Aujourd’hui, mercredi 2 décembre, les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’OTAN concluent leur sommet en visioconférence commencé la veille, dans le cadre du Conseil de l’Atlantique Nord.

  • Aveuglés par l’OTAN ? Emmanuel Macron, qui avait déclaré l’OTAN en état de « mort cérébrale » il y a un an, a précisé sa vision dans nos colonnes lors d’un entretien-fleuve il y a quelques jours  : « L’Europe a énormément d’impensés. Sur le plan géostratégique, nous avions oublié de penser car nous pensions par le truchement de l’OTAN nos relations géopolitiques. » 
  • Un insider polémique : la Turquie. Le rôle et la place de la Turquie dans l’OTAN sont les premiers points de grande vigilance du président français. Depuis novembre 2019, les relations entre la Turquie et la France, entre la Turquie et l’Union, ont été semées d’embûches.1
Graphique Les relations Turquie-Union : un an de tensions Turquie-France 2020
  • Un outsider problématique : la Russie. De nouvelles archives montrent que les dirigeants russes appuyaient une stratégie d’élargissement de l’OTAN dans les années 1990. Selon Sergey Radchenko, en étant trop réaliste et pas assez idéaliste alors qu’il aurait pu faire une différence, Bill Clinton a peut-être contribué à faire de la résurgence impérialiste de la Russie une prophétie autoréalisatrice.2
  • Un objectif : l’autonomie stratégique européenne. Pour le président français, le but est surtout de viser « cette autonomie stratégique, cette force que l’Europe peut avoir pour elle-même ; […] construire une Europe beaucoup plus forte, qui puisse peser de sa voix, de sa force, et avec ses principes dans ce cadre refondé. »3
  • L’autonomie stratégique est loin de faire consensusAnnegret Kramp-Karrenbauer « a qualifié l’autonomie stratégique de l’Europe ‘d’illusion’, ce qui a communément été interprété comme une attaque en règle contre Emmanuel Macron, le plus éminent défenseur de cette idée. » Mais finalement… «  sur quoi se dispute-t-on ? »4
  • L’OTAN et l’Europe de la défense. Pour le général Paloméros, « nous nous heurtons systématiquement au problème de la duplication, notamment avec l’OTAN. Cette organisation va perdurer. Il s’agit donc d’établir un nouveau contrat avec nos amis européens, avec d’un côté l’OTAN et la défense collective et de l’autre l’Union, qui prendrait réellement en charge les autres missions de défense et sécurité. »
  • La spécificité européenne en matière de défense. L’Europe « doit se concentrer sur ce qui fait sa spécificité : le continuum défense-sécurité. L’Europe doit viser à la cohérence globale de sa défense. »5
  • Qu’est-ce que l’élection de Biden devrait changer ? Nous vous le disions déjà il y a un mois dans la lettre  : les démocrates voudraient transformer l’OTAN en une alliance différente, autour de valeurs communes, ce qui rendrait totalement impossible l’affirmation d’une Commission géopolitique. Les présidences allemande puis française du Conseil auront pour vocation de convaincre Biden, s’il est élu, de parler à l’Union comme à un bloc en mesure de prendre en charge les instabilités régionales. Ce qui lui permettrait par ailleurs de se concentrer sur la Chine.