de difficultés à accéder à certaines ressources, des produits de base, et des problèmes d’inflation, la situation sanitaire et économique a aggravé le chômage. La misère augmente. Le marché noir devient de plus en plus important. 

Verena : Pour sortir de la situation actuelle, il faudrait une véritable volonté politique. Or, les conditions sine qua non de la solution politique sont incompatibles avec les intérêts du pouvoir. Les hommes politiques ne veulent pas trouver de solution car celle-ci va à l’encontre de leurs intérêts, et elle demanderait qu’ils assument leurs responsabilités. Les banques privilégient leur profit. De même, des millions de dollars ont été transférés à l’étranger et ils l’ont fait alors même que ça empire la situation ici. 

Et l’avenir ? 

Verena : La situation n’est pas facile mais si on n’avait pas d’espoir on ne consacrerait pas toute cette énergie à changer les choses. L’espoir demeure, et c’est notre devoir de changer les choses. Même si nous n’y arrivons pas, au moins nous aurons essayé. Même si nous n’atteignons pas le changement radical que nous visons, nous pouvons réaliser de nombreux progrès en chemin. 

Sources
  1. Soulèvement populaire qui a débuté le 17 octobre 2019.
  2. Club est utilisé dans un sens anglo-saxon pour parler d’une association étudiante.
  3. « Beyrouth madinati » (« Beyrouth, ma ville ») : Mouvement citoyen qui a présenté lors des municipales de 2016 une liste de candidats issus de la société civile.
  4. En 2018.
  5. Ramy mentionne ici le groupe « Li-Haqqi » (groupe distinct du réseau Mada et des clubs laïcs) qui a publié un communiqué expliquant pourquoi il refuse de rencontrer le ministre des Affaires étrangères français : « tout changement tangible de la politique française doit s’inscrire dans une démarche concrète et claire, en commençant par couper les financements européens des réseaux du régime et de ses partis et par boycotter leurs institutions et représentants, par mettre un terme à la vente du matériel militaire français qui sert à réprimer les manifestants libanais, à faciliter le dépôt des poursuites devant les tribunaux français pour savoir qui a transféré de l’argent, à geler les fonds des représentants du système au pouvoir et de contribuer à révéler enfin les circonstances de l’explosion du port. […] ».