Brasilia. Le Brésil est entré dans une nouvelle ère politique. Jair Bolsonaro est à présent son nouveau président après une victoire retentissante contre le le Parti des Travailleurs de l’ancien président Luis Inacio Lula da Silva, qui purge aujourd’hui une peine de douze ans de prison pour corruption. Loin de modérer la rhétorique d’extrême droite qui l’a mené à la victoire, Bolsonaro a promis de « libérer » son pays du socialisme, de combattre « l’idéologie du genre » et d’encourager les agents de police à faire usage de la force létale contre les criminels supposés, dans un Brésil qui est déjà l’un des pays les plus violents au monde1 .

Pour ce qui est des questions économiques, Bolsonaro a déjà donné de larges pouvoirs à Paulo Guedes qui, avec cinq portefeuilles, sera le « super-ministre » de l’Économie de son gouvernement. Paulo Guedes est un économiste ultra-libéral, un « Chicago Boy » qui a promis de libéraliser l’économie, de privatiser la majeure partie des entreprises publiques, de réduire les taxes et les normes et d’attirer des investissements étrangers. Conséquence de ce programme libéral, Bolsonaro jouit du soutien quasi unanime du très influent milieu des affaires brésilien2 .

D’un autre côté, Paulo Guedes devra coexister avec un certain nombre d’anciens officiers militaires, dont le vice-président. Ceux-ci ont une conception de l’économie bien plus nationaliste et pourraient entrer en conflit avec le ministre de l’Économie. Enfin, le dernier groupe au sein du gouvernement Bolsonaro est constitué de politiciens de carrière dont la plupart appartiennent à des à des parties d’extrême-droite liés à des Églises évangéliques et à des lobbies agricoles. Afin de satisfaire ces groupes de pression, le nouveau gouvernement devrait ouvrir de vastes zones de la forêt amazonienne aux activités agricoles, ce qui pourrait causer des dommages environnementaux irréparables à l’une des régions les plus riches en diversité au monde3 .

Pour mettre en œuvre ses promesses, Bolsonaro devra maintenir l’équilibre entre ces trois groups (les libéraux, les militaires et les politiciens) et chercher des alliés au Congrès car son parti ne dispose que d’environ 10 % des sièges dans chaque chambre. Obtenir un appui du pouvoir législatif sera difficile mais pas impossible, d’autant plus que Bolsonaro commence son mandat avec un taux de popularité de près de 75 %4 .

L’un des ministres les plus populaires de ce nouveau gouvernement est Sergio Moro, le juge qui mena l’opération anti-corruption Lava Jato qui a envoyé Lula en prison : de nombreux Brésiliens saluent en lui un héros. En ec qui concerne la politique extérieure, Bolsonaro a promis de s’aligner sur la politique du président américain Donald Trump. Leur coopération pourrait s’affirmer au Venezuela, où l’on s’attend à ce que les États-Unis et le Brésil exercer une pression accrue sur le régime de Nicolas Maduro. Le nouveau ministre des Affaires des affaires étrangères, Ernesto Araujo, a promis de libérer le Brésil de la mondialisation et a qualifié le changement climatique de « conspiration marxiste ». De son côté, Bolsonaro s’est montré très critique envers l’influence de plus en plus importante de la Chine sur l’économie brésilienne, accusant Pékin de chercher à « acheter le Brésil ». Cependant, le Chine reste le premier partenaire commercial du Brésil, un investisseur précieux et une importante source de financement pour ses projets énergétiques et d’infrastructure. Il est peu probable que le nouveau président puisse rompre les liens avec la Chine sans d’importantes conséquences5 .

Sources :

  1. PHILLIPS Don, Bolsonaro declares Brazil’s ‘liberation from socialism’ as he is sworn in, The Guardian, January 1, 2019.
  2. MENDONICA Eloisa, Paulo Guedes, el ultraliberal que quiere encoger el Estado brasileño, El País, January 4, 2019.
  3. LOPES Marina, Brazil’s Bolsonaro hands farming interests greater sway over Amazon lands, The Washington Post, January 2, 2019.
  4. SERGIO LIMA Mario, Bolsonaro goza de gran apoyo, según las encuestas, Perfil, December 13, 2018.
  5. SPEKTOR Matias, Bolsonaro will regret baiting the Chinese tiger, Financial Times, December 27, 2018.

Bruno Binetti

Sources
  1. LOPES Marina, Brazil’s Bolsonaro hands farming interests greater sway over Amazon lands, The Washington Post, January 2, 2019.
  2. MENDONICA Eloisa, Paulo Guedes, el ultraliberal que quiere encoger el Estado brasileño, El País, January 4, 2019.
  3. PHILLIPS Don, Bolsonaro declares Brazil’s ‘liberation from socialism’ as he is sworn in, The Guardian, January 1, 2019.
  4. SERGIO LIMA Mario, Bolsonaro goza de gran apoyo, según las encuestas, Perfil, December 13, 2018.
  5. SPEKTOR Matias, Bolsonaro will regret baiting the Chinese tiger, Financial Times, December 27, 2018.