Addis-Abeba. Lors du 30ème Sommet de l’Union africaine qui s’est tenu les 28 et 29 Janvier 2018, l’Assemblée des Chefs d’État de l’Union africaine (UA) a investi Paul Kagame comme président pour l’année de 2018 et a également voté pour son successeur en 2019. La présidence tournante de l’Union sera ainsi exercée par le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.
Paul Kagame a imprimé sa marque sur l’UA. Il était en charge des réformes de l’UA depuis 2016 et il a organisé quatre sommets (dont deux extraordinaires en 2018) portant en grande partie sur les réformes institutionnelles. Pendant sa présidence, nombre de ses propositions se sont concrétisées, comme la taxe de 0,2 % sur les importations pour le financement de l’UA 1 . En revanche, si al-Sissi mène une politique africaine active, il semble porter un intérêt moindre à l’Union que son prédécesseur. En effet, l’Égypte est l’un des pays moins actifs et a même été suspendu de l’Organisation un an après le coup d’État qui a mené Al-Sissi à la présidence égyptienne.
Avec ce changement à la présidence, l’Union risque de perdre l’élan imprimé en 2018. Ceci devrait satisfaire les chefs d’État qui voyaient les réformes proposées par Paul Kagame comme une atteinte à leur souveraineté. A l’inverse, al-Sissi va lui plutôt se concentrer sur l’aspect sécuritaire et la reconstruction post-conflit. Dans cette perspective, le président égyptien a organisé les 8 et 9 décembre derniers le Africa Forum 2018 avec par thème « Business for Africa and the World », où il a notamment défendu les investissements dans l’infrastructure régionale. Un moyen selon lui pour améliorer l’intégration du continent et ainsi mieux profiter de la zone de libre échange continentale créée en mars 2018.
Sources :
- L’Union africaine adopte certaines des réformes proposées par Paul Kagame, Le Monde, 19 novembre 2018.
- Liesl Louw-Vaudran, ‘Changing mindsets’ on AU reform, ISS Africa, 11 décembre 2018.
- African leaders meet for ‘last push’ on AU reforms, AFP, 15 novembre 2018.
Christian Frank
