Bakou. En août 1991, trois mois avant la chute de l’URSS, la république socialiste soviétique d’Azerbaïdjan proclama son indépendance. Au début du mois de septembre, un territoire voisin de la jeune République d’Azerbaïdjan fit sécession de l’Union soviétique et se donna le nom de République du Haut-Karabagh (en azéri, ou République d’Artsakh en arménien). Quelques jours plus tard, la République d’Arménie vit le jour. Composé quasi exclusivement de populations arméniennes, l’Artsakh reste aujourd’hui un territoire contesté : autoproclamé indépendant, il est de jure rattaché à l’Azerbaïdjan. Ce territoire contesté a été le théâtre d’affrontements pendant près de trois décennies.

Pour endiguer ces tensions, le groupe de Minsk vit le jour en 1992. Organisation tricéphale, sa présidence est assurée conjointement par un Russe, un Américain et un Français, et a pour mission la résolution pacifique du litige territorial (2). En octobre 2017, le groupe de Minsk a permis la tenue d’un sommet où furent conviés le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, et son homologue arménien de l’époque, Serzh Sargsyan. Au cours de cette rencontre, les deux dirigeants se sont entendus pour « prendre des mesures pour intensifier les négociations et prendre des mesures supplémentaires pour réduire les tensions sur la ligne de contact » (1).

Le 9 mars dernier, Ilham Aliyev et le Premier ministre arménien, Nikol Pashinyan (l’Arménie étant devenue une république parlementaire en 2018, l’homme fort du pays est désormais le Premier ministre), ont annoncé vouloir se rencontrer prochainement afin d’aborder la question du Haut-Karabagh. Pour l’occasion, les co-présidents du groupe de Minsk ont réitéré l’importance d’éviter le recours à la violence, de respecter le droit à l’autodétermination des peuples et de garantir une sécurité internationale sur le territoire artsakhtsi (5). Toutefois, lundi dernier, le ministre azerbaïdjanais de la Défense, Zakir Hasanov, a annoncé la tenue d’exercices militaires du 11 au 15 mars. Au cours de ces derniers, 10 000 soldats, 500 tanks et 300 forces aériennes devraient être mobilisés (4). Il faut rappeler qu’en 2013, Zakir Hasanov avait déclaré que l’Azerbaïdjan « se réserve le droit de libérer ses terres occupées », faisant ici référence au Haut-Karabagh (5).

Perspectives :

  • La situation actuelle en Azerbaïdjan n’apaise pas les relations interétatiques à l’aube de la rencontre entre Ilham Aliyev et Nikol Pashinyan. Tout reste à faire dans le rapprochement entre les deux dirigeants quant à une résolution du litige artsakhtsi et à l’avènement de la paix entre les deux États toujours en guerre.

Sources :

  1. Armenian and Azerbaijani Presidents met in Geneva, Commonspace, 16/10/17.
  2. Joint Statement by the Foreign Ministers of Armenia and Azerbaijan and the Co-Chairs of the OSCE Minsk Group, OSCE, 16/10/17.
  3. Press Statement by the Co-Chairs of the OSCE Minsk Group on the Upcoming Meeting of President Aliyev and Prime Minister Pashinyan, OSCE, 09/03/19.
  4. Azerbaijan starts large-scale military drills ahead of Baku-Yerevan meeting, PressTV, 11/03/19.
  5. Minister : Azerbaijan reserves right to liberate its occupied lands, Trend News Agency, 28/10/13.

Maxime Onfray