Bruxelles. Dure semaine pour les institutions européennes. Elle commence dimanche 14 octobre, dans l’après-midi. Après dix jours d’intenses de discussions, la Commission européenne et le Royaume-Uni décident de suspendre les négociations sur l’accord de retrait de Londres de l’Union. Il n’y aura pas de fumées blanches sur le Brexit cette semaine. En effet, si pour le négociateur européen Michel Barnier 90 pour cent de l’accord est finalisé, Londres et Bruxelles sont dans une impasse sur le sort de l’Irlande du Nord. Les Britanniques ne veulent pas toujours que Belfast continue de respecter des règles européennes après le Brexit pour éviter une frontière sur l’île.

Mais devant l’incapacité de Londres à proposer une alternative, Bruxelles et les leaders européens ne bougent pas. La Commission peut être créative sur la formulation, mais pas question de diviser le marché unique européen, ou que les Britanniques dans une union douanière puisse récolter les droits de douanes de l’Union. Il reste encore quelques semaines à la Première ministre Theresa May pour trouver une solution à ce que le Président du Conseil européen Donald Tusk nomme subtilement un “noeud gordien” (2). De manière intéressante, les Européens n’ont pas décidé d’annoncer un sommet de la dernière chance en novembre. C’est à Theresa May de travailler à Londres pour un accord, pour ensuite se réunir et sceller un potentiel accord. Sinon, les leaders européens sont prêts au no-deal.

Le Brexit est un divorce, pas une négociation européenne normale. C’est la différence principale avec la nouvelle saga à Bruxelles qui s’annonce pour les prochains mois : le budget italien. En effet, la Commission a envoyé une lettre au gouvernement de Rome où elle exprime ses “sérieuses inquiétudes” (1) sur sa décision de proposer un déficit public en 2019 de 2,4 pour cent, au lieu de l’engagement du précédent gouvernement de centre-gauche à 2,1 pour cent. L’exécutif européen tente selon plusieurs sources de “dé-dramatiser” la situation, indiquant que la France par exemple recevra aussi une lettre sur son budget, mais Rome accuse déjà Bruxelles d’intransigeance. Mais si le chancelier autrichien Sebastian Kurz ou encore le Premier ministre néerlandais Mark Rutte ont indiqué au Conseil qu’ils étaient contre le budget italien, leur attitude envers Rome est différente comparé à l’enjeu du Brexit. En effet, il s’agit là de sauver un mariage.

Perspectives :

  • Novembre : Négociations intenses sur le budget italien.
  • 17-18 novembre : Potentielle réunion des leaders européens pour entériner un accord, ou pour accélérer leurs préparations pour un ‘No Deal’.
  • 13-14 décembre : Conseil européen de décembre.
  • 21 janvier : date limite, selon le Parlement britannique, pour un accord sur le Brexit avant de se concentrer sur un scénario ‘no deal’.

Sources :

  1. Commission Européenne, Lettre de Valdis Dombrovskis et Pierre Moscovici au gouvernement italien, 18 octobre 2018.
  2. DE CARBONNEL Alissa, EU’s Tusk bemoans lack of a ‘Great’ to cut Gordian Brexit Knot, Reuters, 16 octobre 2018.

Quentin Ariès