Ilulissat. Le mercredi 3 octobre, les représentants du Danemark (y compris le Groenland et les îles Féroé), de la Norvège, de la Russie, des États-Unis et du Canada ont signé à Iulissat (Groenland) un accord avec quatre autres pays non arctiques et l’Union pour arrêter la pêche commerciale sur une zone maritime d’environ 2,8 millions de kilomètres carrés dans l’océan Arctique. Les activités seront suspendues pour les 16 prochaines années, afin de permettre aux scientifiques d’étudier la faune et la flore marines de la région. La suspension sera prolongée jusqu’à ce que des règles et des quotas soient établis sur la base de la recherche scientifique pour préserver le fragile écosystème marin local.

L’accord couvre une zone que la fonte des glaces rend de plus en plus accessible à la pêche, et selon Henry Huntington, directeur de Ocean Conservancy, arrive « juste à temps » pour protéger cette mer, récemment rendue accessible à la pêche (2).

Les pays non arctiques inclus dans l’accord sont, outre l’Union, la Chine, la Corée du Sud, l’Islande et le Japon. Le vice-président de l’ONG canadienne Oceans North Trevor Taylor a qualifié l’accord d’”historique”, car “partout où nous avons pêché, dans l’histoire de l’humanité, nous avons toujours pêché d’abord et ensuite posé des questions”. Cette fois, les pays signataires ont suivi le processus inverse, offrant, selon Taylor, un modèle de coopération internationale face aux défis environnementaux de plus en plus pressants (2).

“Lorsque la glace fondra, a commenté le ministre danois des Affaires étrangères Anders Samuelsen, nous serons confrontés à de nouveaux défis, mais il y aura aussi des opportunités dans des domaines tels que la pêche et les transports. Nous devons gérer à la fois les défis et les opportunités, et c’est exactement ce que nous faisons avec cet accord” (1).

Perspectives :

  • La recherche scientifique est un domaine stratégique pour les pays ayant des intérêts dans l’Arctique. Dans ce cas, il sera intéressant de voir qui sera le plus actif dans l’étude de la faune et de la flore marines de la région au cours des 16 prochaines années.
  • La signature de l’accord montre que le multilatéralisme reste une perspective réaliste et une voie viable dans l’Arctique, en dépit du fait que la fonte des glaces rend disponible de plus en plus de ressources attrayantes pour beaucoup de pays, arctiques ou non arctiques.

Sources :

  1. Ministère des affaires étrangères danois, Historical agreement on fisheries in the Arctic to be signed in Greenland, 2 octobre 2018.
  2. SEVUNTS Levon, Nine countries and EU set to sign ‘historic’ agreement to protect Central Arctic Ocean, Eye On Arctic, 2 octobre 2018.