• La dernière visite dans la région autonome du Tibet de Xi Jinping remonte à 2011, alors que celui-ci était vice-président de Hu Jintao. C’est également la première fois en plus de 30 ans qu’un président chinois se rend dans cette région autonome créée en 1965, après l’exil du Dalaï-lama six ans plus tôt.
  • Selon les mots de l’agence de presse chinoise Xinhua, Xi Jinping a « inspecté le Tibet, insistant sur la stabilité durable et le développement de haute qualité ». Dix ans après sa première venue officielle au Tibet, la visite du président correspond au 70ème anniversaire de l’invasion du pays par les troupes chinoises en 1951 à la suite de « l’accord sur la libération du Tibet », qui n’ont cessé d’occuper la région depuis.
  • La visite était purement protocolaire. Après avoir atterri dans la ville de Nyingchi après plus de 2 jours de retard, Xi Jinping s’est adonné à la visite d’un temple boudhiste et du Potala (siège du gouvernement tibétain jusqu’à l’exil du dalaï-lama) dans la capitale du Tibet, Lhassa, avant de rendre visite à des fonctionnaires, à qui il a « transmis les attentions du Comité central du PCC ».
  • Le communiqué officiel insiste sur le fait que le président chinois a rendu visite « à des gens ordinaires de divers groupes ethniques », alors que la Chine mène depuis les années 1980 une politique d’incitation d’émigration de la population Han, majoritaire en Chine, afin de « diluer » la population tibétaine, dans un effort plus large de nationalisme ethnique mené par Pékin.
  • Il est indéniable que l’administration chinoise de la région a conduit à des améliorations des conditions de vie des populations. Toutefois, ces progrès ont été réalisés au prix d’une destruction progressive et méticuleuse de la culture et des pratiques religieuses des tibétains, se matérialisant par la destruction de monastères (particulièrement durant la révolution culturelle) ou par l’interdiction faite aux moines de mener une vie régulière.
  • Au-delà des problèmes internes de la région, celle-ci est également investie d’une importante valeur stratégique pour Pékin, puisqu’elle partage sa frontière occidentale avec le nord de l’Inde. En mai 2020, des affrontements ayant causé 20 morts et plusieurs blessés ont éclaté dans la région indienne du Ladakh, à la frontière avec le Tibet. Cette dernière, disputée depuis l’annexion du Tibet, avait conduit à un affrontement en 1962. Depuis, tout porte à croire qu’aucun camp n’entend céder, alors que les deux armées ne cessent d’y déployer toujours plus de moyens.