Genève. L’atmosphère d’Halloween et de Diwali a inspiré cette année des déclarations importantes de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) au sujet de l’impact dévastateur de la pollution de l’air sur la population mondiale. Accueillant la Conférence Globale sur la Pollution de l’Air et la Santé, l’OMS a demandé aux gouvernements nationaux et locaux, à la société civile, au monde académique et aux organisations internationales de s’engager pleinement dans la création de nouvelles habitudes de lutte contre la pollution atmosphérique (5). Cette conférence est l’aboutissement d’une récente accumulation de voix appelant à une action globale contre la pollution de l’air. Les résolutions votées aux assemblées générales de l’OMS de 2015 et 2016 appelaient à augmenter les mesures prises dans le secteur de la santé et en-dehors, et a incité la communauté internationale à prendre ses responsabilités dans la prévention des maladies liées à la pollution de l’air, en réduisant l’exposition à la pollution atmosphérique et afin de diminuer ses coûts importants pour la société.

En qualifiant le problème de la pollution de l’air de “nouveau tabac”, le directeur général de l’OMS, Dr. Tedros Adhamon, a établi l’objectif de réduire la mortalité liée à la pollution atmosphérique de deux tiers avant 2030 (2). Bien entendu, cela serait un exploit bien ambitieux. Les individus, les villes et les régions ne peuvent pas, isolément, combattre la pollution de l’air. Ce défi nécessite une réponse coordonnée et globale comprenant éducation, régulation, et accès soins de santé universels et aux alternatives écologiques nécessaires pour lutter contre la pollution atmosphérique. Prenons l’exemple des feux d’artifices d’Halloween et de Diwali : quelques individus décident d’eux-mêmes de polluer plus. Seule la régulation permettra de pousser les individus à polluer moins. Par exemple, n’autoriser que les feux d’artifices écologiques ou bien les interdire purement et simplement en cherchant à éliminer cette tradition.

Il ne fait aucun doute que les actions menées actuellement par la communauté internationale contre la pollution atmosphérique ne sont pas adaptés à l’ampleur du problème. La pollution de l’air est responsable de de la mort prématurée de sept millions de personnes par an. Cependant, ce chiffre est probablement sous-estimé puisqu’il restreint la qualification de mort prématurée aux seules morts causées uniquement par la pollution aux particules et uniquement à cinq des causes les assurément liées à la pollution, comme les maladies des poumons ou les attaques cardiaques. Une autre estimation, fondée sur des suppositions moins optimistes de la toxicité d’un volume d’air inhalé, fait monter le chiffre à neuf millions (1).

La pollution de l’air peut être dangereux à l’extérieur – la pollution de l’air ambiant – ainsi qu’à l’intérieur – la pollution de l’air domestique. Et le fardeau la pollution atmosphérique, comme celui de tous les problèmes globaux, ne repose pas équitablement sur toutes les épaules. Les enfants, du fait de leur leur constitution biologique, sont les plus vulnérables. À l’échelle mondiale, 93 % des enfants vivent dans un environnement où la pollution atmosphérique est supérieure aux recommandations de l’OMS. Les effets combinés de la pollution de l’air ambiant et de la pollution de l’air domestique sont responsables de la mort prématurée de plus de 500 000 enfants en 2016, si l’on ne compte que ceux qui succombent à des infections respiratoires (4). Les maladies imputables à la pollution atmosphérique sont plus répandues dans les pays à bas et à moyen revenus, en particulier en Afrique, en Asie du sud-est, en Méditerranée orientale et dans la région pacifique. En Afrique, l’une des causes majeures de la pollution de l’air ambiant est l’utilisation massive de combustibles et de technologies polluants dans la cuisine, le chauffage et l’éclairage, avec une exposition d’autant plus importante pour les ménages les plus pauvres et pour les femmes. En Europe, la pollution de l’air n’est pas non plus un problème bénin. Selon l’Agence Environnementale Européenne de Copenhague, la pollution atmosphérique fut responsable de 500 000 morts prématurées en 2015 (3). Bien que ce chiffre soit significatif, il témoigne d’une amélioration par rapport à la situation au début des années 2000.

Perspectives :

  • La conférence s’est conclue sans accord intergouvernemental cherchant à lutter contre la pollution atmosphérique. En l’absence de réel engagement politique et d’accroissement des investissements dans la production d’électricité à faible perte énergétique, dans des énergies propres et accessibles, dans une meilleure gestion des déchets énergétiques et dans un système de transport public vert, l’objectif de réduire les morts prématurées liées à la pollution atmosphérique de deux tiers avant 2030 pourrait être aussi difficile à atteindre que celui de limiter le réchauffement climatique.

Sources :

  1. BURNETT et al., Global estimates of mortality associated with long-term exposure to outdoor fine particulate matter, PNAS, 18 septembre 2018.
  2. CARRINGTON Damian, TAYLOR Matthew, Air pollution is the ‘new tobacco’, warns WHO head, The Guardian, 27 octobre.
  3. EU Lists Air Pollution Hotspots as UN Warns on Child Health, New York Times, 29 octobre 2018.
  4. OMS, Air pollution and child health : prescribing clean air, 2018.
  5. OMS, Clean air for health : Geneva Action Agenda, 1er novembre 2018.

Gráinne Dirwan