Rome. Le DM FER2 , la nouvelle version du décret ministériel italien qui définit les mécanismes de soutien aux énergies renouvelables, est proche d’être conclu et publié. Contrairement au FER11, qui s’appuyait sur des technologies matures et compétitives – comme le photovoltaïque, l’éolien et l’hydraulique – la version 2 s’engage vers le soutien à la biomasse et à la géothermie, des sources plus innovantes mais aussi plus coûteuses. Les secteurs agroalimentaire et industriel produisent d’énormes quantités de déchets agro-énergétiques non valorisés et coûteux en termes de gestion et de pollution : le ministère a ainsi décidé de mettre en place des incitations pour la valorisation de ces ressources, par le biais de la biomasse. L’opération promet une balance environnementale favorable et une production d’énergie, surtout thermique, proche des consommateurs2. Le gouvernement italien investit donc dans l’intégration des énergies renouvelables moins compétitives, afin de valoriser des ressources autrement destinées aux déchetteries – celles-ci ayant de graves problèmes de capacité et auxquelles les citoyens sont incités à recourir avec modération.

En ce qui concerne la géothermie, Diego Righini – directeur général de ITW LKW Geotermia Italia – explique comment après un débat de plusieurs mois, le gouvernement a finalement trouvé un accord : seules les centrales en circuit fermé et à zéro émissions seront soutenues. Il y aura de même des aides pour les reconversions des sites pétroliers en réseaux de chauffage urbain.

Durant la prochaine période 2019/2021, le gouvernement italien prévoit un repositionnement compétitif des entreprises énergétiques, une manoeuvre donnant du travail à presque 50 000 personnes : ingénieurs, architectes, géomètres et ouvriers3.

Dans le même temps, le Ministère du développement économique (MiSE) a lancé une consultation nationale de 30 jours pour le prochain plan triennal 2019/2021 de recherche pour le système électrique national4. Pour cette période, une dépense de 210 M€ est prévue5.

Ainsi, l’Italie applique les directives européennes prévues pour 2030 Energy Strategy, qui ont des objectifs ambitieux : 32,5 % pour l’efficacité énergétique et 32 % de production nationale d’énergie renouvelable.

Pour les atteindre, il est essentiel de garantir une transmission électrique efficace : la multiplication des sources de production intermittente comme l’éolien ou le solaire ont déstabilisé le réseau, qui a été construit à une époque où l’essentiel du parc électrique était composé de peu d’actifs à très grande capacité de production. Innover dans le secteur a donc, dans les intentions du gouvernement, un double impact positif : accoutumer un service lié à une conception du marché énergétique en voie d’obsolescence aux nouvelles exigences, et améliorer l’efficacité énergétique, ainsi rapprochant l’Italie des objectifs communautaires.

Perspectives :

  • Le gouvernement italien promeut une transformation soutenable du marché énergétique. En janvier, le décret ministériel FER1 a été publié, bientôt suivi par le FER2, pour lequel la date de publication n’est pas encore officielle. Non seulement la production est soutenue et subventionnée, mais le Ministère du développement économique prévoit une transformation du système de transport énergétique, pour garantir un réseau électrique robuste.
  • Dans les prochaines années, la demande de main d’oeuvre spécialisée et de compétences de conception et de management liées à l’innovation du parc énergétique augmenteront fortement dans les domaines de la production, du transport, du stockage, du suivi des consommations, et de la recherche.
  • Une restructuration du système électrique doit prévoir la croissance des productions énergétiques inégalement réparties sur le territoire, capables de répondre aux besoins des consommateurs d’électricité qui ne sont pas tout à fait autonomes vis-à-vis du réseau. La recherche du système électrique national doit donc tendre vers une forte flexibilité du réseau, qui doit en même temps garantir sa stabilité. Seul le développement de solutions stockage stationnaire à grande échelle peut garantir un tel niveau de service.
  • Le FER2 est encore bloqué au niveau européen, à DG COMP, pour des craintes qu’il ne respecte pas la neutralité technologique.