À la suite de l’attentat terroriste de Conflans-Sainte-Honorine, une crise diplomatique a débuté par les propos du Président turc Erdogan à l’encontre du Président français. Elle prend désormais une dimension européenne. 

  • Le président Erdogan a attaqué Emmanuel Macron suite à ses mesures annoncées dans le cadre de la « loi sur le séparatisme », notamment dans une première déclaration l’appelant à faire « examiner sa santé mentale » concernant son attitude envers les musulmans.
  • Le Quai d’Orsay a réagi en dénonçant une « propagande haineuse et calomnieuse » et l’ambassadeur de France en Turquie a été rappelé. Le président Macron a réagi hier dans la soirée en déclarant « ne pas accepter les discours de haine » et « défendre le débat raisonnable ». 
  • L’Europe riposte. Aux déclarations du directeur de la communication d’Erdogan Fahrettin Altun, qui dénonçaient une attaque de la France envers les « valeurs sacrées et les écritures de l’Islam » et « nos modes de vie » (our way of life), le commissaire européen Margaritis Schinas a répondu en lui opposant « The European Way of Life » et en citant l’article 2 du traité de Maastricht définissant les principes communs aux États membres (dont le respect pour l’État de droit et les droits des minorités). Le Haut représentant Josep Borrell et le président du Conseil Charles Michel ont également réagi. 
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  • Une orientation inédite. Le contexte est pleinement géopolitique : Shinas et quelques autres acteurs « proches de Paris » à la Commission croient à la nécessité d’un ennemi pour susciter un sentiment d’appartenance et contribuer à la légitimation d’une commission géopolitique.
  • La Turquie devient une superpuissance régionale. Si elle est parfois qualifiée de «  Néo-Ottomane  » vis-à-vis du monde musulman sunnite, le président Erdogan est aussi l’héritier d’Atatürk, et fier de son appartenance au G20. En bref : la puissance turque joue sur tous les fronts.

Nota bene  : Quand l’Europe improvise : à  la mécanique institutionnelle communautaire tournée vers le temps long du consensus, vient s’adjoindre une capacité à prendre des décisions improvisées dans un contexte inédit et soudain. 1.

Sources
  1. LUMET Sébastien, Quand l’Europe improvise, Le Grand Continent, 30 aout 2019