Caracas. L’ancien haut responsable de la compagnie pétrolière s’est suicidé le dimanche 21 juillet en Espagne, quelques jours après avoir accepté de collaborer aux enquêtes du Parquet anti-corruption du pays ibérique1. Les sources journalistiques s’accordent23 sur le manque d’informations sur Márquez et, en même temps, sur son rôle clé dans la mise à jour du réseau de corruption impliquant les sociétés Furnival Barristers et Aequitas Abogados y Consultores sous la direction d’Alejo Morodo, fils d’un ancien ambassadeur d’Espagne au Venezuela. 

Ce qui est certain est que Márquez était l’un des signataires des contrats en faveur des sociétés d’Alejo Morodo, domiciliées au Panama et en Espagne. On en sait peu plus sur ce haut dirigeant de PDVSA expatrié en Espagne et en dire plus ne serait que spéculer sur une mort qui ressemble au modus operandi des personnalités accusées de corruption en Amérique latine : rappelez-vous du suicide de l’ancien président péruvien Alan García au début de 2019. S’ajoute à cela, en toile de fond, le paiement de la somme extravagante de 4,5 millions de dollars reçue par Alejo Morodo à travers sa société domiciliée au Panama, pour des services de conseil et pour la création d’une filiale de PDVSA en Espagne.

Les réussites politiques et sociales des gouvernements progressistes d’Amérique latine entre 2000 et 2015 ont été progressivement entachées par les scandales de corruption révélés continuellement. Quant à PDVSA, il faut remonter à 2018, avec un bilan de 989 accusations du gouvernement de Nicolás Maduro contre des responsables de l’institution pétrolière4. Au-delà de la véracité de ces accusations, de telles scènes révèlent la lutte interne au Venezuela pour le contrôle de l’or noir qui divise non seulement l’opposition, mais également les factions favorables à Maduro.

Pour en comprendre une des causes, il faut analyser la double désignation de Rafael Ramírez, en 2002 en tant que ministre du Pouvoir populaire du Pétrole et des Mines et, en 2004 comme président de PDVSA. Deux carrières qu’il a menées en parallèle jusqu’en 2014. Cela a généré non seulement une mauvaise gestion, mais également un mauvais contrôle administratif de la compagnie pétrolière par son autorité de tutelle qui occultait les faits de corruption : peut-être pas comme un acte ex professo, mais comme la négligence de celui qui doit créer la politique, la mettre en œuvre et aussi s’auto-évaluer. Sans doute, ce sont trop de tâches centralisées dans la même figure.

Rafael Ramírez fait partie des personnes accusées de corruption par le gouvernement de Maduro, pour avoir autorisé le détournement de fonds de 11 milliards de dollars5. Ramírez, en plus d’entretenir de bonnes relations avec l’ancien ambassadeur d’Espagne, Morodo, dénonce désormais la mauvaise gestion du gouvernement de l’actuel président et ses conséquences, comme la baisse de la production de pétrole de 3 millions de barils par jour à 700 000 barils dans la période 2014-20196.

La mort de Juan Carlos Márquez, dont l’enquête judiciaire est toujours en cours, ajoute une pièce à un puzzle dans lequel la corruption est clé pour comprendre la crise, le dysfonctionnement des institutions publiques et la triste chute de l’une des principales économies du continent latino-américain au début du XXIe siècle. La corruption continue d’être le talon d’Achille de l’Amérique latine et des Caraïbes.

Perspectives :

  • Début 2019, le Parquet vénézuélien a ordonné le procès de six anciens directeurs de Citgo, une filiale de PDVSA, pour leur participation présumée à un système de corruption au sein de cette société. Bien que cette chasse aux responsables gouvernementaux de Hugo Chavez se poursuive, il n’y a aucune nouvelle du suivi du processus judiciaire engagé en août 2017 contre les fonctionnaires accusés de corruption. Ces processus sont lents et impliquent parfois la participation d’autres instances judiciaires dans des pays tels que l’Espagne et les États-Unis, où de nombreux expatriés vénézuéliens se rendent.