Okinawa. Les élections préfectorales du 30 septembre à Okinawa, préfecture japonaise réunissant plusieurs îles au sud du pays, ont aboutit à l’élection de Denny Tamaki au poste de gouverneur. Désigné comme son successeur par le précédent gouverneur Onaga décédé en août, Tamaki représente une continuité politique. Elle est d’autant plus considérable que son rival, Atsushi Sakima, candidat du parti PLD du premier ministre Shinzō Abe, profitait d’un énorme soutien de la part du pouvoir en place, avec plusieurs visites locales effectuées par des hauts fonctionnaires du parti. L’élection de Tamaki représente donc une défaite pour Abe. Si son rival avait adopté une stratégie se concentrant sur la croissance économique sans se prononcer clairement sur son approche par rapport à une potentielle relocalisation de bases militaires étatsuniennes à Okinawa, Tamaki en a fait la thématique centrale de sa campagne. En effet, la question de la présence des forces étatsuniennes sur l’île et la potentielle relocalisation de la base de Futenma à Henoko, tous deux à Okinawa, est considéré comme cruciale par nombre d’Okinawanais (5).

Les Japonais qui adoptent une perspective d’un Japon menacé par son environnement se prononcent en faveur d’une présence militaire des États-Unis sur le territoir, afin de renforcer l’alliance sécuritaire nippo-étatsunienne (3). D’autres, et surtout les habitants d’Okinawa, sont opposés à la présence des militaires, et particulièrement aux survols militaires effectués par les forces aériennes, source d’accidents réguliers et d’une pollution sonore considérable dans une zone densément peuplée à Futenma (2). Ils rappellent que la distribution des forces étatsuniennes sur le territoire japonais est inégale, avec 70 pour cent des bases à Okinawa qui ne représente que 0,6 pour cent du territoire. Nombreux sont ceux qui souhaitent le départ complet des forces de l’île. La position du gouvernement Abe est pourtant qu’une relocalisation à Henoko est la seule option réaliste (1). Ainsi, le nouveau gouverneur Tamaki, strictement opposé à Henoko et ayant évoqué la possibilité que les États-Unis ne mènent plus d’exercices militaires sur l’île, jouera un rôle dans les échanges sécuritaires à venir entre Tokyo et Washington, qui s’étaient déjà mis d’accord sur la fermeture de Futenma en 1996 (4).

Perspectives :

  • En avril 2019 pourrait avoir lieu un référendum à Okinawa sur la question de la relocalisation de le base de Futenma à Henoko (5).
  • Au plus tard en juin 2019 Abe reverra Trump lors du sommet du G20 au Japon.

Sources :

  1. Tamaki on collision course with government over U.S. base, The Asahi Shinbun, 1 octobre 2018.
  2. Vote underscores Okinawans’ opposition to base relocation, The Asahi Shinbun, éditorial du 2 octobre 2018.
  3. New governor must remove Futenma base dangers, work with central govt, The Japan News by the Yomiuri Shinbun, 1 octobre 2018.
  4. No Henoko transfer needed if drills are held outside Japan, The Japan News by the Yomiuri Shinbun, 2 octobre 2018.
  5. In blow to LDP, opponent of U.S. base relocation plan Denny Tamaki wins Okinawa gubernatorial race, The Japan Times, 30 septembre 2018.