Detroit. La PDG de General Motors (GM), Mary Barra, a annoncé lundi une importante opération de restructuration (6). La première entreprise du secteur automobile américain va se réorienter vers des modèles autonomes et électriques. Par conséquent, la production de plusieurs modèles traditionnels sera interrompue. Cinq établissements nord-américains risquent donc de fermer l’année prochaine, ce qui représente un perte d’environ 15 000 emplois. GM devrait également réduire ses dépenses de fonctionnement de plus de 1,5 milliards de dollars par an jusqu’à 2021.

Pourquoi maintenant ? Mary Barra a évoqué la réduction de plus en plus importante des marges du constructeur et la baisse de la demande pour les modèles produits aux États-Unis. Mais GM a tout de même généré des profits nets en 2018 : le troisième trimestre est même dans le top 5 en terme de performance depuis 2010 (2) et la marge nette est de nouveau positive après trois trimestres dans le rouge.

Il ne s’agit donc pas d’un effondrement contraint mais d’une mue dont le but, avoué, est la recherche d’une plus grande profitabilité et l’adaptation à un marché en pleine évolution. La vente des modèles de gamme moyenne à essence, le coeur de la production de GM, baisse continuellement depuis plus de 6 ans. Même en prenant en compte les fermetures à venir l’année prochaine, LMS Automotive estime que les établissements restants de GM en Amérique du Nord fonctionneront à moins 50 pour cent de leur capacité (3) : 326 000 véhicules seront produits l’année prochaine alors que sa capacité de production est de 800 000.

Mary Barra a en revanche annoncé un doublement des ressources allouées à l’électrique et au voiture autonomes sur deux ans. La production d’une vingtaine de modèles électriques aux États-Unis et d’une dizaine en Chine devrait être lancée d’ici 2020. Et GM n’est pas la seule entreprises à changer de peau. Ses principaux concurrent américains, Ford et Fiat Chrysler ont emprunté cette voie avant elle. En Avril dernier, Ford a annoncé l’arrêt presque total de sa production en Amérique du Nord (1), tandis que Fiat Chrysler avait déjà embrayé le mouvement en 2016 (5).

Mais si ces restructuration sont si douloureuses, c’est aussi le mode de production automobile américain qui est en cause. Contrairement aux établissements européens et japonais plus flexibles, les usines américaines ne peuvent que difficilement être adaptées à la production de modèles différents de ceux prévus originellement. Si GM, et en général les entreprises du secteur de l’industrie lourde partout dans le monde, ne construisent pas des usines plus polyvalentes, alors la tragédie qui a frappé le Michigan, l’Ohio et l’Ontario est appelée à se reproduire.

Perspectives :

  • General Motors, comme la plupart des constructeurs automobiles, est en pleine restructuration et se recentre vers la production de véhicules autonomes et électriques.
  • Cette restructuration est extrêmement coûteuse en emploi dans des États qui ont majoritairement voté pour Trump en 2016 (mais Démocrate en 2018). Ces fermetures sont un nouveau coup dur pour le président américain : il s’est déjà exprimé sur le sujet (4).
  • Donald Trump a évoqué la possibilité de “punir” GM en lui coupant l’accès à plusieurs subventions fédérales. À noter que les précédentes menaces similaires de Trump n’ont jamais été suivies d’effet.

Sources :

  1. HOLEY Peter, Say goodbye to the Ford sedan, Washington Post, 26 avril 2018.
  2. LIENERT Paul, Car market collapse outruns GM moves to keep up, Reuters, 28 novembre 2018.
  3. Macrotrends, General Motors net profit margin 2009-2018.
  4. OPRYSKO Caitlin, Trump says GM plant closures are ‘counter’ to nationwide trends, Politico, 29 novembre 2018.
  5. SNAVELY Brent, Fiat Chrysler ending car production in U.S., Detroit Free Press, USA Today, 28 juillet 2016.
  6. WHITE Joseph, CAREY Nick, GM to slash jobs and production, drawing Trump’s ire, Reuters, 26 novembre 2018.

Cyprien Batut