Bruxelles. Depuis mai 2017, une initiative appelée Clean Energy for EU islands (2) est menée par le Secrétariat aux Îles de la Commission Européenne. Son objectif est de permettre aux espaces insulaires, souvent non-connectés aux réseaux continentaux, d’initier leur propre transition énergétique selon leurs atouts et leurs contraintes, afin de réduire leur dépendance envers les combustibles fossiles.

Entre ensoleillement important, côtes venteuses, ressources marines et hydrauliques, capacité géothermique et biomasse-énergie, la diversité des conditions naturelles dans les territoires ultra-marins français est particulièrement favorable à l’expérimentation de nouveaux moyens de production énergétique. Pour autant, l’objectif général annoncé par le gouvernement français concernant la transition énergétique en Outre-mer – 50 pour cent de l’énergie consommée d’origine renouvelable en 2020 et autonomie énergétique atteinte d’ici 2030 (5) – pourrait s’avérer trop ambitieux au vu des grandes disparités constatées d’une île à l’autre. Alors que la Guyane avait déjà rempli la première condition en 2016, les énergies renouvelables ne représentaient respectivement que 5 pour cent et 7 pour cent du mix électrique à Mayotte et en Martinique (4). Des programmations pluriannuelles de l’énergie distinctes sont établies, afin d’adapter les paliers de changement aux contextes locaux. Celle de Martinique prévoit que la barre symbolique des 50 pour cent ne sera pas franchie avant 2023 (3), et des études supplémentaires sont nécessaires pour déterminer les bons leviers d’action. Forte densité de population, isolement du réseau électrique, intermittence du renouvelable, les difficultés sont multiples. On note toutefois des progrès encourageants, comme la mise en service ce mois-ci de la nouvelle centrale bagasse/biomasse Galion 2, qui pourrait potentiellement fournir jusqu’à 15 pour cent de l’électricité locale (1).

Cette gestion régionale de la transition énergétique ultra-marine française souligne l’importance de tenir compte des spécificités territoriales, y compris dans la poursuite des objectifs européens. Les enjeux communs devront être traités localement en fonction des potentiels identifiés, à plus forte raison dans les 2400 îles de l’Union, représentant 15 millions d’habitants.

Perspectives :

  • 5 novembre 2018 : Clean energy for EU islands forum.
  • Réduction des coupures d’électricité, stabilisation du réseau et montée en autonomie des milieux insulaires.
  • Développement de solutions innovantes, de technologies nouvelles autour du stockage énergétique, déploiement des réseaux intelligents smart grid.

Sources  :

  1. Biomasse-déchets en Martinique, ADEME, 2018.
  2. 2nd Clean Energy for EU Islands forum, Commission Européenne, 2018.
  3. Programmation Pluriannuelle de l’Energie de la Martinique, Préfecture de Martinique, CTM, 2017.
  4. Bilan électrique SEI 2016, EDF, 2016.
  5. La transition énergétique Outre-mer, Ministère des Outre-Mer, 2016.

Fabien Kufel