Aujourd’hui devait se tenir à Berlin un sommet entre les chefs d’État et de gouvernement européens sur la question de la Chine, sans représentant chinois. Si le sommet a finalement été annulé par la chancelière allemande il y a un mois à cause de la pandémie, les enjeux chinois restent tout aussi prégnants.

  • Conclure un accord avec la Chine. Le but du sommet était de parvenir à un accord d’investissement Union-Chine, porté par l’Allemagne, avant la fin de l’année.
  • Clarifier la position européenne face à la Chine. Après la période des positions divergentes et des relations bilatérales, l’Union a entamé depuis plusieurs mois un travail pour définir une position commune et faire davantage preuve de fermeté. Le sommet Union-Chine a notamment permis à l’Europe de prendre conscience du « rapport asymétrique de puissance entre la Chine et les États-Unis ».1
Les investissements chinois dans l'Union européenne
  • L’attitude de Pékin face à Bruxelles. « Pékin poursuit un lobbying sur des sujets politiques et commerciaux majeurs pour sa puissance  : incapacité de l’Union de lever l’embargo sur les ventes d’armes, creusement du déficit commercial européen, questions des droits de l’homme, impossibilité pour l’Union de devenir un acteur politique complètement détaché des États-Unis. »
  • Les attentes de Bruxelles face au « rival systémique » chinois. « De son côté, Bruxelles maintient ses attentes avec une difficulté certaine face au Parti-État chinois : protection des droits de l’homme, État de droit, maintien de la paix et de la stabilité dans le détroit de Taïwan, reprise des pourparlers avec le dalaï-lama, mise en place d’une réelle autonomie politique au Tibet et au Xinjiang, plus nette responsabilité internationale de la Chine, respect des obligations à l’OMC, meilleur accès au marché intérieur, meilleure protection des droits de propriété intellectuelle. »2
  • Le sommet Union-Chine de mi-septembre a révélé ce besoin de fermeté. « La perception d’une Chine conquérante […] a depuis une grosse décennie structurée un sentiment en demi-teinte concernant la Chine communiste. Ce sentiment est commun à l’ensemble des opinions des démocraties libérales – européennes en particulier – quoi qu’il se soit davantage radicalisé aux États-Unis. […] Il est frappant d’observer par exemple qu’Emmanuel Macron n’a pas de conseiller technique dans son entourage ayant une réelle connaissance de la Chine, de sa langue, de son terrain. »3
  • Une alliance stratégique avec les États-Unis ? Pour Michel Duclos, « Un agenda commun sur la Chine devrait d’ailleurs être au cœur d’une démarche proactive de l’Europe vis-à-vis des nouveaux dirigeants américains.  »4
  • L’Europe doit apprendre le capitalisme politique. L’époque où le monde semblait être façonné par les forces du marché semble se terminer. Le capitalisme politique est en pleine expansion, en Chine et ailleurs. Les États-Unis eux-mêmes favorisent l’imbrication instrumentale et réelle des objectifs économiques et des exigences de sécurité nationale, tandis que le modèle français s’affirme de plus en plus en Europe. Le défi crucial portera sur la technologie.5

Nota bene  : Aujourd’hui, l’ONU et l’OMC organisent des rencontres communes avec des ministres du monde entier pour trouver des solutions durables à la crise du COVID-19.

Sources
  1. FRADIN Lucille, Sommet UE-Chine  : amorce fébrile d’une vision stratégique européenne, Le Grand Continent, 25 juin 2020
  2. LINCOT Emmanuel, VERON Emmanuel, L’Europe et la Chine  : deux singularités anciennes dans un monde neuf, Le Grand Continent, 22 juin 2020
  3. Chine-UE  : un sommet pour des retombées réelles ou virtuelles  ?, Le Grand Continent, 14 septembre 2020
  4. DUCLOS Michel, Biden président  : une chance historique pour l’Europe, Le Grand Continent, 9 novembre 2020
  5. ARESU Alessandro, L’Europe doit apprendre le capitalisme politique, Le Grand Continent, 10 novembre 2020