Dublin. En suivant le mouvement lancé par la jeune activiste suédoise Greta Thunberg, qui a entrepris une grève de l’école au mois d’août, les étudiants ont manifesté ce vendredi à Dublin contre l’attitude des États et des marchés européens qui négligent l’impact de leurs opérations sur le changement climatique dont les effets sont désormais alarmants1. Une prise de position rapide est demandée aux classes dirigeantes, perçues comme seules capables de construire l’avenir, ou de le détruire. Les Dubliners ne sont pas seuls : partout en Europe, et désormais aux États-Unis, les étudiants manifestent dans un climat pacifique mais résolu2, réclamant le droit d’habiter une planète où la durabilité des actions politiques est prise en charge par la population, où les actions concrètes font la différence et, surtout, où la politique ne dissimule plus ses responsabilités.
Le Commissaire Miguel Arias Cañete a accueilli favorablement l’engagement des jeunes Européens dans un discours tenu à l’occasion de la plénière du Parlement européen le 13 mars, rappelant que si “il n’est pas encore trop tard, nous n’avons plus le droit d’hésiter”, et appelant les États membres à construire une vision politique et environnementale pour l’Europe à l’horizon 20503.
La multiplication des manifestations pour le climat révèle la nature très hétérogène de la mobilisation. Le mouvement lycéen et étudiant tel qu’il se propage dans les grandes villes européennes repose en grande partie sur des collectifs locaux, créés dans les établissements scolaires, et non pas sur des syndicats, partis politiques ou ONG. En revanche, la pétition “L’Affaire du siècle” qui a récolté plus de 2 millions de votes en France a été lancée par quatre ONG rompues à ces exercices : Notre Affaire à Tous, la Fondation pour la Nature et l’Homme, Greenpeace France et Oxfam France. Cette pétition fait désormais l’objet d’une procédure devant le juge administratif.
Le changement climatique est un phénomène connu depuis longtemps, comme le constate Emmanuel Le Roy Ladurie dans son livre L’histoire du climat depuis l’an mil (1967) où il reconnaît que “depuis une trentaine d’années un grand nombre de scientifiques ont diagnostiqué, reconnu, cerné, exploré la fluctuation la plus récente (qui débute au XIXe siècle, ndlr) : la tendance séculaire, européenne et mondiale, au réchauffement. Ample fluctuation, désormais connue avec précision : elle constitue l’ultime épisode, la conclusion provisoire des développements climatiques des deux derniers millénaires ; elle est par elle-même un fait historique de première grandeur […].”. L’actuelle politique climatique doit chercher à limiter contre un changement irréversible, qui déstabilisera les fluctuations séculaires typiques, si on n’agit pas pour préserver notre écosystème. Elle doit nécessairement associer de véritables stratégies de réduction du réchauffement à court terme avec des plans d’adaptations qui tiennent compte des scénarios socio-économiques à long terme et de leurs conséquences4.
Perspectives :
- Les étudiants protestent dans plus de 120 pays au niveau mondial, en suivant l’appel de la jeune Greta Thunberg
- La fréquence de phénomènes climatiques extrêmes va augmenter, tout comme leur impact social, environnemental et économique, engendrant des dérèglements multiples d’ordre notamment migratoire et financier
- Les migrations des peuples qui vont perdre l’accès à l’eau ou qui vont voir la violence de la nature détruire leur terre seront très dures et seront difficiles à gérer.
Matteo Riviera, Clémence Pelegrin
Sources
- CROSSON Kayle, Over 10,000 students protest climate inaction in Dublin, Green News, 15 mars 2019.
- DE PASCALIS Mirko, Viticoltura e cambiamento climatico : percezione e strategie di adattamento del sistema enoico alpino, 31 mars 2016.
- Commission Européenne, Intervention by Commissioner Arias Cañete in the European Parliament plenary debate on climate change, 15 mars 2019.
- Climate strikes held around the world – as it happened, The Guardian, 15 mars 2019.