Lima. Lors de l’inauguration d’une réunion d’affaires Espagne-Pérou qui s’est tenue du 12 au 14 novembre, Felipe VI, roi d’Espagne, s’est félicité des relations bilatérales entre les deux pays en insistant sur le lien spécial d’affection et de complicité qui unit ces deux peuples (5). Le Business Meeting Spain-Peru avait pour objectif de permettre aux trente entreprises espagnoles et aux quatre-vingt entreprises péruviennes participantes (1) d’explorer des projets communs dans des secteurs tels que l’agriculture, l’eau, le développement, l’assainissement, le transport, le tourisme et les technologies de la communication.
À cette occasion, soulignant les « nombreux progrès réalisés dans tous les domaines » par le Pérou au cours des huit années séparant cette visite de sa précédente visite officielle, Felipe VI a assuré aux autorités péruviennes que les entreprises espagnoles présentes sur le territoire étaient fermement engagées à y rester, compte tenu des espoirs stimulants de l’économie. Cette déclaration est loin d’être anodine dans la mesure où la présence des entreprises espagnoles au Pérou est très significative. Le commerce bilatéral a augmenté de 50 pour cent l’année dernière et l’Espagne est le principal investisseur étranger au Pérou, avec plus de 400 entreprises – dont 300 PME – et un volume de vente annuel de près de 18 milliards de dollars, principalement dans des secteurs clés comme celui des services aux entreprises et de la construction. Les entreprises espagnoles peuvent contribuer de manière décisive à la modernisation de l’économie péruvienne, grâce au développement de ses infrastructures, au transfert de connaissances et de compétences et à une meilleure utilisation des opportunités offertes par la nouvelle ère numérique, domaine vers lequel le Pérou ne tourne pas encore un regard suffisamment entreprenant (6).
Le pays n’en reste pas moins une des économies qui a connu la plus forte expansion en Amérique latine au cours des deux dernières décennies, avec une croissance annuelle moyenne de 6 pour cent. Traditionnellement, il s’agit d’un exportateur net, ayant enregistré un excédent en 2017 pour la deuxième année consécutive. Sa dette publique, qui ne dépasse pas les 25 pour cent du PIB, est l’une des plus basses d’Amérique latine. Le Pérou offre, en outre, un cadre juridique favorable aux investissements étrangers : traitement non discriminatoire entre investisseurs étrangers et nationaux, accès sans restriction à la plupart des secteurs économiques, libre circulation des capitaux, libre concurrence et garantie de la propriété privée.
À cet égard, le roi d’Espagne a offert le soutien de son pays à l’entrée du Pérou dans l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) et a promis de le maintenir, reconnaissant les efforts de développement déployés à la fois par l’État et par la société pour se conformer aux normes exigées par cette organisation. Il faut dire que l’attrait du pays andin pour l’OCDE n’est pas récent. Dès le début de son mandat, en juillet 2016, le gouvernement du président Kuczynski avait fait de l’accès à l’OCDE avant 2021 un objectif prioritaire. Le dossier est aujourd’hui consensuel auprès des responsables politiques péruviens et s’inscrit dans la durée : entamée en 2008, la stratégie de rapprochement vis-à-vis de l’OCDE a donné un premier résultat tangible en décembre 2014 avec la signature de l’accord sur le Programme Pays au terme duquel devait être analysé le potentiel à l’accession (2). Compte tenu de sa détermination et de son activisme continuels, le Pérou visait une invitation formelle à l’accession lors du Conseil de juin 2017, ce qui ne fut pas le cas. L’examen du dossier péruvien n’a pas non plus donné lieu à un accord lors des présentations qui ont suivi, en septembre et novembre 2017 et reste un sujet ouvert. Le soutien de l’Espagne à cette candidature revêt par conséquent une importance toute particulière pour le pays.
Perspectives :
- La rencontre de mardi pourrait avoir pour effet de renforcer encore davantage la collaboration du Pérou avec les autres membres de l’Union. Le Secrétaire d’État péruvien au commerce, Edgar Vasquez, s’est dit favorable au renforcement des relations commerciales et entend tirer parti de l’Espagne qui pourrait constituer un tremplin vers d’autres marchés européens (1). L’Union représente en effet le troisième partenaire commercial du Pérou en termes d’importations et le principal destinataire de ses exportations, a fortiori depuis l’accord de libre-échange entré en vigueur en mars 2013.
- Sur le continent américain, le Pérou n’est pas le seul à regarder avec envie du côté de l’OCDE. Durant son discours au siège de l’organisation, Carlos Alvarado, président du Costa Rica, défendait cette semaine que l’inclusion de son pays dans l’OCDE, qu’il espère voir se concrétiser d’ici 2020, renforcerait la vision d’une politique multilatérale qu’il dit “nécessaire” à l’heure actuelle. Il rappelait les bienfaits que le processus d’adhésion avait eu sur la gestion économique de son pays (4). Si son souhait se concrétise, le Costa Rica deviendrait le 38ème pays de l’OCDE, rejoignant le Chili, le Mexique et bientôt la Colombie. En effet, le Sénat colombien vient, pour sa part, de donner son feu vert à l’entrée de la Colombie dans l’organisation, faisant suite à la signature des protocoles d’accord d’adhésion signés par Iván Duque lors de sa visite à Paris (3).
Sources :
- Felipe VI garantiza compromiso español con Perú : « Juntos somos más y mejores », Agencia EFE, 13 novembre 2018.
- Candidature du Pérou à l’OCDE, DG Trésor, 03 janvier 2018.
- Congreso aprobó ingreso de Colombia a la OCDE, El Espectador, 14 novembre 2018.
- JENKINS Christine, Carlos Alvarado : ‘Proceso de adhesión a OCDE ha llevado a Costa Rica a mejorar sus políticas’, El Pais, 13 novembre 2018.
- El Rey aboga desde Lima por continuar potenciando las « excelentes » relaciones bilaterales con Perú, La Vanguardia, 12 novembre 2018.
- VILLAR Paola, Gabriela Ramos : « El Perú es parte del siguiente paquete de acceso a la OCDE », 20 octobre 2018.
Camille Pin