Anne Cheng (dir.), Penser en Chine, Folio

«  Est-il encore permis de penser tout haut, ou de penser tout court, dans un pays qui fait tant parler de lui sans qu’il soit possible d’y prendre la parole librement  ? Comment, dans la furieuse déferlante de nouvelles qui nous arrivent quotidiennement de et sur la Chine, distinguer d’autres voix que celles des médias et des puissants de ce monde  ? À quel moment avons-nous pu entendre les analyses de connaisseurs de la Chine dans la durée et, a fortiori, les discours quasi inaudibles des intellectuels chinois eux-mêmes  ?

Le but de cet ouvrage collectif est de nous situer par rapport à une Chine qui a envahi notre horizon du fait de sa vertigineuse montée en puissance économique, mais aussi géopolitique et militaire, accréditant ainsi la thèse, devenue un thème central de la propagande officielle, d’un retour en force de son passé impérial.

Après des décennies de régime maoïste, nul n’imaginait la Chine être un jour en mesure de se projeter à l’échelle de la planète. Or, force est de constater qu’aujourd’hui les élites intellectuelles chinoises se sentent assez sûres d’elles-mêmes pour se proclamer sans ambages détentrices de valeurs universelles qui ne doivent rien à celles des Lumières européennes. Mais qu’en est-il en réalité  ?  »

Parution le 4 février

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Jérôme Baschet, Basculements. Mondes émergents, possibles désirables, La Découverte

«  À la notion d’effondrement, qui dépolitise les enjeux en postulant une trajectoire unique et comme jouée d’avance, on opposera celle de basculements, qui permet de faire place à l’imprévisibilité croissante de notre temps et au rôle central de la mobilisation politique. Des basculements se produiront en effet, à relativement court terme, sur fond d’une crise systémique du capitalisme, certes produite par les « contradictions » environnementales qui ravagent la planète, mais aussi par des tensions internes entre un capitalisme fossile et un capitalisme techno-« écologique ». Sur cette base analytique, le livre esquisse plusieurs scénarios, tous parfaitement vraisemblables à ce stade. Il en est un sur lequel il attire particulièrement notre attention : celui d’une ouverture des possibles synonyme de basculements sociétaux et civilisationnels considérables qui nous engageraient vers des manières de vivre échappant aux logiques du système-monde capitaliste. Et nous placeraient face à des questions fondamentales : que peut être un agencement de la production qui renonce à la centralité des déterminations économiques ? Que peut être une politique qui privilégie l’autogouvernement populaire et assume une relocalisation communale ? Comment nouer de nouvelles relations aux non-humains qui cessent de nous extraire des interdépendances du vivant sans pour autant dissoudre entièrement la notion d’humanité ? Et par quels chemins faire croître de tels possibles ?  »

Parution le 18 février.

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Frédéric Charillon (dir.), La France dans le monde, CNRS Éditions

«  Puissance globale ou acteur européen ? Référence culturelle mondiale ou nation oubliée ? Le rang de la France dans le monde, ainsi que sa marge de manœuvre, posent aujourd’hui de nombreuses questions. Les bouleversements géopolitiques récents, comme la montée en puissance de l’Asie, le Brexit ou le développement de populismes illibéraux, impliquent la redéfinition de l’action extérieure de la France. Du couple franco-allemand à l’alliance atlantique, en passant par le rapport aux Suds marqué par l’héritage colonial, c’est toute la relation de la France à ses voisins plus ou moins proches qui est étudiée ici. Les instruments à sa disposition sont aussi passés au crible : l’outil diplomatique, la compétence militaire, bien sûr, mais aussi la promotion de son modèle laïc.  »

Parution le 4 février

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Katajun Amirpur, Khomeini. Der Revolutionär des Islam, C.H. Beck

«  Aucun révolutionnaire n’a autant bouleversé le monde musulman que Ruhollah Musawi Khomeini (1902 – 1989). Dans cette biographie, Katajun Amirpur dévoile le parcours d’un érudit, poète et mystique largement inconnu en Occident et explique comment cette ascète charismatique a réussi à politiser l’Islam chiite et à terrifier l’Occident tout-puissant. Khomeini continue de mystifier jusqu’aujourd’hui : l’ayatollah, sensible à la mode, a chanté sur le vin et l’amour dans d’élégants poèmes, a combiné le mysticisme avec l’érudition classique et a conquis les libéraux et les gauchistes lors de son exil en France. Katajun Amirpur replace la vie de Khomeiny, de son enfance dans une ville de province à sa mort à Téhéran, dans le contexte de l’histoire iranienne. Elle décrit son empreinte précoce sur l’islam chiite, présente ses principaux professeurs, compagnons et œuvres, et explique comment il a réussi à renverser une foi traditionnellement apolitique en quelques années seulement. Plus de trente ans après sa mort, Khomeini est toujours aussi puissant en Iran : même les figures de l’opposition se revendiquant son héritage.  »   

Parution le 22 février

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Claudio Vercelli, Neofascismo in grigio. La destra radicale tra l’Italia e l’Europa, Einaudi

«  Relégué pendant des décennies aux marges du débat politique en raison de son anachronisme apparent, le néofascisme a aujourd’hui repris de la vigueur. Ce n’est pas un retour aux anciennes organisations qui avaient été chargées de collecter, à l’époque républicaine, l’héritage de Mussolini. Il ne s’agit pas non plus d’un retour aux spectres de l’héritage du Duce. Nous assistons plutôt à une reformulation culturelle et anthropologique de sa pertinence pour les temps à venir. La barre n’est pas fixée vers le passé mais vers l’avenir. Le néofascisme se propose de défendre la «  différence  » nationale, ethnique, dans une perspective raciale.  »

Paru le 26 janvier.

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Jean-Marc Lepage, La bombe atomique de Hisoshima à Trump, Passés Composés

«  Voici une histoire totale des instants où le monde manqua être détruit par la bombe atomique. Des explosions nucléaires au Japon en 1945 à la récente escalade entre l’Iran et les États-Unis, en passant par la crise du détroit de Formose entre Taïwan et la Chine populaire (1954), Dien Bien Phu (1954), celle des missiles du Cuba (1962) ou encore la guerre du Kippour (1973), Jean-Marc Le Page dévoile les coulisses des moments où l’humanité retint son souffle. Au cours de cette enquête, on croise les principaux dirigeants des soixante-dix dernières années – Truman, Staline, Mao ou encore de Gaulle – mais aussi des femmes et hommes des services secrets, James Bond méconnus et géniaux qui ont parfois permis d’éviter le pire. Odyssée glaçante et fascinante, ce livre est aussi une contribution sur les doctrines nucléaires, lesquelles éclairent de façon décisive les tournants de l’histoire de la seconde moitié du XXe siècle.  »

Parution le 17 février

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Pierre Bouretz, La raison ou les dieux, Gallimard

«  La raison ou les dieux s’ancre dans l’Antiquité tardive «  néoplatonicienne  », souvent décrite à grands traits comme celle d’un retour à Platon, d’une «  divinisation  » de celui-ci et d’un tournant «  théologique  » du rationalisme grec. Est-ce à dire que ce moment fut celui d’un choix entre la raison et les dieux  ? Pierre Bouretz construit une vaste enquête au travers de laquelle on découvre Plotin combattant les gnostiques, Porphyre ferraillant contre les chrétiens, les derniers philosophes platoniciens en quête de vestiges des dieux anciens. Il remonte à l’origine de leur admiration pour les «  sagesses barbares  », décrit l’entrée dans l’imaginaire des Grecs de Mages disciples de Zoroastre, de théurges chaldéens et d’Hermès Trismégiste, interroge leurs visions concurrentes de la «  voie qui mène au bonheur  ». Il montre enfin qu’après une éclipse d’un millénaire environ, cette histoire se rejouerait dans des conditions nouvelles à la Renaissance.  »

Parution le 11 février

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Anoush Ganjipour, L’Ambivalence politique de l’islam. Pasteur ou Léviathan, Le Seuil

«  Comment l’islam parvient à déstabiliser la politique des modernes ou à défier la sécularisation ? Ce livre propose une enquête généalogique de la pensée du politique dans la tradition islamique. Il montre que la dynamique de cette pensée n’est pas réductible à l’opposition entre la lettre et l’esprit, entre la shari’a et la mystique, ni même entre les deux courants majeurs de cette religion, à savoir le sunnisme et le shi’isme. À travers les analyses d’Anoush Ganjipour, on constate que toutes ces oppositions renvoient à deux paradigmes d’autorité qui cohabitent dans ce monothéisme : le paradigme pastoral et le paradigme monarchique. C’est cette cohabitation qui polarise la structure théologico-politique de l’islam et rend ambivalent le rapport de cette religion au gouvernement des hommes. Sous cette nouvelle lumière, la tradition islamique se découvre autrement : une tradition qui, dans son histoire, mobilise constamment son héritage grec ou ses sources communes avec les deux autres religions du Livre pour penser les différentes formes de combinaison entre les deux paradigmes, et pour repenser à chaque fois le rapport du religieux au politique. Comme si, par cet effort continu, la tradition islamique avait cherché à réaliser une possibilité monothéiste différente par rapport à celles explorées dans le judaïsme et le christianisme. Les modernes ont voulu penser la politique entre Athènes et Jérusalem. Ce livre invite à y ajouter désormais un troisième pôle : La Mecque.  »

Parution le 4 février

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Stéphane Beaud et Gérard Noiriel, Race et sciences sociales. Essai sur les usages publics d’une catégorie, Agone

«  La « question raciale » occupe désormais la place publique. Dans un contexte de forte crispation des positions, les auteurs de ce livre ont voulu sortir de l’agenda médiatique et politique et mettre le débat sur le terrain de l’autonomie des sciences sociales. Ils reviennent sur la longue histoire des enjeux politiques et savants qui se sont noués depuis le XIXe siècle autour de la notion de race. Ce retour au passé éclaire les débats actuels, notamment pour les inscrire dans la continuité de la science sociale telle que la concevaient Durkheim, Weber et Bourdieu. Pour ne pas s’en tenir aux visions trop générales ou théoriques qu’ils dénoncent par ailleurs, ils proposent aussi dans ce livre l’analyse d’un « scandale racial » particulier, celui des « quotas » dans le football.  »

Parution le 5 février.

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Matthias Naß, Drachentanz. Chinas Aufstieg zur Weltmacht und was er für uns bedeutet, C. H Beck

«  L’essor de la Chine fascine le monde – et l’inquiète. Sous la direction du chef du parti Xi Jinping, le pays connaît une rechute dans la dictature. Dans le même temps, il continue à étendre son influence mondiale. Non seulement en Amérique, mais aussi en Europe, le malaise grandit face à la nouvelle puissance mondiale et à ses méthodes. Une nouvelle guerre froide est-elle à l’horizon ou même un triomphe chinois sur l’Occident ? Le correspondant du Zeit, Matthias Nass, donne un aperçu fascinant du pays qui se prépare à devenir la première puissance du XXIe siècle. Les dirigeants de Pékin perfectionnent la surveillance de leur population et mettent en place un système de récompenses et de punitions pour les comportements conformes au régime. Les minorités comme les Ouïgours sont brutalement persécutées et « rééduquées » dans des camps. À Hong Kong, l’opposition doit être réduite au silence, tandis que dans la mer de Chine méridionale, la présence militaire de la Chine s’accroît de manière ciblée. Avec le projet géant de la « nouvelle route de la soie », la Chine crée de nouvelles dépendances au Moyen-Orient, en Afrique et en Europe. Mais il y a aussi des faiblesses. De nombreux éléments indiquent que la Chine ne sera pas en mesure de maintenir ce rythme d’expansion à long terme, que ce soit sur le plan économique ou politique. Il y a aussi des problèmes environnementaux massifs.  »

Parution le 22 février.

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Jacqueline Lalouette, Les statues de la discorde, Passés composés

«  Le 22 mai 2020, deux statues martiniquaises de Victor Schœlcher furent brisées. Mais le bruit provoqué par ces destructions fut vite couvert par le fracas médiatique suscité par la mort de l’Afro-Américain George Floyd tué à Minneapolis, par la police, le 25 mai. Les images de son agonie agirent comme un catalyseur et déchaînèrent dans le monde des actes iconoclastes contre les statues glorifiant de « grands hommes » blancs, dont l’action est condamnée à divers titres (esclavagisme, colonialisme, racisme). Comme d’autres pays, la France, où tout avait donc commencé un peu plus tôt, fut touchée. Pour mieux comprendre la réalité et les enjeux du débat, et après avoir rendu compte de la situation sur plusieurs continents, Jacqueline Lalouette étudie le cas de la France ultramarine et continentale, où diverses statues liées à l’histoire de l’esclavage et de la colonisation furent contestées, vandalisées et, pour certaines, détruites. L’auteur s’interroge ensuite sur les solutions préconisées, de leur retrait à la réalisation de statues de nouveaux héros. Elle donne au final les clés de compréhension de ce débat passionné, en lui-même révélateur des oppositions mémorielles, parfois violentes, qui traversent la France.  »

Parution le 3 février.

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Chloé Morin, Le populisme au secours de la démocratie  ?, Gallimard

«  D’où vient la crise qui paralyse lentement mais sûrement les démocraties et qui provoque en retour les sursauts populistes ? Sur la base d’études approfondies de l’opinion, Chloé́ Morin dégage les principaux facteurs qui ont créé́ cette situation. Les règles du jeu politique ont changé́ sans que son personnel s’en soit avisé. La défiance des citoyens envers les pouvoirs s’est installée sans que ses sources soient véritablement saisies et combattues. Le « séparatisme » fait des ravages, mais il n’est pas là où l’on croit. Il est d’abord le séparatisme des élites par rapport aux peuples et il est ensuite fait des tribus dont le numérique encourage la fermeture sur elles-mêmes. Tels sont les vrais périls qu’affronte aujourd’hui la démocratie et qui soulèvent les passions populistes. Au lieu de dénoncer celles-ci comme une menace, soutient Chloé́ Morin, il faut savoir y lire un rappel de nos régimes à leur inspiration d’origine.  »

Parution le 18 février 2021.

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Simeon Wade, Foucault en Californie. Un récit inédit, Zones

«  Un soir de mai 1975, le philosophe Michel Foucault contempla Vénus s’élever dans le ciel étoilé au-dessus du désert des Mojaves, dans la vallée de la Mort, en Californie. Quelques heures auparavant, il avait ingéré une dose de LSD offerte par les jeunes hôtes américains qui avaient organisé pour lui un road trip hors du commun. Ce fut une nuit d’hallucination et d’extase, qu’il décrira comme l’une des « expériences les plus importantes de [sa] vie », ayant bouleversé son existence et son œuvre. Cet épisode, rapporté par certains biographes, a longtemps été sujet à caution, considéré comme tenant davantage de la légende que de la réalité. C’était avant que ne soit redécouverte une archive étonnante : le récit détaillé de cette aventure, consigné à l’époque par Simeon Wade, le jeune universitaire californien qui avait entraîné l’auteur de l’Histoire de la folie dans cette expérience psychédélique. Demeuré inédit pendant plus de quarante ans, ce document original, mêlant anecdotes et dialogues, peut aussi être lu comme un texte littéraire, la chronique d’une excursion où se noue une amitié et d’où resurgit l’esprit d’une période. L’auteur de l’Histoire de la folie dans cette expérience psychédélique. Demeuré inédit pendant plus de quarante ans, ce document original, mêlant anecdotes et dialogues, peut aussi être lu comme un texte littéraire, la chronique d’une excursion où se noue une amitié et d’où resurgit l’esprit d’une période.  » 

Parution le 11 février.

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Nicole Loraux, La Grèce hors d’elle et autres textes, Klincksieck

«  Cet ouvrage rassemble, selon un ordre strictement chronologique, cinquante-six articles écrits par Nicole Loraux entre 1973 et 2003. Il donne à lire le déploiement discontinu, expérimental, de réflexions lisibles sur le même plan que celui des livres publiés, et l’effet d’après-coup de ces derniers, leur reprise sur d’autres plans — toutes ces lignes dessinant ensemble la vaste cartographie d’une œuvre très singulière. L’article « La Grèce hors d’elle et autres textes », qui donne son titre à ce recueil, rappelle la méthode par laquelle Nicole Loraux n’a pas cessé, selon ses propres mots, de « trouver dans la Grèce (et en abondance) de quoi la faire sortir d’elle-même » en multipliant les stratégies comparatistes, les va-et-vient entre les champs disciplinaires les plus divers (philosophie, psychanalyse, ethnologie, philologie). Il en résulte un parcours intellectuel où apparaît, dominante et continue, l’analyse du discours que la cité athénienne a construit à son propre sujet en même temps que s’approfondit l’éclairage du conflit (stasis) constitutif de la démocratie. Enfin, l’attention toujours plus soutenue à « l’opérateur féminin », compris comme facteur de subversion de l’ordre politique de la cité, dominé par le masculin, suscite une approche originale et novatrice de la tragédie. Nicole Loraux découvre la dimension « antipolitique » de l’espace tragique, qui permet aux voix exclues de la parole civique de se faire entendre.  »

Paru le 14 janvier. 

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Pascal Perrineau, Le populisme, Que sais-je ?

«  Souvent confondu avec la démagogie, le populisme n’a pas bonne presse. De fait, si le mot renvoie à l’origine à un mouvement politico-social russe de la seconde moitié du XIXe siècle, qui s’était donné pour objectif de soulever la paysannerie contre le pouvoir tsariste, il désigne aujourd’hui, dans le débat, les discours et les doctrines qui en appellent au  » peuple  » comme s’il était un corps politique indifférencié.  Le populiste, c’est celui qui flatte les masses dans ses aspirations les moins louables. Or, les crises multiples que traversent nos démocraties libérales (crises économiques, mondialisation, crises migratoires, crise de la représentation) réactivent un spectre qu’on a cru disparu avec les idéologies du XXe siècle. Le populisme est-il une dérive inévitable de la démocratie ? En quoi n’est-il justement pas le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ? Quel en est le moteur ? Pascal Perrineau tente de circonscrire un concept flou, fait le point sur les études les plus récentes et montre quelles sont les formes nouvelles du populisme à l’heure des réseaux sociaux et des fake news.  »

Parution le 17 février

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Sylvie Bermann, Goodbye Britannia, Stock

«  Le vote de 2016 sur le Brexit a provoqué la stupeur dans le monde et au Royaume-Uni, généralement considéré comme l’incarnation de la mondialisation heureuse. Même si la Grande-Bretagne est un pays insulaire, très différent des États membres continentaux de l’Union européenne, et intuitivement eurosceptique, ce scrutin a en réalité marqué le début d’une ère populiste où l’expertise et les faits sont rejetés au profit des passions  souvent négatives. Les thèmes dominants exploités par des démagogues issus eux-mêmes des classes privilégiées ont été la haine des élites, le rejet de l’immigration et un réflexe identitaire profond fondé sur la nostalgie d’un âge d’or fantasmé. Cela a été révélateur d’un basculement du monde, qui a trouvé sa réplique quelques mois plus tard aux États-Unis avec l’élection de Donald Trump, mais aussi en Italie avec l’émergence du mouvement 5 étoiles et de la ligue de Salvini, en Allemagne avec l’arrivée d’une centaine de députés d’extrême droite de l’AFD au Bundestag, et en France avec les gilets jaunes. Pendant que l’Union européenne se défait, la Chine poursuit sa politique de puissance géoéconomique alors que les États-Unis ont initié une nouvelle guerre froide tous azimuts. La pandémie de Covid a mis en lumière et accentué ce phénomène et le monde se définit désormais par rapport à la rivalité entre ces deux géants, qui devrait être le facteur déterminant des prochaines décennies. Dans ce contexte, le Royaume-Uni malgré la proclamation d’une « global Britain » a choisi un chemin solitaire, pris en étau entre Pékin et Washington qui limitera ses choix au lieu de les augmenter. L’Union européenne doit maintenir une ligne solidaire afin de préserver sa liberté et exercer le rôle d’une puissance d’équilibre.  »

Paru le 27 janvier

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Susan Kingsley Kent, Gender. A World History, Cambridge University Press

«  Le genre existe dans presque toutes les sociétés en tant que moyen d’organiser les individus. Le genre est utilisé pour attribuer certaines responsabilités, obligations et privilèges à certains et pour les refuser à d’autres. Susan Kingsley Kent raconte l’histoire de ce concept apparemment simple mais en fait assez complexe. Avec une perspective historique, elle examine de manière critique notre compréhension quotidienne des femmes et des hommes, de la masculinité et de la féminité, et de la différence sexuelle en général. Au centre de ce récit se trouve la conviction que le genre n’est ni naturel ni innocent. Ce qui passe pour de la masculinité et de la féminité dans une société peut passer pour autre dans une autre. Même le temps qui passe peut changer l’aspect du genre dans une culture particulière. Réfléchir à l’histoire du genre peut également mettre en lumière d’autres types de relations, comme celles entre un gouvernement et son peuple, entre différentes classes sociales, et entre une colonie et son colonisateur. De la préhistoire à nos jours, ce livre présente un tableau chronologique de la relation hommes-femmes à travers le monde. De Hatchepsout et la montée du patriarcat dans l’Antiquité au code Bushido des samouraïs en temps de guerre en passant par les mouvements des droits des homosexuels et des transsexuels d’aujourd’hui, la force du genre dans l’histoire du monde ne peut être niée.

Paru le 12 janvier

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Crédits
Toutes les citations sont des extraits des quatrièmes de couverture rédigées par les éditeurs.