Edimbourg. Nicola Sturgeon, la première ministre écossaise, veut un deuxième référendum sur l’indépendance écossaise et estime qu’il doit se tenir d’ici le premier semestre 2021. Dans un discours prononcé devant le Parlement écossais fin avril, elle affirmait : « L’Indépendance signifierait que des décisions contre notre volonté et contre nos intérêts ne peuvent pas nous être imposées par Westminster »1. Le gouvernement écossais va introduire un projet de loi visant à organiser un second scrutin sur la question de l’indépendance d’ici mai 2021. « Avec toutes nos richesses et nos talents », a également déclaré Mme Sturgeon, « l’Ecosse devrait être une force motrice en Europe. Au contraire, nous sommes contraints de rester à la marge, mis sur la touche par le Royaume-Uni ». Mme Sturgeon est notamment sous la pression de factions internes à son parti, le Scottish National Party (SNP), mais selon de récents sondages l’opinion publique n’aurait pas nécessairement beaucoup évolué sur la question de l’indépendance2.

Une des questions clé du différend écossais porte sur l’immigration. En effet, le système politique britannique est conçu de telle façon que l’Ecosse maintient le contrôle sur ses affaires intérieures comme la santé, l’éducation ou les transports. Or, selon le gouvernement écossais, le Brexit empêcherait le pays de garder la porte ouverte aux immigrés, considérés comme une ressource fondamentale pour l’économie. Comment leur donner tort vu les pertes subies par le service national de santé, le National Health Service, depuis la baisse spectaculaire de personnel majoritairement issu de l’immigration ? Nicola Sturgeon a d’ailleurs introduit un paquet de mesure à destination des citoyens européens concernés par leur statut à cause du Brexit.

En 2016, les Écossais ont voté pour le Remain à une solide majorité. En 2014, ils s’étaient prononcé à 55 % contre l’indépendance, lors d’un référendum que Theresa May estime avoir clos le débat « pour une génération ». Est-il envisageable, dès lors, de rompre l’unité du Royaume aujourd’hui, en plein Brexit ? On retrouve dans le débat écossais des arguments similaires à ceux entendus sur le Brexit, notamment en ce qui concerne la dimension économique du sujet. Pour certains, les pertes liées à un divorce entre l’Écosse et le Royaume-Uni seraient proportionnellement plus importantes que celles liées au Brexit. Pour d’autres, rien ne pourrait mieux démontrer la validité de l’argument nationaliste selon lequel les intérêts écossais risquent toujours d’être mis de côté tant que le pays restera partie du Royaume-Uni, selon John Curtice de UK in a Changing Europe3.

En attendant un éventuel second référendum, dont la tenue dépendra en réalité de l’issue du Brexit, les Écossais s’apprêtent à élire six députés européens parmi les 73 élus britanniques censés retourner au Parlement européen, contre toute attente4.

GEG – Cartographie pour Le Grand Continent

Perspectives :

  • 31 octobre : date prévue pour la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.
Sources
  1. HARRIS John, My England is in a mess. Scotland’s case for splitting away is stronger than ever, The Guardian, 28 avril 2019.
  2. JEFFERSON Rodney, Brexit Chaos Renews Scottish Drive for Independence Vote, Bloomberg, 24 avril 2019.
  3. CURTICE John, The politics of Brexit in Scotland, The Uk in a Changing Europe, 13 mars 2018.
  4. BELAM Martin, How to make sure you can vote in the UK’s European elections, The Guardian, 29 avril 2019.