Brasilia. Le devenir de la politique latino-américaine en 2018 a été largement traversé par le scandale Odebrecht qui a éclaté en décembre 2016. On apprenait alors que cette entreprise brésilienne de BTP avait versé des pots-de-vin à des présidents, anciens présidents et d’autres hauts fonctionnaires de douze pays, dont neuf latino-américains, en échange de contrats au cours des deux dernières décennies. Depuis décembre 2016, les révélations faites par les cadres dirigeants de l’entreprise ont ouvert la voie à de nombreuses enquêtes. Le Brésil a sans doute été l’État le plus touché par cette affaire mais le scandale touche à l’heure actuelle neuf autres pays latino-américains : l’Argentine, la Colombie, l’Equateur, le Guatemala, le Mexique, le Panama, le Pérou, la République Dominicaine et le Venezuela. En effet, Odebrecht, en mettant en place le versement des pots-de-vin, ne s’est nullement soucié de la couleur politique de ses interlocuteurs : des partis et des dirigeants allant d’un bout à l’autre du spectre politique sont aujourd’hui accusés de corruption. Ainsi, ce scandale est devenu une clef de lecture indispensable pour qui veut tenter de comprendre de manière transversale l’actualité latino-américaine et ce qu’elle a de déroutant et de singulier. Cependant, c’est peut-être aussi parce que l’affaire a de si nombreuses ramifications que l’on a du mal à en faire l’un des principaux axes d’analyse.