Berlin. D’une manière générale, la dixième édition du World Health Summit du 14 au 16 octobre dans la capitale allemande n’a pas suscité une avalanche de commentaires. La chancelière Angela Merkel a cependant profité de son statut d’hôte pour occuper le devant de la scène et prononcer un discours, rappelant à un public acquis l’importance de la coopération internationale pour faire face aux menaces globales posées à la santé publique par de nombreuses maladies et épidémies (2). Le monde entier a été confronté à la puissance de destruction de ces épidémies en 2014, lorsque le virus Ebola a montré au grand jour l’impréparation de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), incapable de gérer une épidémie traversant les frontières à très grande échelle.

Parallèlement à l’objectif premier du sommet – l’organisation d’un Plan d’Action Global pour la santé publique et le bien-être de tous, un engagement pris par 11 organisations internationales clés à travailler en coopération pour atteindre les buts relatifs à la santé publique des Objectifs de Développement Durable (SDG) de l’Agenda 2030 – ce fut aussi l’occasion pour l’Allemagne de consolider ses aspirations à devenir un leader mondial sur les questions de santé publique.

À travers les questions de santé publique, c’est l’occasion de renforcer son soft power qui attire l’Allemagne. Un engagement qui est passé inaperçu aux yeux de beaucoup : ces dix dernières années, l’Allemagne a doublé ses fonds alloués à la santé publique à l’échelle mondiale. En complément de son rôle joué dans la gestion mondiale de la crise provoquée par le virus Ebola, le gouvernement allemand a saisi les opportunités que lui présentaient sa présidence du G7 puis du G20 afin d’exercer son leadership (1).

Mais l’engagement de l’Allemagne a fortement besoin de renforcer son dynamisme à travers des actions plus concrètes. Les écarts de financement à l’échelle mondiale, la fragmentation des politiques de santé publique et jusqu’à la faiblesse de l’Allemagne dans ses propres politiques de santé domestiques sont autant d’obstacles aux ambitions allemandes. Les annonces effectuées au Sommet témoignent des efforts engagés par l’Allemagne afin de corriger ces faiblesses : le gouvernement allemand a promis 115 millions d’euros de financement pour l’OMS ces quatre prochaines années afin de soutenir sa mission fondamentale. Cette annonce est particulièrement significative puisque l’OMS a des difficultés à conserver son autorité du fait de la grave crise budgétaire qu’elle connaît. Le gouvernement allemand a également consacré 500 millions d’euros de fonds pour investir dans la recherche sur la résistance antimicrobienne. De plus, la Charité – Universitätsmedizin Berlin and the London School of Hygiene & Tropical Medicine (LSHTM) ont signé un mémorandum d’entente pour améliorer la collaboration et la coopération dans les questions de santé à l’échelle mondiale (3).

Perspectives :

  • Berlin attire de plus en plus les acteurs de la santé mondiale : la Fondation Gates et le Wellcome Trust viennent tout juste d’annoncer l’ouverture de nouveaux bureaux à Berlin. On peut s’attendre à ce que d’autres acteurs les suivent et donc commencer à considérer Berlin comme un centre émergent pour la santé mondiale, concurrençant Genève et New-York.

Sources :

  1. KICKBUSH Ilona et al., Germany’s Expanding Role in Global Health, The Lancet Journal, 3 juillet 2017.
  2. RATCLIFFE Rebecca, Merkel calls for international unity in the face of global health threats, The Guardian, 17 octobre 2018.
  3. World Health Summit, Charité and LSHTM agree on future cooperation, 15 octobre 2018.

Gráinne Dirwan