Tôkyô. Mitsubishi Shipbuilding Company se tourne vers le marché naval haut de gamme européen. La filiale de Mitsubishi Heavy Industries est devenue une entité distincte suite à une restructuration en janvier 2018, et se montre déterminée à saisir l’opportunité de l’augmentation de la demande européenne en matière de ferries haut de gamme, transportant passagers et véhicules. “Nous regardons vers le marché européen. Nous devons l’emporter sur le prix, et sur la performance”, déclare Koji Okura, président de la jeune branche Mitsubishi Shipbuilding Co. (4).
Cette ambition est cohérente non seulement dans la mesure où la demande augmente en Europe – le secteur de la croisière affichait une production économique totale de 40,95 milliards d’euros en 2015 (5), et le CLIA Research Center prévoit une augmentation de passagers de 4,8 pour cent entre 2017 et 2018 (2) – mais aussi car l’innovation technologique sur laquelle le constructeur naval japonais mise correspond aux attentes du continent. Cette innovation comprend notamment des améliorations de l’optimisation énergétique des navires. Un aspect crucial, d’un point de vue économique et écologique, au vu d’une conscience européenne croissante en matière d’environnement (1). Aspect qui mènera indéniablement à une chute de la fréquentation des ferries haut de gamme si le plan écologique n’est pas exploité. Ces bateaux sont particulièrement décriés de par leur utilisation de fioul lourd, émetteur de particules fines, d’oxydes d’azote et d’oxydes de soufre extrêmement polluants et dangereux pour la santé humaine.
Au-delà de ces considérations, cette stratégie japonaise confirme un ravivement des rapports nippo-européens. Le JEFTA, signé en juillet 2018 suite à une période de stagnation, en témoignait déjà. Face à son voisin chinois très investi en Europe sur de nombreux secteurs, le Japon cherche à faire valoir ses atouts navals de pointe. “Augmenter les quantités ne règle plus rien”, soulignait déjà Naochika Namba, vice-président de la section Shipbuilding & Ocean development de Mitsubishi Heavy Industries en 2001 à propos de la concurrence en matière de construction navale de plus en plus rude (3). L’archipel, premier constructeur naval mondial durant toute la seconde moitié du XXe siècle, cherche ainsi à retrouver des éléments compétitifs. Le marché européen semble être prêt à en profiter.
Perspectives :
- 2018 : le marché européen de la croisière devrait augmenter de 4,2 % par rapport à 2017.
- 2021 : Mitsubishi Heavy Industries vise une augmentation des ventes de sa branche construction navale de 200 milliards de yens, soit 1,8 milliard de dollars.
Sources :
- Commission européenne, Sondage sur l’environnement Eurobaromètre, 2017.
- Cruise Lines International Association, 2018 Cruise Industry Outlook, juin 2018.
- D. BX., L’industrie navale japonaise en pleine restructuration, Les Echos, 28 mars 2001.
- Kyodo News, Mitsubishi Heavy Industries to enter European luxury ferry market following restructuring, The Japan Times, 4 septembre 2018.
- PALIERSE Christophe, Le secteur de la croisière pèse 41 milliards d’euros en Europe, Les Echos, 22 juin 2016.