Mascate. Les liens actuels entre les États-Unis et Oman sont à mettre en perspective de leur histoire commune. Le sultanat est en effet le premier pays de Golfe à avoir noué des liens bilatéraux avec le jeune État nord-américain, en 1833, avec le Treaty of Amity and Commerce. Dans les années 1970, le sultan Qaboos reçut l’aide militaire de l’Iran de Mohammad Reza Pahlavi, le bras armé des États-Unis, lors du soulèvement communiste dans la région du Dhofar. Au cours de cette même décennie, les deux pays optèrent pour un fort rapprochement avec l’ouverture d’une ambassade dans leur capitale respective. Par ailleurs, Oman fut convié lors des discussions à Camp David sur une résolution du conflit israélo-palestinien.

Concernant l’aspect militaire, en 1980, les deux pays signèrent une série d’accords permettant à Oman d’utiliser les infrastructures étasuniennes et octroyant au sultanat un soutien financier. Cet accord a été renouvelé en 2010 et prévoit que les États-Unis peuvent utiliser les aérodromes omanais de Mascate, de Thumrait, de l’île de Masirah et de Musnanah1 . À travers ces différents accords, Oman autorise chaque année les Étasuniens à survoler 5 000 fois le pays, à atterrir 600 fois et à faire escale 80 fois par port2 .

Dimanche dernier, le 24 mars 2019, les deux États ont intensifié leur collaboration en signant un accord permettant aux Étasuniens d’utiliser les infrastructures maritimes omanaises. Les ports de Duqm et de Salalah, principal port du pays, sont particulièrement stratégiques. L’ambassade étasunienne à Mascate s’est félicitée de cette réaffirmation “des engagements des deux pays à promouvoir des objectifs mutuels de sécurité”3 . En effet, cette décision est bénéfique pour les deux parties. Pour le Sultanat d’Oman, cette présence étasunienne est importante dans la mesure où les pressions régionales se font de plus en plus fortes dans un contexte de rivalité entre l’Arabie saoudite et l’Iran. Pour les États-Unis, cela peut être perçu comme une réponse aux menaces iraniennes visant à bloquer le détroit d’Ormuz4 .

Perspectives :

  • Le port de Duqm n’attire pas seulement les Américains, mais aussi les Britanniques. En effet, en février dernier, le Royaume-Uni et Oman ont signé un accord permettant à la flotte britannique d’avoir accès à ce port. Le ministre britannique de la Défense s’était réjoui de cet accord permettant de s’implanter à “l’est de Suez”.
  • La présence étasunienne à Duqm aura un effet bénéfique sur l’économie locale en lui permettant de se détourner des domaines pétrolier et gazier. Cela s’inscrirait dans la politique de diversification mise en place depuis plusieurs années par le sultan Qaboos.
  • Enfin, l’accès aux ports omanais permettraient aux États-Unis de concurrencer l’influence chinoise dans la région. Pour rappel, en 2017, la Chine avait établi sa première base maritime à l’étranger à Djibouti, autre lieu stratégique car cet État se situe au niveau du détroit de Bab el-Mandeb5 .

Sources :

  1. US clinches strategic port deal with Oman, Arab News, 24/03/19.
  2. KATZMANN Kenneth, « Oman : Reform, Security, and U.S. Policy », Congressional Research Service, 09/11/18.
  3. L’Iran menace de bloquer le détroit d’Ormuz, L’Opinion, 21/07/18.
  4. STEWART Phil, With an eye on Iran, U.S. clinches strategic port deal with Oman, Reuters, 24/03/19.
  5. WALLIN Matthew, U.S. Military Bases and Facilities in the Middle East, American Security Project, 2018.

Maxime Onfray

Sources
  1. KATZMANN Kenneth, « Oman : Reform, Security, and U.S. Policy », Congressional Research Service, 09/11/18.
  2. WALLIN Matthew, U.S. Military Bases and Facilities in the Middle East, American Security Project, 2018.
  3. US clinches strategic port deal with Oman, Arab News, 24/03/19.
  4. L’Iran menace de bloquer le détroit d’Ormuz, L’Opinion, 21/07/18.
  5. STEWART Phil, With an eye on Iran, U.S. clinches strategic port deal with Oman, Reuters, 24/03/19.