Bryn Rosenfeld, The Autocratic Middle Class. How State Dependency Reduces the Demand for Democracy, Princeton University Press
« De prime abord, l’essor des classes moyennes semble favorable à la démocratisation. Pourtant, dans les pays post-soviétiques comme la Russie, où la classe moyenne s’est rapidement développée, l’autoritarisme s’approfondit. Remettant en cause un principe fondamental de la théorie de la démocratisation, Bryn Rosenfeld montre comment les classes moyennes peuvent en fait être une source de soutien à l’autocratie et révèle pourquoi le développement et la croissance économique ne conduisent pas nécessairement à une plus grande démocratisation. Dans leur quête de développement, les États autoritaires emploient souvent une grande partie de la classe moyenne dans l’administration et les entreprises publiques. Rosenfeld montre comment l’échec de la classe moyenne à obtenir une autonomie économique vis-à-vis de l’État entrave son soutien au changement politique et comment l’engagement économique de l’État réduit les demandes de démocratie de la classe moyenne et affaiblit les coalitions prodémocratiques. »
Paru le 1er décembre 2020
Pierre Veltz, L’Économie désirable. Sortir du monde thermo-fossile, Seuil
« La dynamique de la société « hyper-industrielle » est-elle compatible avec l’urgence écologique ? Les gains d’efficacité considérables mis en œuvre par la machine industrielle ne suffiront pas à enrayer la catastrophe écologique qui menace. De nouveaux régimes de sobriété sont nécessaires. Mais, pour être désirables, ils doivent s’inscrire dans une réorientation des priorités productives : santé, éducation, alimentation, loisirs, sécurité, mobilité. Cette économie humano-centrée est en train d’émerger, mais son versant collectif reste largement à construire. C’est là que se trouvent les emplois permettant de sortir du monde thermo-fossile. Ainsi pourra-t-on fonder une nouvelle base productive, plus durable, enfin recentrée sur les besoins essentiels des êtres humains. »
Parution le 7 janvier
Frédéric Mérand, Un sociologue à la Commission européenne, Presses de Sciences Po
« Pendant quatre ans, de 2015 à 2019, Frédéric Mérand s’est glissé derrière les façades lisses du Berlaymont, le siège de la Commission européenne à Bruxelles, afin d’observer et de comprendre comment l’Europe se « fait » concrètement. À la manière d’un ethnographe, il s’est immiscé dans l’équipe de Pierre Moscovici, commissaire européen aux affaires économiques sous les présidences Hollande puis Macron. Il a partagé les bureaux des femmes et des hommes en charge de la politique de la zone euro, les a suivis dans les couloirs et à la cantine de leur immeuble bruxellois, a participé à leurs réunions, de Strasbourg à Washington et de Paris à Athènes, les a interrogés sur leurs stratégies et leurs méthodes pour tenir le cap entre les luttes partisanes et les jeux diplomatiques. Il a recueilli leurs peurs et leurs étonnements, leurs espoirs et leurs déceptions lors des tempêtes qu’ils ont traversées, de la crise grecque aux scandales d’évasion fiscale et à la menace populiste italienne. Le regard singulier d’un sociologue nord-américain sur nos pratiques communautaires et nationales et sur une Commission européenne qui se révèle bien plus politique que technocratique. »
Parution le 21 janvier
Patricia Owens et Katharina Rietzler, Women’s International Thought. A New History, Oxford University Press
« Ce livre propose une histoire interdisciplinaire de la pensée internationaliste des femmes. Rassemblant certains des plus grands historiens et spécialistes actuels des Relations Internationales, il reprend et analyse les travaux novateurs de dix-huit penseuses de premier plan en matière de politique international, du début au milieu du XXe siècle. Ce faisant, il ne se contente pas d’« ajouter des femmes » aux histoires intellectuelles et disciplinaires existantes mais offre de celles-ci une approche renouvelée. Il soulève ainsi des questions fondamentales sur la nature même de la pensée internationaliste. »
Parution le 7 janvier
Gabriel Martinez-Gros, De l’autre côté des croisades. L’Islam entre croisés et Mongols, Passés Composés
« Pour les historiens arabes les plus lucides, ce que nous appelons les croisades entre dans le récit plus vaste de l’effondrement de l’Empire islamique, la grande offensive des « Francs » en Méditerranée constituant l’une des deux mâchoires de la tenaille qui prend en étau l’Islam aux XIIe-XIIIe siècles. L’autre mâchoire, de loin la plus redoutée, se resserre à l’est avec les invasions mongoles. L’Empire islamique est ainsi le lieu où se confrontent trois constructions impériales ; à l’est, l’histoire chinoise domine pour un petit siècle, le cœur de l’Empire mongol se trouvant à Pékin. À l’ouest, Saint Louis s’impose comme le fondateur de l’Empire franc, dont le centre est à Rome, après la vague des guerriers fondateurs que sont Godefroy de Bouillon, Baudouin, Amaury ou Roger de Sicile. C’est donc à un décentrement du monde que nous invite Gabriel Martinez-Gros. »
Parution le 20 janvier 2020
Giorgio Agamben, La follia di Hölderlin. Cronaca di una follia abitante (1806-1843), Einaudi
« La vie de Hölderlin se divise en deux moitiés : les 36 années qui courent de 1770 à 1806 et les 36 années de 1807 à 1843, qu’il a passées, tenu pour fou, dans la maison du charpentier Zimmer. Si dans la première moitié de sa vie le poète a vécu dans le monde et participé dans la mesure de ses forces aux événements de son temps, la seconde moitié de son existence se passe entièrement en dehors du monde, comme si, malgré les visites occasionnelles qu’il reçoit, un mur le séparait de toute relation avec les événements extérieurs. Hölderlin a décidé d’effacer tout caractère historique et social des actions et des gestes de sa vie. Selon le témoignage de son premier biographe, il répétait obstinément : “rien ne m’arrive”. Sa vie ne peut faire l’objet que d’une chronique, pas d’une biographie et encore moins d’une analyse clinique ou psychologique. Et pourtant, l’hypothèse de ce livre est que Hölderlin a ainsi livré à l’humanité une autre figure de la vie, sans précédent, dont la signification véritablement politique reste à mesurer, mais qui nous concerne de près. »
Parution le 12 janvier
Céline Marangé et Maud Quessard (dir.), Les guerres de l’information à l’ère numérique, PUF
« Depuis la révolution numérique, les conflits géopolitiques se déploient dans des espaces virtuels dont la nature est en constante évolution. Qu’ils soient démocratiques ou autoritaires, les États adaptent leur stratégie de puissance de façon à mieux maîtriser les effets de la propagation instantanée de l’information, ainsi que ses nouvelles possibilités de manipulation. Certains utilisent le cyber et les médias pour porter atteinte à la souveraineté de leurs adversaires et perturber le fonctionnement de leur société et de leurs infrastructures de défense. Cet ouvrage étudie les trois dimensions qui caractérisent les guerres de l’information. Il explore le fonctionnement technique des conflits informationnels (couches basses de l’Internet, ciblage et amplification). Il examine ensuite les stratégies de plusieurs acteurs-clef de la scène internationale (Chine, Russie, États-Unis, Grande Bretagne, France, Japon), mais aussi d’États pivots (Iran, Israël) et de pays relativement isolés (Corée du Nord, Qatar). Enfin, il s’interroge sur les réponses juridiques et institutionnelles apportées pour répondre à la désinformation et réguler ces nouveaux espaces de conflictualité. »
Parution le 13 janvier
Emmanuel Kreike, Scorched Earth. Environmental Warfare as a Crime against Humanity and Nature, Princeton University Press
« L’infrastructure environnementale nécessaire aux sociétés humaines a été une cible et un instrument de guerre pendant des siècles, entraînant famine et maladies, déplacements de populations et dévastation des moyens de subsistance et des modes de vie des populations. Scorched Earth retrace l’histoire de la terre brûlée, des inondations militaires et des armées vivant de la terre du XVIe au XXe siècle, en soutenant que la destruction délibérée de l’environnement qui en résulte – « l’écocide » – constitue un acte de guerre totale et un crime contre l’humanité et la nature. Dans cette histoire globale, Emmanuel Kreike montre comment les guerres de religion ont transformé la Hollande en un marécage désolé où régnaient la faim et la mort. Il décrit comment les conquistadores espagnols ont exploité les travaux d’irrigation et les vastes terrasses agricoles des Aztèques et des Incas, déclenchant une crise humanitaire aux proportions catastrophiques. Et comment la guerre environnementale s’est poursuivie sans relâche jusqu’à l’ère moderne. Son récit panoramique emmène les lecteurs de la guerre de Trente Ans aux guerres du Roi Soleil et des guerres coloniales néerlandaises en Amérique du Nord et en Indonésie à la conquête coloniale du sud-ouest de l’Afrique au début du XXe siècle. »
Parution le 12 janvier
Janet M. Hartley, The Volga. A History, Yale University Press
« La Volga, plus long fleuve d’Europe, s’étend sur trois mille cinq cents kilomètres du cœur de la Russie à la mer Caspienne. Le fleuve a joué un rôle crucial dans l’histoire des peuples qui font aujourd’hui partie de la Fédération de Russie, et a unifié et divisé les terres qu’il traverse.
Janet Hartley explore l’histoire de la Russie à travers la Volga, du septième siècle à nos jours. Elle la considère comme une artère commerciale et un terrain d’essai pour le contrôle des régions frontalières par l’Empire russe. Elle examine comment elle a été présente dans la littérature et l’art russes et comment elle a été cruciale pour l’issue de la Seconde Guerre mondiale à Stalingrad. »
Parution le 12 janvier
Peter Fibiger Bang, C. A. Bayly et Walter Scheidel (dir.), The Oxford World History of Empire (2 volumes), Oxford University Press
« Allant du troisième millénaire avant Jésus-Christ à nos jours, cette somme offre une histoire mondiale du fait impérial. En combinant des essais comparatifs thématiques et de nombreux chapitres sur des empires spécifiques, ses deux volumes offrent un panorama d’une ampleur inédite de l’impérialisme tout au long de l’histoire et à travers tous les continents, de l’Asie à l’Europe et de l’Afrique aux Amériques. Il y a seulement quelques décennies, on croyait que l’empire était une chose du passé ; aujourd’hui, il est clair qu’il a été et reste l’une des formes les plus durables d’organisation et de pouvoir politiques. Nous ne pouvons pas comprendre la dynamique et la résilience d’un empire sans aller résolument au-delà de l’étude de cas individuels ou de périodes particulières, comme l’époque relativement courte du colonialisme européen. L’histoire de l’empire, comme ces volumes le démontrent amplement, doit être dessinée sur la toile beaucoup plus large de l’histoire mondiale. »
Parution le 7 janvier
David Todd, A Velvet Empire. French Informal Imperialism in the Nineteenth Century, Princeton UP
« Après la chute de Napoléon en 1815, la France a adopté un style d’impérialisme essentiellement informel, qui mettait l’accent sur l’influence économique et culturelle plutôt que sur la conquête militaire. A Velvet Empire retrace l’histoire globale de l’impérialisme français au XIXe siècle, et apporte de nouvelles perspectives sur les mécanismes de collaboration impériale qui ont étendu la puissance de la France du Moyen-Orient à l’Amérique latine, inaugurant l’ère moderne de la mondialisation. David Todd montre comment les élites françaises ont poursuivi une stratégie astucieuse d’expansion impériale dans laquelle des marchandises de prestige comme le champagne et les textiles en soie, ainsi que des prêts à des États clients, ont contribué à une campagne mondiale de séduction. L’impérialisme français n’était pas moins brutal que celui des Britanniques. Mais tandis que la Grande-Bretagne élargissait son rayon d’action impérial par le colonialisme de peuplement et l’acquisition de territoires éloignés, la France construisait un empire « de velours » soutenu par de fréquentes interventions militaires et une juridiction extraterritoriale en expansion. Todd montre comment la France a tiré de grands avantages de ces relations asymétriques de type impérial jusqu’à ce qu’une succession de revers dans le monde entier entraîne leur effondrement dans les années 1870. »
Parution le 12 janvier
Sandrine Kott, Organiser le monde. Une autre histoire de la guerre froide, Le Seuil
« Plongeant dans les archives des organisations internationales – l’ONU et ses agences, en particulier mais aussi des organisations non gouvernementales et de grandes fondations privées –, Sandrine Kott nous dévoile une autre histoire de la guerre froide. Ces organisations, où se rencontrent et s’opposent des acteurs issus de mondes en conflit, se révèlent être des lieux d’élaboration en commun de savoirs et de projets. Elles rendent possible et encouragent des internationalismes structurés autour de causes qui tout à la fois rassemblent et divisent : droits de l’homme et de la femme, paix, écologie … Elles promeuvent l’idée qu’il est possible d’organiser le monde en régulant ses déséquilibres et ses contradictions. Enfin et surtout elles donnent la parole à une multitude d’acteurs négligés dans les grands récits, en particulier ceux du « tiers monde » dont les revendications de justice ont puissamment marqué l’agenda international de la période. À la guerre froide a succédé l’ère du globalisme marquée par la généralisation des logiques de concurrence. Leur triomphe met en danger les espaces de débats internationaux comme les projets de régulation et d’organisation du monde dont les sociétés humaines et leurs environnements naturels auraient, pourtant, plus que jamais besoin. »
Parution le 21 janvier
Robert Tombs, This Sovereign Isle. Britain In and Out of Europe, Allen Lane
« La géographie passe avant l’histoire. Les îles ne peuvent pas avoir la même histoire que les continents. Le Royaume-Uni est un pays européen, mais pas le même genre de pays européen que l’Allemagne, la Pologne ou la Hongrie. Pendant la plus grande partie des 150 siècles au cours desquels la Grande-Bretagne a été habitée, elle a été à la frontière, culturellement et littéralement, de l’Europe continentale. Robert Tombs montre que la décision de quitter l’UE est historiquement explicable – bien qu’elle n’était pas rendue inévitable – par l’expérience historique très différente de la Grande-Bretagne, surtout au XXe siècle, et par ses liens plus étendus et plus profonds avec l’extérieur de l’Europe. Il conteste le point de vue selon lequel le Brexit est uniquement dû à l’exceptionnalisme britannique ou anglais : en choisissant de quitter l’Union européenne, les Britanniques, affirme-t-il, ont à bien des égards voté comme des Européens typiques. »
Parution le 28 janvier
Ignaz Lozo, Gorbatschow. Der Weltveränderer, WBG
« Pour écrire cette biographie, Ignaz Lozo a interviewé Mikhaïl Gorbatchev une douzaine de fois au cours des trois dernières décennies. Il a parlé avec des compagnons politiques ainsi qu’avec des adversaires et a utilisé une multitude de nouvelles sources russes – y compris celles déclarées secrets d’État. Il est parti à la recherche d’indices dans les lieux où Gorbatchev a passé son enfance et sa jeunesse. Le résultat est un portrait personnel du réformateur du siècle et de Gorbatchev en tant que personne. Ignaz Lozo consacre beaucoup de place à l’aspect allemand, notamment aux scènes clés de la réunification du point de vue des Soviétiques et de la RDA. »
Parution le 27 janvier
Thomas Biebricher, Die politische Theorie des Neoliberalismus, Suhrkamp
« Le “néolibéralisme” est aujourd’hui généralement assimilé de manière simpliste à un capitalisme débridé. Thomas Biebricher, en revanche, démontre, sur la base d’une reconstruction historique, que la pensée néolibérale ne traite pas seulement de questions économiques mais aussi politiques. Il soumet ensuite cette réflexion à une analyse critique et démontre le rôle que jouent les idées politiques du néolibéralisme dans l’Europe d’aujourd’hui. »
Parution le 18 janvier