Rabat. Le 30 juillet 2019, le Maroc a célébré les vingt ans au pouvoir du roi Mohammed VI. Il s’agit de l’occasion de dresser un premier bilan concernant la politique étrangère du royaume chérifien. Le règne de Mohammed VI a été marqué par l’ancrage sur le continent africain. Il s’agit de s’affirmer comme une puissance régionale majeure, en particulier en Afrique subsaharienne. L’évolution récente des relations entre ses partenaires et différentes organisations régionales est une illustration de cette orientation.

Le Maroc « ré »-admis au sein de l’Union africaine

Le Maroc a été, en 1963, un des États fondateurs de l’« Organisation de l’unité africaine » (OUA), organisation interétatique de coopération régionale remplacé en 2002 par l’Union africaine1. L’admission en 1984 de la « République arabe sahraouie démocratique (RASD) », dont le territoire est considéré par les autorités marocaines comme faisant pleinement partie du Royaume2, a conduit le Maroc, dirigé à l’époque par Hassan II, à quitter l’organisation3. Par la suite, la politique du Maroc vis-à-vis du territoire du Sahara occidental a consisté en la mise en œuvre d’une intégration territoriale de fait. L’objectif poursuivi par le roi Mohamed VI et son administration dans la gestion des revendications du Front Polisario, dans son volet africain, est de s’assurer que cette question territoriale ne compromette plus la mise en place de partenariats avec les différentes États du continent africain. Le développement d’une coopération sur les questions de sécurité a permis au Maroc d’obtenir suffisamment de soutien auprès des membres de l’Union africaine indépendamment des réticences de l’Algérie, de l’Afrique du Sud, de l’Angola ou du Nigeria pour pouvoir formellement faire une demande d’adhésion à l’Union africaine. Le royaume chérifien a également cessé de demander le départ de la RASD comme condition préalable à son retour dans l’organisation. Cette stratégie a porté ses fruits, les chefs d’Etat de l’UA annonçant lors du sommet de l’organisation du 31 janvier 2017 la « réintégration » du Maroc dans l’organisation. 

Le processus d’adhésion du Maroc à la CEDEAO

Dans le même mouvement, le 24 février 2017, le Maroc a, par une lettre à la présidence, fait une demande adhésion à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cette organisation d’intégration économique, qui compte aujourd’hui 15 Etats de l’ouest africain, a notamment comme objectif de créer un grand marché entre ces membres. Le Maroc y a, depuis 2005, le statut d’Etat observateur. S’il a obtenu un accord de principe des Etats membres4, le sommet de décembre 2017 de la CEDEAO a révélé des réticences et les difficultés qui demeurent. À titre d’illustration, il convient de rappeler qu’il faut l’unanimité des membres pour pouvoir rejoindre cette organisation, et les modalités techniques, concernant notamment les accords commerciaux et tarifaires sont encore en cours de négociation.5

Perspectives :

  • Le processus d’adhésion du Maroc à la CEDEAO est à suivre avec attention.
  • Si les échanges avec l’Union européenne sont toujours un volet important de la politique étrangère marocaine, il semblerait que les autorités aient engagé un rééquilibrage. La politique menée par le Maroc concernant sa place sur le continent africain pourrait marquer un basculement.
Sources
  1. Position constante depuis 1975 et rappelée lors du discours du roi Mohammed VI à l’occasion du 20ème anniversaire de son accession au Trône, 29 juillet 2019.
  2. 20e sommet de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), le 12 novembre 1984, Addis-Abeba, Ethiopie.
  3. Conclusion du 28e sommet de l’Union africaine, 31 janviers 2017, Addis-Abeba, Ethiopie.
  4. Accord de principe, 51e sommet de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)
  5. 52e sommet de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Abuja, Nigeria, 16 décembre 2017.