• Les Albanais ont voté hier pour élire les 140 députés de l’Assemblée, dont la composition définira la couleur du gouvernement. La participation est estimée à environ 48 %, soit en légère hausse par rapport à 2017 (46 %) malgré le contexte sanitaire. Les sondages à la sortie des urnes donnent en tête le Parti socialiste (PS, S&D), au pouvoir depuis 8 ans, avec environ 47 % des voix, suivi de près par l’opposition du Parti démocrate (PD, PPE) qui obtiendrait environ 45 % des suffrages. Un parti de centre-gauche dissident, le Mouvement socialiste pour l’intégration (LSI, S&D), obtiendrait un peu plus de 7 %. Les résultats définitifs doivent être connus sous 48 heures. 
  • Le Premier Ministre sortant, Edi Rama, cherchait un troisième mandat après ses victoires de 2013 et 2017. Bien qu’ayant mené le PS à un résultat historique en terme de nombre de voix, et l’ayant maintenu comme premier parti d’Albanie, la grande polarisation de l’élection a vu s’unifier les oppositions : afin de chasser le PS, le LSI devrait apporter son soutien au PD. Le parti de centre-droit pourrait donc revenir au pouvoir après huit ans d’opposition ; son dirigeant, Lulzim Basha (46 ans), ancien maire de Tirana, devrait alors former un gouvernement de coalition. 
  • L’intense polarisation s’explique par le bilan très controversé d’Edi Rama, qui bien que socialiste a mené une politique de libéralisation et de privatisations à grande échelle, ayant même suscité les inquiétudes du FMI. Des scandales sur les programmes de logement et d’aide à la pierre, ainsi qu’une corruption endémique et généralisée ont fait fusionner les critiques de l’opposition contre la personne du Premier Ministre. 
  • La violence de la campagne s’est intensifiée ces derniers jours, avec des affrontements entre groupes rivaux ayant fait plusieurs victimes dans le pays. La journée de l’élection, bien qu’encadrée et reconnue comme un succès démocratique, a été entachée par des attaques localisées de petits groupes ou d’individus sur des bureaux de vote. La récente révélation d’un détournement des données des électeurs de la région de Tirana (un tiers de l’électorat) par le PS au pouvoir avait encore attisé les tensions. 
  • Un aspect clé de la politique d’Edi Rama était le processus d’adhésion à l’UE — les partis albanais sont déjà membres observateurs des partis européens. Son succès aux urnes, malgré son échec face à l’opposition coalisée, dénote le soutien des Albanais à cette voie déjà bien engagée ; au-delà des oppositions de politique intérieure, le nouveau gouvernement de centre-droit devrait également poursuivre cet objectif.