Clark, Filippine. Le premier arrêt du voyage a été le Vietnam, où Mattis a rencontré son homologue Ngo Xuan Lich. La déclaration bilatérale à l’issue du sommet a souligné que les deux pays sont déterminés à maintenir la sécurité régionale, à commencer par la zone de la mer de Chine méridionale, où la pleine liberté de navigation doit être garantie maintenant et à l’avenir. La coopération en matière de sécurité maritime a également été au centre de la réunion ultérieure entre Mattis et Prawit Wongsuwan, ministre thaïlandais de la Défense, qui s’est tenue en marge de la cinquième réunion des ministres de la Défense de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Admm-Plus).

Outre les questions navales, l’autre question cruciale pour l’équilibre de la région est la dénucléarisation de la Corée du Nord, avec laquelle, comme chacun sait, Washington a ouvert une voie diplomatique en 2018. Néanmoins, les craintes stratégiques du Japon n’ont pas disparu, comme l’a rappelé le ministre de la Défense de Tokyo, Taeshi Iwaya, lors du sommet avec Mattis. Les deux pays souhaitent réaffirmer leur volonté de renforcer la coopération militaire bilatérale pour garantir la stabilité asiatique. Et ces mêmes points ont ensuite été réaffirmés par le communiqué signé par le chef du Pentagone et son homologue sud-coréen, Jeong Kyeong-doo.

Le fait que la Corée du Sud et le Japon soient les principaux alliés des États-Unis en Extrême-Orient a été souligné par la réunion trilatérale exclusive que les trois ministres de la défense ont toujours tenue dans le cadre du sommet de l’Asean (1). Mattis a également rencontré Nirmala Sitharaman, ministre de la Défense de l’Inde, le pays qui, dans la vision stratégique américaine, représente le contrepoids idéal à l’expansionnisme chinois.

La visite du secrétaire d’État américain s’est terminée par une discussion interlocutoire avec Wei Fenghe, son homologue chinois. Tous deux ont souligné l’importance de maintenir un dialogue bilatéral et des lignes de communication ouvertes afin de réduire les risques d’accidents. Les deux pays ont déclaré qu’ils souhaitaient continuer à coopérer sur des questions stratégiques, particulièrement en ce qui concerne la question nord-coréenne (2).

Perspectives :

  • Bien que la tournée de Mattis n’ait pas trouvé une place significative dans les médias traditionnels, en particulier en Europe, elle est d’une importance considérable. Au moment où l’administration Trump concentre son attention sur les questions essentiellement commerciales, le Pentagone travaille sur le renforcement des alliances stratégiques et le maintien de l’équilibre dans les régions, comme l’Indo-Pacifique, où celles-ci semblent devenir de plus en plus instables en raison de l’affirmation militaire croissante, notamment navale, de la Chine (3).
  • Bien que la région indo-pacifique puisse actuellement sembler marginale par rapport aux intérêts de l’Union, c’est un espace dont la stabilité est fondamentale pour la prospérité européenne. En effet, les États-Unis sont déterminés à faire en sorte qu’une crise latente résultant d’un changement dans les relations de pouvoir ne débouche pas sur un conflit. Cela créerait de l’instabilité si cela devait se produire, pénalisant d’abord et avant tout la dimension économique, puis le commerce entre l’Asie et le reste du monde, à commencer par l’Europe.
  1. Département de la Défense américain, Readout of Secretary of Defense James N. Mattis’ participation in tri-lateral meeting with Japan and the Republic of Korea, 19 octobre 2018.
  2. Département de la Défense américain, Readout of Secretary of Defense James N. Mattis’ bilateral engagement with Chinese Minister of National Defense GEN Wei Fenghe at the 2018 ADMM-Plus, 23 octobre 2018.
  3. STEWART Phil, As tensions mount, Mattis seeks more resilient U.S. ties with China’s military, Reuters, 17 octobre 2018.

Davide Borsani