La Haye. À l‘occasion du très codifié Prinsjesdag, qui se déroule chaque année le troisième mardi de septembre, le roi des Pays-Bas Willem-Alexander a prononcé devant les États généraux son traditionnel discours du trône (3). Préparé par le gouvernement du premier ministre Mark Rutte, la troonrede a été suivi de la présentation du budget et d’un débat général à la Seconde Chambre.

Par la voix du roi, Rutte a insisté sur la conjoncture économique favorable : la croissance s‘élève à 2,6 pour cent, le chômage à 3,5 pour cent – un niveau historiquement bas –, et le budget est en excédent pour la troisième année consécutive. Une opportunité à saisir, selon lui, pour investir dans le quotidien des citoyens et s’assurer qu’ils soient « plus nombreux à ressentir dans [leur] vie quotidienne que les choses vont bien ». D’où un ton résolument optimiste, soulignant la dynamique de la communauté néerlandaise et annonçant des investissements dans la culture, l’éducation, l’innovation, la recherche, tandis que les soins aux personnes âgées, la défense et le logement voient leurs financements augmenter significativement. Des fonds spéciaux sont alloués aux reconstructions dans les Caraïbes néerlandaises, lourdement touchées par la saison cyclonique l‘an passé. Enfin, Rutte a insisté sur l’urgence de la transition énergétique et la réduction de la « dette environnementale » et annoncé la fin de l‘exploitation des gisements de gaz de Groningen, connus pour causer des séismes.

Derrière ces annonces conciliantes, la coalition de gouvernement quadripartite de centre-droit (VVD/ALDE), qui ne dispose que d’une majorité d’une voix à la Seconde Chambre et risque de perdre la Première Chambre aux élections sénatoriales du mois de mai (1), est dans une position précaire. Surtout, son coûteux projet de suppression totale de l’impôt sur les dividendes et de diminution de l‘impôt sur le sociétés suscite des critiques jusqu’au Conseil d’État (2). Son argumentaire, qui évoque une réduction par ce biais de l’évasion fiscale et des montages financiers, peine à convaincre, tandis que la mesure réunit contre elle l’opposition des deux bords.

Ces tensions, rendues de manière feutrées dans le discours du roi, interviennent à un moment où les ambitions internationales des Pays-Bas sont certaines. Membre du Conseil de sécurité jusqu’au premier janvier, le Royaume entend s’affirmer comme champion du multilatéralisme et du libre commerce, et agir sur le monde tant au travers d‘aides au développement que de coopérations économiques. L’Europe apparaît pour le premier ministre libéral-conservateur comme un refuge face aux « vieilles alliances » vacillantes, comme le lieu du renforcement de l’euro, du marché commun et de l’État de droit, mais aussi comme un lieu d’incertitude qui doit, selon le discours du trône, « se concentrer sur ses missions fondamentales et tenir ses promesses ».

Perspectives :

  • 1er janvier 2019 : renouvellement du Conseil de sécurité de l’ONU (sortent : Bolivie, Éthiopie, Kazakhstan, Pays-Bas, Suède ; entrent : Allemagne, Belgique, République dominicaine, Indonésie, Afrique du Sud).
  • 20 mars 2019 : élections provinciales.
  • 27 mai 2019 : élections sénatoriales.

Sources :

  1. Meer mensen moeten concreet merken dat het goed gaat, De Telegraaf, 18 septembre 2018.
  2. Raad van State kritisch over plan dividendtaks, De Telegraaf, 18 septembre 2018.
  3. Willem-Alexander, Troonrede 2018 (ici en français), 18 septembre 2018.