Dipesh Chakrabarty, The Climate of History in a Planetary Age, Chicago University Press
« Au cours de la dernière décennie, l’historien Dipesh Chakrabarty a été l’un des chercheurs les plus influents à s’intéresser à la signification du changement climatique. Selon lui, le changement climatique bouleverse nos conceptions anciennes de l’histoire, de la modernité et de la mondialisation. L’ambition de The Climate of History in a Planetary Age est de s’attaquer à ce que cela signifie et de confronter les chercheurs en sciences humaines à des idées qu’ils ont été réticents à aborder. Dipesh Chakrabarty soutient que nous devons désormais nous envisager sous deux angles à la fois : le planétaire et le global. Le global est une construction centrée sur l’homme, tandis qu’une perspective planétaire décentre intentionnellement l’homme. »
Parution le 22 mars
Jillian C. York, The Future of Free Speech under Surveillance Capitalism, Verso
« Quel est l’impact du capitalisme de surveillance sur notre droit à la liberté d’expression ? Internet promettait autrefois d’être un lieu de liberté extraordinaire, hors du contrôle de l’argent ou de la politique, mais aujourd’hui, les entreprises et les plateformes exercent un contrôle plus important sur notre capacité à accéder à l’information et à partager les connaissances que n’importe quel État. Des appels aux armes en ligne au cœur du printemps arabe à la ligne de front contemporaine de la désinformation, Jillian C. York trace la voie de la guerre pour nos droits numériques. Elle examine à la fois la manière dont les grandes entreprises sont devenues des censeurs inexpérimentés et l’impact dévastateur que cela a eu sur ceux qui ont été censurés. Qui décide de la différence entre débat politique et discours de haine ? Qui réglemente les censeurs ? En réponse à cette menace pour notre démocratie, York propose un mouvement dirigé par les utilisateurs contre les plates-formes afin d’exiger un changement et une nouvelle forme de propriété sur nos propres données. »
Parution le 23 mars
Marlène Laruelle, Is Russia Fascist ? Unraveling Propaganda East and West, Cornell University Press
« Le régime de Vladimir Poutine est de plus en plus accusé d’avoir embrassé le fascisme, comme en témoignent l’annexion de la Crimée par la Russie, son révisionnisme historique, ses attaques contre les valeurs démocratiques libérales et son soutien aux mouvements d’extrême droite en Europe. Mais en même temps, la Russie s’est présentée comme la puissance antifasciste la plus importante du monde en raison des sacrifices qu’elle a consentis pendant la Seconde Guerre mondiale, tout en soulignant la façon dont les opposants à l’Union soviétique en Europe centrale et orientale ont collaboré avec l’Allemagne nazie. Marlène Laruelle analyse attentivement les accusations de fascisme à l’égard de la Russie, en évaluant sobrement leurs origines et leur exactitude. En qualifiant les opposants idéologiques de fascistes, quelles que soient leurs valeurs ou leurs actions réelles, les rivaux géopolitiques sont en mesure d’élaborer leur propre vision du monde et de revendiquer une supériorité morale. »
Parution le 15 mars
Xosé M. Núñez Seixas, Guaridas del lobo. Memorias de la Europa autoritaria, Critica
« Que faire de l’héritage d’un dictateur après sa mort ou sa chute ? Cette mémoire conflictuelle comprend également un héritage matériel allant du tombeau de l’autocrate aux lieux spécifiques liés à ses victimes, ainsi que l’espace public représenté par le journal officiel ou les monuments. Las guaridas del lobo examine comment l’Europe contemporaine a affronté ses propres fantômes, comment elle a redéfini d’une manière particulière les espaces étroitement liés à la biographie et à la mémoire du tyran, et comment elle a intégré – non sans contradictions – ce passé inconfortable dans son propre récit national. À travers l’étude comparative de cas aussi divers que l’Allemagne, le Portugal, l’Albanie, la Roumanie, la France, l’Italie ou la Slovaquie, Xosé M. Núñez Seixas montre les difficultés communes à affronter des passés traumatisants récents, sous la longue ombre d’une galerie de despotes qui s’étend de Hitler à Staline et de Ceausescu à Franco. »
Parution le 31 mars
Hélène Tordjman, La croissance verte contre la nature. Critique de l’écologie marchande, La Découverte
« En s’attelant à décortiquer les ressorts idéologiques, techniques et économiques de « la croissance verte », cet ouvrage dénonce l’illusion de ce modèle prétendument vertueux. Ces initiatives s’inscrivent en réalité dans la lignée du capitalisme financiarisé et approfondissent la crise qu’elles prétendent résoudre.
Fabriquer de toutes pièces des micro-organismes n’ayant jamais existé pour leur faire produire de l’essence, du plastique, ou absorber des marées noires ; donner un prix à la pollinisation, à la beauté d’un paysage ou à la fonction de séquestration du carbone des forêts en espérant que les mécanismes du marché permettront de les protéger ; transformer l’information génétique de tous les êtres vivants en ressources productives et marchandes… Telles sont quelques-unes des « solutions » envisagées aujourd’hui sous la bannière du « développement durable », du « Pacte vert » européen ou du « Green New Deal » pour répondre à la crise écologique. Sont-elles vraiment en mesure, comme le proclament leurs promoteurs, de préserver à la fois le capitalisme industriel et la nature ?
Alors que les nouvelles générations de carburants « bio-sourcés » illustrent la dynamique contre-productive de la logique extractiviste et que l’élargissement du droit de la propriété intellectuelle à toutes les sphères du vivant permet à quelques firmes de s’approprier l’ensemble de la chaîne alimentaire mondiale, l’attribution de prix aux « services écosystémiques », la création de « marchandises fictives » et l’ouverture de marchés de « compensation écologique » entendent empêcher la dégradation de la planète en dématérialisant la nature pour mieux la valoriser à travers de très inventifs outils financiers.
Hélène Tordjman montre ici que, loin d’opérer la rupture nécessaire avec le système qui nous conduit à la catastrophe, ce nouveau régime de « croissance verte » témoigne simultanément d’une volonté d’instrumentalisation de toutes les formes de vie sur Terre et d’une foi inébranlable dans les mécanismes du marché. Refuser la fuite en avant qu’il projette est le premier pas à engager pour imaginer un modèle économique vraiment différent et respectueux de la nature. »
Parution le 25 mars
Christopher Coker, Why War ?, Hurst
« Quelles sont les origines biologiques de l’humanité ? Quels sont les mécanismes, y compris culturels, qui continuent à l’animer ? Quelle histoire lui a permis d’évoluer au fil du temps ? Et quelles sont ses fonctions ? Ce sont les quatre questions de la méthode développée par l’éthologiste néerlandais Niko Tinbergen, lauréat du prix Nobel, pour expliquer le comportement animal. Ce livre soutient que l’application de cette méthode à la guerre – phénomène exclusif à l’espèce humaine – peut nous aider à mieux comprendre pourquoi les conflits sont si persistants.
Christopher Coker explore ces quatre questions de notre passé et de notre présent. Il se penche aussi sur notre avenir post-humain en évaluant les conséquences des progrès scientifiques en matière d’édition de gènes, de robotique et de systèmes d’IA. Il conclut que nous n’assisterons pas à la fin de la guerre tant qu’elle n’aura pas épuisé ses possibilités d’évolution. Des Anciens à l’intelligence artificielle, Pourquoi la guerre ? offre un tour d’horizon de la propension de l’humanité à la guerre et de ses fondements comportementaux, offrant de nouvelles façons de penser à la préoccupation unique et mortelle de notre espèce. »
Parution le 25 mars
Paschalis M. Kitromilides et Constantinos Tsoukalas (dir.), The Greek Revolution. A Critical Dictionary, Belknap Press
« La guerre d’indépendance grecque (1821-1830) est souvent absente des discussions sur l’ère des révolutions. Pourtant, la rébellion contre la domination ottomane a pourtant eu une influence considérable à l’époque et ses résonances se font sentir dans l’histoire moderne. Les Grecs ont inspiré d’autres peuples à se débarrasser de l’oppression qui s’est développée dans le contrecoup de la Révolution française. Et les Européens en général n’étaient guère aveugles à la vue de sujets chrétiens renversant des dirigeants musulmans. Dans ce recueil d’essais, Paschalis Kitromilides et Constantinos Tsoukalas rassemblent des chercheurs qui écrivent sur les nombreuses facettes de la révolution grecque et la situent clairement dans l’ère des révolutions. »
Parution le 25 mars
Edward B. Westermann, Drunk on Genocide – Alcohol and Mass Murder in Nazi Germany, Cornell University Press
« Dans Drunk on Genocide, Edward B. Westermann révèle comment, sous le Troisième Reich, les scènes de consommation d’alcool chez les SS et la police sont devenues une partie intégrante des rituels d’humiliation dans les camps, les ghettos et les champs de bataille d’Europe de l’Est. Westermann montre comment la consommation d’alcool servait de « lubrifiant » aux meurtres de masse, favorisant une « masculinité performative » expressément liée à la violence physique ou sexuelle. Ces expériences enivrantes s’étendaient des réunions de hauts fonctionnaires nazis à la base et étaient pratiquées jusque sur les sépultures de leurs victimes. Westermann soutient que, contrairement à l’idée fausse que l’on se fait souvent des SS et des policiers nazis comme tueurs de sang-froid, ils étaient en fait intoxiqués par l’acte de meurtre lui-même. Drunk on Genocide met en évidence les intersections entre la masculinité, le rituel de la boisson, la violence sexuelle et le meurtre de masse pour exposer le rôle de l’alcool et du rituel de célébration dans le génocide nazi des Juifs européens. »
Parution le 15 mars
Louis Gautier (dir.), Mondes en guerre, tome IV – Guerres sans frontières de 1945 à nos jours, Passés Composés
« Ce quatrième tome marque le terme de cette histoire des Mondes en guerre : à partir de 1945, l’arme nucléaire change la donne et les défis de sécurité se mondialisent. Cette période est qualifiée parfois de « longue paix », ce qui ne signifie pourtant pas, loin s’en faut, l’absence de conflits importants et meurtriers : de la guerre froide et des guerres de décolonisation aux interventions de maintien de la paix sous l’égide de l’ONU, en passant par la lutte contre le terrorisme et l’émergence de nouveaux champs d’action (spatial ou cyber), le monde au quotidien semble même avoir basculé dans un temps de ni guerre ni paix caractérisé par la fréquence des opérations militaires. Après des premiers chapitres posant la trame événementielle, les auteurs livrent des réflexions aussi bien culturelles, politiques, juridiques, stratégiques que techniques et donnent à lire toutes les nuances et contradictions de ce quatrième âge de la guerre. »
Parution le 24 mars
Christian Ingrao, Le Soleil noir du paroxysme. Nazisme, violence de guerre, temps présent, Odile Jacob
« Ce livre de Christian Ingrao a deux facettes. D’une part, c’est un texte d’historien sur des objets historiques situés : les discours, les représentations et les émotions des acteurs du génocide nazi ; le suicide de guerre en Allemagne et au Japon en 1945 ; la médecine d’urgence face aux attentats du 13 novembre 2015. Captivant. D’autre part, c’est un essai pour penser l’histoire, qui expérimente des rapprochements conceptuels et disciplinaires, qui analyse et met à l’épreuve notions et méthodes.
À la fois livre d’histoire et livre sur l’histoire, il présente au lecteur l’œuvre et la fabrique, dans un va-et-vient entre théorie et pratique qui fait la force du propos. Ainsi, la notion de paroxysme est d’abord analysée comme outil théorique pour l’historien, puis appliquée à des objets historiques qui en sont des figures et dont l’auteur est un spécialiste. On découvre l’historien au travail, réfléchissant sur sa démarche et ses concepts avant de les mettre en œuvre pour explorer des passés utiles pour comprendre le présent. Tirant le bilan de vingt années d’enquête sur le nazisme et la violence de guerre aux XXe et XXIe siècles, Christian Ingrao entreprend d’esquisser aussi « un avenir désirable pour l’histoire du temps présent ».
Parution le 3 mars
Luigi Ferrajoli, La costruzione della democrazia. Teoria del garantismo costituzionale, Laterza
« La démocratie est aujourd’hui en crise même dans les pays où, jusqu’à il y a quelques années, elle semblait un système irréversible. Le juriste Luigi Ferrajoli enquête sur les raisons multiples et hétérogènes de cette crise afin de réfuter la conviction paralysante et répandue qu’il n’existe pas d’alternatives à ce qui se passe. Bien sûr, la démocratie n’est pas seulement une construction juridique. Il s’agit avant tout d’une construction sociale et politique, dépendant de présupposés extra-légaux que le droit peut cependant à la fois promouvoir et décourager : la participation des citoyens à la vie publique ; la formation de leur sens civique ; la maturation d’une opinion publique qui prend au sérieux le lien entre paix, démocratie, égalité et droits fondamentaux ; le développement, dans le sens commun, de la conscience des dimensions toujours plus larges des intérêts publics, généraux et communs à l’ensemble de l’humanité, et donc de la nécessité d’une expansion tendanciellement planétaire du constitutionnalisme à la hauteur des puissances, problèmes et défis mondiaux. »
Paru le 18 février
Laurence Badel, Diplomaties européennes, XIXe-XXIe siècle, Presses de Sciences Po
« L’Europe de la diplomatie, dont cet ouvrage propose une histoire inédite, est celle de la cohabitation de ses grands, moyens et petits États, conjuguant diplomatie de puissance, diplomatie commerciale et diplomatie des valeurs, des empires multinationaux aux États-nations. Les diplomaties européennes se caractérisent par la variété des pratiques, que ce soit dans la formation des personnels, la place faite aux femmes, la culture et la langue de négociation ou encore la manière de construire des réseaux et d’affirmer les identités.
La profonde transformation contemporaine du métier de diplomate doit se lire au regard de ces traditions, exposées à la complexité accrue des missions et à l’affirmation d’acteurs paradiplomatiques. Des usages propres à l’Union européenne se mettent en place lentement.Pour autant, les rapports de puissance entre les États de l’Europe et le caractère éminemment politique de leurs échanges économiques et culturels demeurent. »
Paru le 4 février
Selina Todd, Snakes and Ladders. The great British mobility myth, Chatto and Windus
« Les dirigeants politiques affirment que la mobilité sociale est réelle – une juste récompense pour l’ambition et le travail. Ce livre prouve le contraire. Des enfants de domestiques devenus employés de bureau dans la Grande-Bretagne victorienne aux cadres licenciés par le krach financier de 2008, monter ou descendre l’échelle sociale est une réalité de la vie britannique depuis plus d’un siècle. S’appuyant sur des centaines d’histoires personnelles, Snakes and Ladders raconte l’histoire cachée de la façon dont les gens ont réellement vécu cette mobilité sociale, tant vers le haut que vers le bas.
Il montre comment une puissante élite s’est accrochée à son perchoir et a empêché d’autres personnes de s’élever. Il présente également les héros méconnus qui ont créé plus d’espace au sommet, parmi lesquels des éducateurs d’adultes, des féministes et des syndicalistes, dont les réalisations ont libéré les talents cachés de milliers de personnes. Alors que nous sommes confrontés à une succession de crises politiques, Snakes and Ladders affirme que ce n’est qu’en créant de plus grandes opportunités pour que chacun puisse s’épanouir que nous pourrons assurer la survie de notre société. »
Paru le 11 février
Pepijn Brandon et Matthias van Rossum, Nederland en de slavernij : Een wereldgeschiedenis, Unieboek
« Ce livre offre une perspective importante et fondamentalement différente sur l’histoire coloniale. C’est la première histoire mondiale du rôle des Pays-Bas dans la traite des esclaves tant dans l’Atlantique que dans l’océan Indien. Il emmène le lecteur au Suriname, au Brésil, au Ghana, à Java et aux Moluques, ainsi que sur les traces de la traite des esclaves, moins connue, à Taïwan, en Inde, au Sri Lanka, au Mozambique, à Sao Tomé, à Berbice et en Virginie.
Il montre que l’esclavage n’est pas un aspect marginal de l’histoire des Pays-Bas, mais qu’il a joué un rôle déterminant dans l’économie, la société et la pensée néerlandaises. Enfin, il nous apprend que le rôle des Pays-Bas dans l’esclavage a toujours été controversé et que la résistance individuelle et collective des esclaves a toujours été présente. »
Parution le 16 mars
Michel Foucher, Arpenter le monde. Mémoires d’un géographe politique, Robert Lafont
« Riche de ses voyages dans quelque cent vingt-cinq pays – les deux tiers des États membres des Nations unies –, Michel Foucher explore ici les voies d’une géographie vécue comme active et engagée : en chercheur et cartographe, consultant et diplomate, analyste et témoin impliqué. Enquêtes de terrain et entretiens forment, pour ce grand spécialiste des frontières, la matière première de la géographie – une géographie débouchant sur une géopolitique appliquée. Car Michel Foucher en est convaincu : il est souvent possible d’anticiper les tensions si l’on donne aux représentations spatiales leur juste place dans l’imaginaire des peuples et des acteurs publics.
Après une longue carrière, le temps était venu pour lui de procéder à ce que les officiers de l’armée de terre nomment un « retour d’expérience », ou « retex » – analyse sans concession des succès et des échecs. Confrontant les passés étudiés aux présents observés, ces Mémoires dessinent une carte passionnante des enjeux du monde contemporain. »
Paru le 18 février