Le 4 mai se sont tenues les élections anticipées de l’Assemblée de Madrid, l’organe législatif de la Communauté autonome de Madrid. 135 sièges étaient en jeu.
Ces élections sont intervenues à la suite de la chute du gouvernement de coalition minoritaire mené par Isabel Díaz Ayuso (Partido Popular, PPE) avec le soutien du parti libéral Ciudadanos (RE). Mais la séquence politique qui a abouti à la tenue de ces élections anticipées a commencé loin de la capitale : le 25 mars dernier, dans la communauté autonome de Murcie, Ciudadanos avait conclu un accord de coalition avec le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE, S&D) pour faire tomber le gouvernement du Partido Popular. De peur de voir cet accord être reproduit dans la région de Madrid, Ayuso a choisi elle-même de rompre son accord de coalition, ce qui a entrainé le dépôt d’une motion de censure par le PSOE et le parti de gauche Más Madrid (Verts/ALE) qui a été validée par l’assemblée.
Le Partido Popular menée par Ayuso était le favori du scrutin selon les sondages. L’opposition frontale d’Ayuso à la ligne gouvernementale dans la gestion de la crise sanitaire a été payante. La candidate a centré sa campagne sur le slogan « communisme ou liberté » et sur son choix d’avoir gardé les commerces, restaurants et cafés madrilènes ouverts, en opposition franche aux demandes du gouvernement du Premier ministre Pedro Sánchez (PSOE).
- Avec une participation de 76,23 %, en hausse de 12 points de pourcentage par rapport à 2019, Isabel Díaz Ayuso remporte 44,72 % des suffrages et 65 sièges sur les 135, loin devant le PSOE qui réalise le pire score de son histoire dans la capitale en ne remportant que 16,86 % des suffrages et 24 sièges, ce qui place le parti du Premier ministre Pedro Sánchez en troisième position derrière la formation de gauche Más Madrid de Mónica García qui a obtenu 17 % des suffrages.
- Malgré sa victoire incontestable, le Partido Popular ne dispose pas, avec 65 sièges, de la majorité absolue pour gouverner seul la communauté autonome de Madrid. Pour être reconduite présidente de la région, Ayuso devra compter sur l’abstention ou la participation active du parti d’extrême droite VoX (CRE) qui obtient 9,13 % des suffrages et 13 sièges, en progression de 0,3 points de pourcentage par rapport à 2019. Le parti d’extrême-droite obtient un meilleur score que la formation de gauche radicale et partenaire de coalition du PSOE, Unidas Podemos (GUE/NGL), qui recueille 7,21 % des suffrages.
- Pour le parti libéral Ciudadanos (RE), c’est la douche froide. Le parti qui avait obtenu 19,4 % en 2019 et 26 sièges disparaît tout simplement de l’assemblée de Madrid. Avec seulement 3,6 %, il n’a pas dépassé le seuil électoral de 5 % permettant d’obtenir un siège à l’assemblée. Ce résultat illustre une nouvelle fois le déclin de la formation centriste, en errance depuis le départ de son fondateur Albert Rivera en 2019 et largement défait aux élections régionales de Catalogne en février dernier.
- Cette élection est également un choc pour Unidas Podemos, qui, arrivé cinquième derrière VoX, devra désormais composer sans son co-fondateur Pablo Iglesias, qui a annoncé dans la foulée des résultats démissionner de toutes ses fonctions politiques et se retirer de la vie politique « au sens institutionnel du terme ».
- Le clivage gauche-droite matérialisé par deux grands pôles est plus vivant que jamais à Madrid. La fracture entre un bloc de gauche où le PSOE et Más Madrid sont au coude à coude pour le leadership dans la région et un bloc de droite mené par le PP et soutenu plus ou moins activement par VoX est manifeste. Additionnées, les forces de gauche (PSOE+Más Madrid+ Unidas Podemos) comptent pour 41,1 % des suffrages alors que le bloc de droite (PP + VoX) compte 53,8 % des suffrages.