Dans un policy paper inédit du Groupe d’études géopolitiques, avec un avant-propos de Lorenzo Bini Smaghi, Giuliano Da Empoli propose de partir de la culture et de ces septs idées pour concevoir un plan de relance de l’Union.
Selon l’ancien Maire-Adjoint à la Culture de Florence, aujourd’hui directeur du think tank Volta, multiplier les points de vue et les récits, recommencer à appréhender la construction européenne de façon transgressive est la seule manière de tirer les débats européens de leur ennui mortifère et de remettre en question l’hégémonie culturelle que les nationaux-populistes sont en train de bâtir pièce par pièce depuis vingt ans.
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Sept idées pour un plan de relance culturel de l’Union
Au cours des derniers mois, l’Union européenne a beaucoup progressé sur le plan de la Raison, mais pas sur celui des Sentiments. Or, ce sont les sentiments, autant que la raison, qui emportent l’adhésion des peuples et déterminent le résultat des élections. Voilà pourquoi, si réellement nous voulons aujourd’hui faire avancer l’Europe et vaincre les pulsions souverainistes, nous avons besoin, en plus du plan de relance financier, d’un plan de relance culturel.
Cette note pour l’action a pour objectif de dessiner les contours qu’une telle initiative pourrait assumer. Les propositions présentées ont toutes en commun l’idée que, au-delà du tabou de la mutualisation de la dette, le moment est venu de briser un tabou peut-être encore plus ancré dans la construction européenne telle que nous l’avons connue jusqu’ici : celui de la neutralité identitaire, qui a conduit les institutions européennes à négliger les politiques culturelles et à rejeter systématiquement toute dimension symbolique, en faveur d’un pragmatisme dépourvu autant que possible de la moindre forme d’émotion.
Depuis des années, les seuls qui parlent de manière passionnante de l’Europe sont ses ennemis. Si les pro-européens veulent être capables de combattre leur vision, la première chose à faire est d’arrêter d’être ennuyeux, en sortant des cadres établis et en prenant le risque de la controverse.
Loin de constituer une liste exhaustive, les propositions présentées dans cette note pour l’action veulent être avant tout une incitation à commencer à dessiner les contours d’un possible New Deal culturel de l’Europe.
Multiplier les points de vue et les récits, recommencer à appréhender la construction européenne de façon transgressive est la seule manière de tirer les débats européens de leur ennui mortifère et de remettre en question l’hégémonie culturelle que les nationaux-populistes sont en train de bâtir pièce par pièce depuis vingt ans.
Mieux vaut choisir de mettre aujourd’hui un visage sur les billets de banque de l’euro et supporter toutes les polémiques qui en résulteront, plutôt que continuer à alimenter l’Euro-ennui qui sape les bases de l’Union.