La démocratie, ça sert, aussi, à faire la guerre

Dans la confrontation qui monte entre l'aigle et le dragon, à quoi serviraient la démocratie et le régime autoritaire concernant la chose militaire ? Peut-être peut-on y trouver réponse dans l'histoire comparée, propose Matthew Kroenig dans son essai The Return of Great Power Rivalry.

Matthew Kroenig, The Return of Great Power Rivalry. Democracy Versus Autocracy From the Ancient World to the U.S. and China, Oxford University Press, 2020, URL https://global.oup.com/academic/product/the-return-of-great-power-rivalry-9780190080242?cc=fr&lang=en&#

En août 1913, alors que la montée des tensions internationales faisait redouter un prochain conflit armé avec l’Allemagne, le socialiste français Marcel Sembat (1862-1922) plaçait ses camarades républicains devant une terrible alternative  : «  faites un roi, sinon faites la paix  »1. Il rejoignait ainsi, bien qu’il n’en partageât nullement les convictions, la position défendue à l’autre bord de l’échiquier politique par le royaliste Charles Maurras (1868-1952)2. Tous deux s’accordaient en effet à considérer que l’instabilité politique et le déficit de profondeur historique propres au régime républicain rendaient ce dernier a priori moins performant qu’un régime monarchique et/ou autoritaire à l’épreuve de la guerre. Pour Sembat, les perspectives qui s’ouvraient à la France en cas de conflit armé avec l’Allemagne whilelminienne étaient donc des plus sombres  : ou bien la défaite militaire du fait de l’incapacité républicaine à mener à bien la guerre, ou bien la chute de la République au profit d’un régime autoritaire seul capable de conduire le pays à la victoire. Force est de constater que ces prédictions pessimistes ne s’avérèrent pas exactes  : non seulement la France sortit victorieuse du conflit, mais la République en fut d’autant plus renforcée qu’elle avait passé avec succès cette redoutable épreuve du feu sur laquelle étaient venus achopper tant de régimes autoritaires pour certains séculaires, du IIe Reich allemand à l’empire ottoman en passant par la monarchie austro-hongroise.

La démonstration de force et de résilience républicaine à la guerre eût été implacable si, deux décennies plus tard, la IIIe République ne s’était effondrée face à la dictature nazie dès les premières heures de ce qui allait devenir la Seconde Guerre mondiale. De l’histoire tourmentée des rapports entre la IIIe République et la guerre, il s’avère donc difficile de tirer quelque conclusion définitive que ce soit quant à la plus ou moins grande compatibilité du régime républicain et de l’exercice guerrier. Cette complexe question de l’influence du système politique d’un pays sur ses capacités militaires n’a toutefois rien perdu de son actualité. Bien au contraire, elle suscite aujourd’hui un regain d’intérêt aux États-Unis où certains, persuadés que, «  piège de Thucydide  » oblige3, la guerre avec la Chine finira tôt ou tard par éclater, s’interrogent sur les forces et les faiblesses respectives de l’aigle et du dragon. Ce qui les conduit à se demander si le caractère autoritaire du gouvernement de la République populaire de Chine constituerait pour elle, en cas d’affrontement guerrier avec les États-Unis, un avantage ou au contraire une faiblesse. Et si, en retour, la nature démocratique des États-Unis doit être considérée comme un atout ou un handicap en cas de confrontation armée avec Pékin.

C’est à ces difficiles questions que Matthew Kroenig, professeur associé à l’université de Georgetown, cherche à répondre dans The Return of Great Power Rivalry4. Pour ce faire, il choisit de s’appuyer principalement sur une analyse historique qui le conduit à étudier sur la très longue durée, de la Grèce antique à la guerre froide, des exemples présumés significatifs d’affrontements entre puissances démocratiques et puissances autoritaires pour tenter de déterminer si l’un de ces deux modèles institutionnels s’est avéré tendanciellement plus efficace que l’autre en contexte guerrier. Cette méthode comparative, qui s’inscrit dans le sillage de l’histoire appliquée prônée par Graham Allison et Niall Ferguson5, peut s’avérer riche d’enseignements6. Encore faut-il la pratiquer avec tact. Le moins que l’on puisse dire est que ce n’est pas toujours le cas de Matthew Kroenig dont la démonstration historique, qui occupe toute la deuxième partie de l’ouvrage, souffre d’une légèreté conceptuelle qui incite à considérer avec circonspection les conclusions auxquelles elle amène.

Pour construire sa démonstration, Kroenig choisit en effet d’isoler sept cas d’affrontement entre puissances « démocratiques » et « autoritaires ». Or la pertinence de la sélection est pour le moins douteuse : Athènes face à la Perse puis à Sparte ; la République romaine face à Carthage et à la Macédoine ; la République vénitienne face l’Empire byzantin et au Duché de Milan ; la République des Provinces-Unies face à l’Empire espagnol ; la Grande-Bretagne face à la France aux XVIIIe et XIXe siècles ; le Royaume-Uni face l’Allemagne à la fin du XIXe et au début du XXe siècle ; les États-Unis face l’Union soviétique pendant la guerre froide. À la simple vue de cette énumération, on mesure toute la fragilité de l’édifice comparatif échafaudé par Kroenig. L’auteur prend certes soin de définir ce qu’il entend par « démocratie » et « autocratie ». Selon lui, est « démocratique » ou « républicain », deux notions qu’il assimile sans plus s’y attarder, « un système politique dans lequel les titulaires de fonctions politiques sont sélectionnés par le biais d’élections populaires compétitives » et qui respecte un « large éventail de libertés politiques et civiles » telles que la liberté d’expression ou de réunion. L’autocratie est quant à elle définie par l’absence de dirigeants élus lors de processus électoraux sincères et le non-respect des libertés politiques et civiles fondamentales7. Même en acceptant ces définitions pour le moins sommaires, on a du mal à considérer Athènes comme un régime démocratique au sens où le définit Kroenig, sauf à tenir métèques et esclaves pour quantité négligeable. Surtout, Kroenig néglige le fait que ce n’est pas Athènes seule qui l’emporte sur les Perses mais bien une coalition panhellénique dont nombre des membres sont des cités non-démocratiques. Quant à la République romaine, on ne voit pas ce que cette oligarchie à la main d’une puissante nobilitas avait de plus démocratique que sa rivale carthaginoise8. Trop fréquemment, et pour ne s’en tenir qu’à ces deux exemples, Kroenig manque de recul vis-à-vis des sources sur lesquelles il s’appuie : la Perse, son grand Roi et ses satrapes ne sont ainsi érigés par lui en archétypes de l’autocratie que parce que les sources grecques les dépeignent de la sorte, et tant pis si les historiens ont depuis longtemps singulièrement nuancé ce tableau manichéen et hellénocentrique. Même chose pour Rome à propos de laquelle Kroenig reprend à son compte la vulgate sallustéenne voulant qu’« avant la destruction de Carthage, le peuple et le Sénat romain administraient en accord la république dans la tranquillité et la modération »9

De cet exercice de comparaison qui n’est donc que moyennement convaincant, Kroenig croit pouvoir déduire, à la suite d’Hérodote10, de Machiavel11 et de Montesquieu12 qui, partant d’autres prémisses, en arrivaient à une conclusion similaire, à l’existence d’un « avantage démocratique » dans la guerre. Celui-ci s’expliquerait par la capacité qu’auraient les démocraties à accumuler plus de richesses et donc de puissance et d’influence sur la scène internationale que les régimes autoritaires. S’inscrivant dans le sillage de Daron Acemoglu et James Robinson13, Kroenig voit dans des institutions démocratiques efficientes, qui stimulent la concurrence et l’innovation tout en garantissant le respect de la propriété, le meilleur générateur de croissance économique et par ricochet de puissance. Cet avantage démocratique serait jusqu’alors trop souvent passé inaperçu du fait de la propension de nombre d’observateurs à inverser les causes et leurs effets : « certains affirment que le plus grand avantage de l’Amérique est son économie innovante, son réseau mondial d’alliances ou sa domination militaire, mais ce livre explique comment tous ces attributs positifs sont, en fait, des sous-produits du système politique intérieur de l’Amérique. La démocratie est la variable maîtresse qui explique le succès des États-Unis »14. Loin de relever du seul registre du soft power et de ne jouer pour ainsi dire que le rôle de cerise sur le gâteau, la démocratie serait ainsi le véritable fondement du hard power américain, son indispensable terreau. Car selon Kroenig, la démocratie agirait comme un « démultiplicateur de force » permettant aux États qui la pratiquent de « se hisser au-dessus de leur poids dans la géopolitique internationale »15. Certes, les dirigeants autoritaires peuvent planifier leur action sur le temps long, là où leurs rivaux placés à la tête de régimes démocratiques sont prisonniers d’un temps électoral court-termiste. Certes également, les dirigeants autoritaires peuvent en cas de besoin prendre des décisions et les appliquer sans délai, sans avoir à en passer par le long et parfois chaotique processus de prise de décision concerté inhérent au régime démocratique. Mais cette force est aussi leur faiblesse qui peut conduire un dirigeant autoritaire, emporté par son hybris, à commettre l’irréparable sur un coup de tête. Les atouts indéniables dont jouissent dans la conduite de la guerre les régimes autoritaires seraient ainsi obérés par les faiblesses qui les caractérisent par ailleurs et qui, dans la balance, finissent par peser plus lourd. Kroenig peut donc en conclure, à son grand contentement, que les prophètes du déclin de la puissance américaine font fausse route et que les États-Unis, forts de leur modèle démocratique, n’ont sur le long terme pas grand-chose à craindre des autocraties chinoise ou russe.

S’il s’en tenait à ces comparaisons historiques discutables et à cette profession de foi non dépourvue de chauvinisme en la pérennité de la puissance américaine qui en découle, le livre de Kroenig ne présenterait qu’un intérêt limité. S’il mérite d’être lu et discuté, c’est toutefois que de ces prémisses fragiles, il en arrive à soulever des questions novatrices voire iconoclastes propres à alimenter la réflexion quant à la meilleure stratégie à adopter par les puissances libérales face aux régimes autocratiques. Car loin d’opposer une simple fin de non-recevoir aux prophètes de l’extinction de l’hégémonie américaine pour qui l’agneau démocratique américain serait inexorablement appelé à être dévoré par le loup autoritaire chinois, Kroenig accepte d’envisager la possibilité de celle-ci. Mais c’est pour mieux en déplacer la causalité. Certes reconnaît-il, Washington n’est pas assuré de remporter le bras de fer engagé avec Pékin et ne peut donc se contenter de se reposer sur ses lauriers démocratiques en attendant une inéluctable révolution de palais ou de rue dans la capitale chinoise. Mais si les États-Unis ne sont pas assurés de triompher de leurs rivaux autocratiques ce n’est selon lui par parce qu’ils sont une démocratie et ne seraient donc pas de taille à se mesurer à des régimes autoritaires, mais bien plutôt parce que leur démocratie n’est pas à l’abri de se corrompre d’elle-même. Si elle n’y prend garde, elle peut en effet se laisser entraîner à des dérives autoritaires qui feraient courir aux États-Unis le risque de perdre l’« avantage démocratique » qui a fait leur succès. Convaincu qu’il est de la force supérieure de la démocratie, Kroenig en vient ainsi en toute logique à un plaidoyer en faveur de la défense de celle-ci et prévient ses concitoyens qui plane sur leur hégémonie globale ne vient pas de Chine ou de Russie, mais bien d’eux-mêmes. Dans la lutte qui les oppose aux « graves menaces russe et chinoise », les Américains doivent selon Kroenig d’abord et avant tout « veiller à entretenir leur plus grande source de puissance : leurs institutions démocratiques »16. La pire erreur qu’ils pourraient commettre serait de renier tout ou partie de leur patrimoine démocratique au nom de la lutte pour la préservation de leur puissance, car une telle décision aboutirait en fait à les faire perdre sur les deux tableaux. Ce qu’ils sacrifieraient de leur démocratie ne ferait que détériorer leurs capacités de résilience en cas de conflit. Renoncer à la démocratie reviendraient ainsi pour les Américains à scier la branche sur laquelle ils sont assis.

L’autre conséquence logique de la démonstration de Kroenig, pour le moins audacieuse, c’est que contrairement à ce qu’affirme la doxa en vigueur à Washington depuis des décennies, les États-Unis ont tout à perdre à une démocratisation de Pékin et de Moscou. Celle-ci permettrait en effet à ses grands rivaux stratégiques de bénéficier à leur tour de l’« avantage démocratique » sur lequel reposerait l’hégémonie américaine, et ainsi de la contester voire de s’y substituer. Pour Washington, le maintien de régimes autoritaires à Pékin et à Moscou serait donc finalement une aubaine. Et Kroenig de conclure que ce sont en fait les leaders chinois et russes et non américains qui, en ce début de XXIe siècle, sont confrontés au dilemme le plus complexe : « Poutine et Xi peuvent continuer à régner, mais ils seront condamnés à régner sur des États dysfonctionnels et de ce fait voués à jouer les seconds rôles. Ou bien leurs nations peuvent émerger comme de véritables leaders mondiaux, mais seulement s’ils renoncent au pouvoir et créent le type de système politique ouvert qui s’est avéré au fil des siècles être une condition préalable à un leadership international durable. D’ici là, les États-Unis continueront à bénéficier d’un avantage démocratique dans cette nouvelle ère de rivalité entre grandes puissances »17.

Les tenants de la théorie de la « paix démocratique », qui veut que les démocraties ne se font pas la guerre entre elles18, ne manqueront toutefois pas de rétorquer à Kroenig que si le maintien de régimes autocratiques à Pékin et Moscou pourrait peut-être effectivement permettre à la démocratie américaine de sortir victorieuse d’une confrontation armée avec eux, le mieux serait toutefois d’éviter d’en arriver là et que le meilleur moyen d’y parvenir est encore d’encourager la démocratisation de ces rivaux stratégiques pour en faire des partenaires coopératifs. Une évolution que Kroenig semble toutefois juger peu probable compte tenu de sa conviction que dans la dialectique de la poule et de l’œuf qui lie la démocratie et la puissance, c’est la première qui génère la seconde et non l’inverse. De son analyse historique, il conclut en effet que « chaque grande puissance démocratique étudiée dans ce livre est devenue une démocratie avant de devenir une grande puissance, et non l’inverse »19. Autrement dit, espérer la démocratisation de pays déjà puissants mais encore autoritaires serait vain. Finalement, c’est donc bien à l’optimisme que Kroenig invite ses compatriotes. Là où Sembat, en 1913, laissait aux Français le choix entre la peste de la restauration monarchique et le choléra de la défaite militaire, Kroenig place aujourd’hui les Américains devant une alternative somme toute plus engageante : la perpétuation de leur hégémonie par l’incapacité de leurs rivaux à se démocratiser, ou bien la perte de cette hégémonie du fait d’une démocratisation de ces rivaux qui n’en seraient donc sans doute plus vraiment. Dès lors, seuls les Américains eux-mêmes pourraient se porter un coup fatal en se laissant bercer par les sirènes de l’autoritarisme et en renonçant  par là même aux atouts de leur système démocratique.

Sources
  1. Marcel Sembat, Faites un roi, sinon faites la paix, Paris, Figuières, 1913.
  2. Charles Maurras, Kiel et Tanger, 1895-1905. La République française devant l’Europe, Paris, Nouvelle Librairie nationale, 1910.
  3. Graham Allison, Destined for War. Can America and China Escape Thucydide’s Trap  ?, Boston – New-York, Houghton Mifflin Harcourt, 2017.
  4. Matthew Kroenig, The Return of Great Power Rivalry. Democracy Versus Autorcracy Form the Ancient World to the U.S. and China, Oxford University Press, 2020.
  5. Graham Allison et Niall Ferguson, « Applied History Manifesto », octobre 2016. https://www.belfercenter.org/project/applied-history-project#!manifesto
  6. Qu’on songe, notamment, à l’étude classique de Donald Kagan sur les facteurs présidant au déclenchement des guerres à partir d’une comparaison entre la guerre du Péloponnèse, dont Kagan est l’un des meilleurs spécialistes au monde, les deux guerre mondiales et la crise des missiles cubains (Donald Kagan, On the Origins of War and the Preservation of Peace, New-York, Double Day, 1995) ou au classique de Paul Kennedy, The Rise and Fall of the Great Powers. Economic Change and Military Conflict from 1500 to 2000, New-York, Random House, 1987.
  7. Matthew Kroenig, The Return of Great Power Rivalry,, op.cit., p. 18.
  8. On ne saurait que trop conseiller à Matthew Kroenig de se plonger dans les travaux de Karl-Joachim Hölkeskamp pour s’en convaincre (Karl-Joachim Hölkeskamp, Rekonstruktionen einer Republik. Die politische Kultur des antiken Rom und die Forschung der letzten Jahrzehnte, Munich, Oldenburg, 2004).
  9. Salluste, Guerre de Jugurtha, 41.
  10. « On constate toujours et partout que l’égalité entre les citoyens est un avantage précieux : soumis à des tyrans, les Athéniens ne valaient pas mieux à la guerre que leurs voisins, mais, libérés de la tyrannie, leur supériorité fut éclatante » (Hérodote, V, 78).
  11. Dans son Discours sur la première décade de Tite-Live (1531), Machiavel explique les succès de la République romaine par ses institutions démocratiques. Un point de vue différent de celui Polybe pour qui la réussite impériale des Romains trouve son origine dans leur régime « mixte » (memigmenè politeia) alliant harmonieusement monarchie, oligarchie et démocratie (Histoire, VII).
  12. « Voici, en un mot, l’histoire des Romains. Ils vainquirent tous les peuples par leurs maximes : mais, lorsqu’ils y furent parvenus, leur république ne put subsister ; il fallut changer de gouvernement : et des maximes contraires aux premières, employées dans ce gouvernement nouveau, firent tomber leur grandeur » (Montesquieu, Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, 1734).
  13. Daron Acemoglu et James Robinson, Why Nations Fall. The Origins of Power, Prosperity and Poverty, Crown Publishers, 2012.
  14. Matthew Kroenig, The Return of Great Power Rivalry, op.cit., p. 218.
  15. Ibid., p. 3.
  16. Ibid. p. 8.
  17. Ibid., p. 224.
  18. David Singer et Malwin Small, The Wages of War. 1815-1965. A Statistical Handbook, New-York, John Wiley, 1965. On repère généralement les prémices de cette théorie dans le Projet de paix perpétuelle de Kant (1795), quoique celui-ci fasse plutôt du républicanisme, conçu comme le respect de la séparation des pouvoirs, que de la démocratie, le facteur déterminant dans ce processus de pacification.
  19. Matthew Kroenig, The Return of Great Power Rivalry, op.cit., p. 48.
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