Bruxelles. Mardi 7 avril, les ministres de l’Économie et des Finances des États membres de la zone euro se réuniront par visioconférence dans le cadre de l’Eurogroupe, dans le prolongement de la réunion du Conseil européen du 26 mars dernier.

  • Trois dispositifs sont déjà en phase de négociation, voire de validation : un mécanisme d’assurance chômage au niveau européen (programme “SURE” de 100 milliards €), une garantie des prêts par la BEI (200 milliards €) et un renforcement du Mécanisme Européen de Stabilité (MES).
  • Un don ? Le Néerlandais Mark Rutte a proposé de simplifier les discussions en soutenant un simple don (et non un prêt) vers les pays les plus affectés par la crise de 10 à 20 milliards €.1
  • Une proposition novatrice de Bruno Le Maire : le ministre français a annoncé vouloir créer un « fonds de solidarité temporaire sur une période de 5 à 10 ans », essentiellement pour soutenir l’industrie européenne et les systèmes de santé après la crise. Le fonds serait financé par une « taxe de solidarité » ou une « contribution directe des États membres » et son montant n’est pour l’heure pas fixé.
  • Des réticences à prévoir : ce dispositif risque d’être fortement critiqué, notamment parce qu’il viendrait se surajouter au Cadre Financier Pluriannuel (CFP), le fameux budget de l’UE sur 7 ans qui a concentré toutes les contradictions européennes ces derniers mois. Or Le Maire a bien annoncé qu’il ne mettrait pas en œuvre un tel fonds sans l’accord de l’intégralité des États membres.2
  • L’économique contre le politique ? Cette proposition, si novatrice soit-elle, semble en réalité plus faible – et, peut-être, plus acceptable pour certains dirigeants comme Merkel ou Rutte – que celle des « coronabonds »3 lancée par plusieurs dirigeants européens et en particulier Macron et Conte. Des sources proches du dossier nous ont confié que les discussions entre ministres de l’Économie pouvaient avoir pour but de freiner celles des chefs d’État.
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Nota bene : L’Eurogroupe, scandale démocratique ? « Dans cette salle, on peut décider du sort de millions de citoyens en Grèce, en Italie, en Espagne, au Portugal, sans qu’il y ait la moindre transparence, le moindre contrôle parlementaire, et pas non plus de contrôle médiatique ou populaire, car en réalité personne ne sait ce qui se passe. C’est ça, le scandale ! », nous déclarait dans un entretien Pierre Moscovici.4

Sources
  1. Quand les Pays Bas pensaient la doctrine d’une puissance européenne, Le Grand Continent, 28 mars 2020
  2. LUMET Sébastien, Comprendre les rapports de force des négociations du cadre financier pluriannuel de l’UE, Le Grand Continent, 9 décembre 2019
  3. LUMET Sébastien, Face à la crise du Covid-19, les divisions fondamentales refont surface, Le Grand Continent, 26 mars 2020
  4. GRESSANI Gilles, MAXIMIN Elena, La fin de la social-démocratie ? Une conversation avec Pierre Moscovici, Le Grand Continent, 28 septembre 2018